Un important réseau de trafic de permis de conduire démantelé en Île-de-France

1 500 € pour le code, 4 000 pour le permis : plusieurs moniteurs et dirigeants d’auto-école auraient monnayé des centaines de faux en rabattant via Snapchat.

 Ce réseau implique notamment deux moniteurs d’auto-école du Val-de-Marne et les dirigeants d’une auto-école de Seine-Saint-Denis.
Ce réseau implique notamment deux moniteurs d’auto-école du Val-de-Marne et les dirigeants d’une auto-école de Seine-Saint-Denis. Le Parisien

    Des candidats au permis de conduire par centaines, qui n'ont pas eu à mémoriser les pages fastidieuses du code Rousseau, ni même à mettre un pied dans un véhicule école. Mais qui pourtant se sont bien vu délivrer le précieux document rose leur permettant de rouler en toute légalité.

    Moyennant le versement de 1 500 € pour l'obtention du code, et de 4 000 € pour le permis, ils empochaient de vrais permis de conduire tout à fait officiels délivrés par la préfecture de Seine-Saint-Denis. Le fruit d'une escroquerie bien orchestrée.

    Un trafic à l'échelle de l'Ile-de-France

    Au terme d'une enquête de près d'une année, les fonctionnaires de la BEFTI de la police judiciaire de Paris (brigade d'enquête sur les fraudes aux technologies de l'information), placés sous la direction du parquet de Bobigny, avec le concours des services administratifs de la préfecture, ont démantelé mardi un vaste réseau de fraudes aux permis de conduire.

    « Il sévissait depuis plusieurs années dans l'ensemble la région parisienne, à partir de la Seine-Saint-Denis », indique le parquet de Bobigny.

    Pour séduire un maximum de prétendants, les escrocs passaient par le réseau social Snapchat. Ils proposaient « un plan permis sûr via auto-école ». Outre des rabatteurs occasionnels, deux moniteurs d'auto-écoles du Val-de-Marne recrutaient également leurs élèves.

    Neuf personnes déférées au parquet de Bobigny

    « Les candidats à la fraude étaient orientés vers une auto-école de Seine-Saint-Denis dont les dirigeants se chargeaient de faire valider par deux inspecteurs du permis de conduire les examens fictifs du code ou de la conduite dans le système informatique du ministère de l'intérieur », poursuit le parquet.

    Les bénéficiaires récupéraient ensuite un permis de conduire officiel. Les neuf organisateurs de la fraude ont été déférés ce jeudi au parquet de Bobigny en vue d'un placement sous contrôle judiciaire, dans l'attente de leur jugement par le tribunal correctionnel à la fin du premier semestre 2020.

    Ils sont poursuivis pour escroqueries en bande organisée, corruption, trafic d'influence, obtention frauduleuse de documents administratifs, fraude aux examens et blanchiment à titre habituel de ces délits et de fraude fiscale. Ils encourent jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 1 000 000 d'euros d'amende.