La fac d’Evry distribue des colis alimentaires pour aider les étudiants précarisés par la crise sanitaire

L’université a relancé cette initiative hebdomadaire initiée lors de la première vague du Covid-19. À cause du reconfinement, de nombreux jeunes ont perdu leur job étudiant et se retrouvent dans une situation financière particulièrement difficile.

 À Evry-Courcouronnes, le 10 novembre 2020. L’université d’Evry organise une distribution de colis alimentaires chaque mardi.
À Evry-Courcouronnes, le 10 novembre 2020. L’université d’Evry organise une distribution de colis alimentaires chaque mardi. LP/PAULINE DARVEY

    Des pâtes, de la soupe en brique, des conserves de haricots verts, du lait ou encore des biscuits. Ce mardi, Jennifer ressort du Sablier, l'un des restaurants universitaires d'Evry-Courcouronnes, avec deux sacs remplis de provisions.

    « Ça nous aide vraiment à joindre les deux bouts », assure cette jeune femme de 19 ans, en deuxième année de licence d'éco-gestion à l'université d'Evry. Comme elle, près de 300 étudiants ont pu profiter de la première distribution de colis alimentaires depuis le reconfinement. Une initiative que la fac avait déjà mise en place au mois de mars pour aider les jeunes les plus en difficulté.

    « Là, c'est rebelotte ! »

    « Le premier confinement avait entraîné une explosion de la précarité, rappelle Jaurès Kouamé, le vice-président étudiant de l'université. Beaucoup avaient perdu leur job et leurs revenus avec la fermeture des entreprises. Et là, c'est rebelotte, alors même que les effets du premier confinement ne se sont pas encore taris. »

    LIRE AUSSI > Précarité étudiante : un an après avoir tenté de s'immoler par le feu, Anas prend la parole

    Selon une enquête Ipsos commandée par la Fage (Fédération des associations générales étudiantes), 71 % des étudiants âgés de 18 à 25 ans affirmaient avoir rencontré des difficultés financières entre mars et juin.

    Pour les aider à traverser ce nouvel épisode de la crise sanitaire, l'université d'Evry prévoit une distribution chaque mardi. « Les étudiants doivent s'inscrire en ligne le vendredi précédent », détaille le service communication de cette fac, qui compte près de 12 000 étudiants.

    Pour cette première, les 300 colis ont été réservés en à peine 30 minutes. Quand elle a reçu le mail, Jennifer a tout de suite tenté sa chance. Depuis la rentrée, cette étudiante a bien cherché du boulot pour arrondir ses fins de mois.

    « J'étais prête à tout faire, insiste-elle. Mais avec la crise, je ne trouve pas, il n'y a pas de travail. » Hébergée provisoirement chez des amies, la jeune femme jongle donc tant bien que mal avec ses 500 euros de bourse. « Une fois qu'on a payé le téléphone et le transport, il ne reste pas grand-chose », soupire-t-elle.

    « Mes charges ont augmenté »

    Hamlet avait, lui, un petit job à temps partiel dans un centre d'appels l'année dernière. « Je n'avais du coup pas eu besoin des colis », rembobine ce jeune homme de 25 ans, un sac de provisions dans chaque main. Mais entre le confinement et des études de plus en plus prenantes, cet étudiant en master finances a dû renoncer à ce revenu complémentaire.

    « Et avec le confinement, j'ai des charges qui augmentent, souffle-t-il. Je consomme plus d'électricité, je mange aussi plus chez moi comme la plupart des Restos universitaires sont fermés… Et pour le moment, je ne touche pas encore les Aides pour le logement de la Caf. »

    Une situation financière compliquée qui devrait s'améliorer d'ici quelques semaines. Car Hamlet vient de signer un contrat d'alternance avec une entreprise parisienne. « Je vais toucher environ 900 euros par mois », estime-t-il. Avec cette somme, il devra payer son loyer mensuel de 500 euros et toutes les autres dépenses du quotidien.

    En 2015, selon des chiffres de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS), près de 20 % des étudiants vivaient en dessous du seuil de pauvreté, fixé actuellement à 1063 euros par mois. Un pourcentage qui sera certainement en augmentation en 2020.

    Grâce aux Potagers de Marcoussis, des paniers de légumes bio pour les étudiants du campus d’Orsay