Coronavirus : Macron installe la controversée mission d’évaluation de l’exécutif

Cette mission a été critiquée par les oppositions, qui considèrent qu’elle risque d’entraver le travail de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale en cours.

 Selon la feuille de route de la mission, ce travail doit permettre de « tirer les leçons » de la crise et « d’en sortir renforcé et mieux préparé à l’avenir ». (archives)
Selon la feuille de route de la mission, ce travail doit permettre de « tirer les leçons » de la crise et « d’en sortir renforcé et mieux préparé à l’avenir ». (archives) REUTERS/Ludovic Marin

    Il est connu pour avoir inventé le gel hydroalcoolique. Le professeur suisse Didier Pittet vient d'être installé par Emmanuel Macron à la tête de la très controversée mission d'évaluation de l'exécutif sur la gestion de la crise du coronavirus et l'anticipation des risques pandémiques. Le président de cette « mission indépendante nationale », qui collabore actuellement avec l'Organisation mondiale de la Santé, devra rendre ses conclusions d'ici la fin de l'année, a annoncé l'Elysée.

    Ce travail doit permettre de « tirer les leçons » de la crise et « d'en sortir renforcé et mieux préparé à l'avenir », selon la feuille de route de la mission. La veille, lors de son audition mercredi, le directeur de l'IHU Méditerranée Infection Didier Raoult avait étrillé la gestion de la crise par les autorités et les conflits d'intérêt dans la recherche.

    « Un pied de nez fait à nos institutions »

    Mais l'annonce de cette mission a été critiquée par les oppositions, qui considèrent qu'elle risque d'entraver le travail de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale en cours.

    « Il y a des commissions d'enquête parlementaires qui existent déjà, il faut leur faire confiance », a encore réagi ce jeudi Damien Abad, président du groupe LR à l'Assemblée. Et d'argumenter : « Je ne comprends pas pourquoi l'Elysée veut créer aussi une mission de contrôle de gestion de la crise. C'est un pied de nez fait à nos institutions, une provocation. Tout cela risque de créer des tensions alors que les travaux de la commission d'enquête de l'Assemblée, qui a déjà commencé, se passent très bien jusqu'à présent ».

    Un premier rapport en octobre 2020

    Parmi les cinq membres qui la composent figure donc le Pr Pittet, médecin infectiologue et épidémiologiste âgé de 63 ans, reçu par le chef de l'Etat ce jeudi, ainsi que Raoul Briet, ancien président de chambre de la Cour des comptes, Laurence Boone, chef économiste de l'OCDE, Anne-Marie Moulin, directrice de recherche émérite au CNRS et Pierre Parneix, médecin de santé publique au CHU de Bordeaux.

    Il s'agit pour eux de permettre « à chaque Français d'avoir accès à une information transparente, complète et lucide qui rappelle les faits, les remette en perspective et élabore des propositions pour renforcer notre système de riposte aux épidémies », souligne la lettre de mission signée par le chef de l'Etat. Les cinq membres, qui devront « comparer la riposte » française « à celle mise en oeuvre chez nos voisins », porteront « une appréciation sur la pertinence, la rapidité, la proportionnalité de la réponse dans la gestion de la crise sanitaire, sociale et économique », alors que l'exécutif fait face aux critiques, notamment sur ses stocks de masques et de médicaments de réanimation.

    Un premier rapport d'étape, « consacré à l'analyse de la gestion de la crise et à la préparation d'une éventuelle seconde vague » est attendu en octobre 2020. Puis, « au plus tard pour la fin de l'année 2020 », un second rapport doit se pencher sur « l'anticipation du risque pandémique » qui pourrait de nouveau frapper la France.