Stationnement à Paris : après les faux contrôles, les PV illégaux ...
Des agents de Streeteo ont également délivré des amendes alors qu’ils n’étaient pas assermentés. Les casseroles s’accumulent pour l’entreprise chargée de contrôler le stationnement.
Décidément, Streeteo prend beaucoup de liberté avec les règles. Cette entreprise, filiale des parkings Indigo, est en charge du contrôle du stationnement sur les deux tiers de Paris, depuis le 1er janvier. Et, le moins que l'on puisse dire, c'est que ces versions privatisées des anciennes pervenches multiplient les accrocs.
Après les agents contrôlés positifs au cannabis, après l'employé qui conduit sans permis, après l'énorme scandale, révélé mercredi, des contrôles bidons réalisés depuis un bureau, voici l'affaire des contraventions illégales. Des FPS (forfaits post-stationnement, le nouveau nom des amendes) ont été délivrés par des agents non assermentés. « Si l'on parvient à démontrer qu'un FPS a été émis par un agent non assermenté, il sera déclaré illégal », assure un avocat.
Normalement, tous les agents des opérateurs privés comme Streeteo ou Moovia doivent prêter serment au tribunal avant d'être autorisés à émettre des FPS. Face à l'urgence de recruter et former certains agents, Streeteo aurait donc permis à des agents de délivrer des amendes sans être encore assermentés.
Des mails sans ambiguïté
Hamidou Sall, l'ancien chef d'équipe chez Streeteo d'octobre 2017 à février 2018, assure, mail à l'appui, qu'un supérieur lui a expressément demandé d'autoriser les membres de son équipe à mettre des FPS. Il fait part de sa surprise à son responsable, qui lui a pourtant confirmé la consigne dans un second mail.
Comme pour les faux contrôles, Streeteo, qui a diligenté une enquête interne, assure que ce sont là des manquements individuels. L'entreprise indique « avoir identifié des pratiques internes inappropriées, y compris de la part de certains managers, menées évidemment à son insu ». Streeteo affirme aussi avoir pris des mesures pour « mettre fin immédiatement à ces comportements » et « veillera à ce que les automobilistes n'aient à en subir aucun préjudice ».
La mairie de Paris, de son côté, a promis d'annuler les FPS frauduleux. « Dès que ces informations ont été portées à sa connaissance, la ville a rappelé son prestataire très fermement à l'ordre », a indiqué Christophe Najdovski, adjoint EELV aux Transports de la maire PS de Paris Anne Hidalgo. Ces contraventions qui « n'auraient pas été apposées par des contrôleurs assermentés, seront annulées », a-t-il ajouté sans en préciser le nombre.
Un vœu pour rompre le contrat avec Streeteo
Ce nouveau scandale fait réagir l'opposition à la maire de Paris Anne Hidalgo. Ce jeudi, c'est la conseillère de Paris (France Insoumise) Danielle Simonnet, déjà très hostile à la privatisation du stationnement, qui a demandé à la Ville de poursuivre Streeteo en justice. « La ville ne doit pas se limiter à imposer des amendes à Streeteo. Elle doit engager les procédures visant à résilier unilatéralement le contrat pour faute et les poursuivre en justice afin qu'ils répondent de leurs actes ! », a-t-elle martelé, qualifiant Streeteo « d'entreprise délinquante ». Elle déposera un vœu en ce sens au prochain Conseil de Paris.
La Ville se contente pour l'instant de « mettre en œuvre les pénalités financières » à l'encontre de Streeteo, indique-t-on à la mairie de Paris. Mais, à ce stade, elle n'a pas engagé de procédure judiciaire.