A Paris aussi, les « déserts médicaux » existent

Dans sa nouvelle carte de zonage médical, l’agence régionale de santé étend significativement le nombre de quartiers parisiens déficitaires.

 Pénurie de médecins... Même à Paris.
Pénurie de médecins... Même à Paris. LE PARISIEN

    Paris, désert médical? Pour certains professionnels, la question ne se pose même plus. « C'est un mouvement global qui n'épargne pas la capitale. On assiste à une désaffection pour l'installation libérale à Paris », estime le Dr. Roger Rua, ancien président du syndicat des médecins libéraux. La nouvelle liste des territoires éligibles aux aides à l'installation des médecins (voir ci-dessous), publiée début mars par l'agence régionale de santé (ARS), le prouve.

    Désormais, deux arrondissements entiers - le XVIIIe et le XIXe - sont classés en « zone d'intervention prioritaire » (ZIP), nouveau nom pour désigner les anciennes « zones déficitaires ». Dans la précédente cartographie de l'ARS, en 2015, seuls quelques quartiers étaient concernés dans ces arrondissements.

    On remarque aussi l'apparition de zones jusqu'alors épargnées par la désertification, côté rive gauche : cinq quartiers (parfois grands comme un mouchoir de poche) du XIIIe, ainsi qu'un quartier du XIVe rejoignent le club de plus en plus étendu des ZIP.

    Au total, les zones éligibles aux aides concernent 41 % des Parisiens, si l'on inclut les moins inquiétantes « zones d'action complémentaires » (ZAC), anciennes « zones fragiles ». Consciente du problème, la Ville de Paris a mis en place il y a deux ans Paris Med', un dispositif qui aide les jeunes praticiens à ouvrir leur cabinet. Selon Anne Souyris, adjointe chargée de la santé, 198 professionnels auraient contacté cette cellule l'an passé.

    D'où vient donc le problème ? « Les prix de l'immobilier et la difficulté de se déplacer et de stationner rendent la capitale peu attrayante », croit savoir le docteur Roger Rua. Mais pour le Dr. David Azérad, généraliste dans le XXe et membre du syndicat des jeunes médecins internes, les praticiens ne fuient pas. Ils ne sont simplement pas assez nombreux par rapport à la population.

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    « On voit des reprises de cabinet, mais pas de création. Il faudrait éviter de parler de désert médical, car l'expression laisse imaginer une grande étendue abandonnée, comme dans la Creuse. Or, à Paris, ce n'est pas la distance qui pose problème, mais le délai d'attente. Il faudrait plutôt parler de zone de sous-dotation médicale. Comme à Saint-Blaise par exemple, le quartier le plus dense de la capitale ».

    Selon l'Ordre des Médecins, Paris a perdu 25 % d'omnipraticiens entre 2010 et 2017, partageant ainsi, avec la Nièvre, la palme des départements qui perdent le plus de praticiens. « C'est une vraie hémorragie. Mais Paris part de tellement haut que le nombre de médecins reste important ». Encore une fois, le chiffre de l'ARS le prouve : selon l'agence, ils sont 351 pour 100 000 habitants, toutes spécialités confondues. Soit plus du double de chaque département francilien.

    Qu’implique le classement d’un quartier en ZIP ou en ZAC ?
    « S’installer à Paris est cher et difficile »