Crozon. Des surfeurs frôlés par des plombs de chasse

Par Dimitri L’hours

Alors qu’ils se dirigeaient vers la mer, dimanche matin à Crozon (29), près de la plage de Lostmarc’h, deux surfeurs ont connu une peur bleue. Ils se sont jetés à terre après avoir entendu un coup de fusil, avant que plusieurs plombs ne retombent tout près d’eux. Les surfeurs pensent avoir été visés par deux chasseurs. Ces derniers disent, de leur côté, avoir tiré en l’air pour toucher un faisan. L’incident, relayé sur les réseaux sociaux, a suscité un débat enflammé entre anti et pro-chasse.

Crozon. Des surfeurs frôlés par des plombs de chasse
(Photo illustration Le Télégramme)

Frédéric Habasque n’en revient toujours pas. Dimanche matin, alors qu’il venait de garer son véhicule près de la station d’épuration de Lostmarc’h, à Crozon, il a eu la frousse de sa vie. « Nous nous dirigions vers la plage de Lostmarc’h pour aller surfer avec un ami. On trottinait sur le sentier entre le parking et la plage. Comme nous avions très froid aux pieds sur ce sentier, nous courions en faisant des petits sauts, un peu cachés par les landes », relate le Malouin de 41 ans. « C’est là que nous avons entendu un énorme coup de feu. On s’est jetés par terre et des plombs sont retombés à tout juste 50 cm de nous », s’exclame le surfeur, qui fréquente rarement les lieux.


« Ils tiraient à contre-jour ! »


En se retournant, son ami et lui aperçoivent deux chasseurs, à une centaine de mètres. Frédéric Habasque dit « les avoir incendiés pendant deux minutes sans que les chasseurs ne s’excusent. Pour moi, ils nous ont visés en pensant que nous étions des animaux. Il y avait des petits bancs de brume et ils avaient le soleil en plein dans les yeux, ils tiraient à contre-jour ! », reproche-t-il aux chasseurs.

Crozon. Des surfeurs frôlés par des plombs de chasse
(nono)


« Ils ont tiré en l’air après avoir vu un faisan »


Ces derniers reconnaissent leur présence sur les lieux mais donnent une explication différente de l’incident. « J’ai discuté avec eux. Ils ont tiré en l’air après avoir vu un faisan. S’ils avaient vu qui que ce soit sur le chemin menant du parking à la plage, ils n’auraient bien sûr pas tiré », explique Joël Le Gall, président de la société de chasse de Crozon. « Je ne veux pas non plus minimiser l’incident. Je comprends que ça puisse faire peur et que ce soit désagréable d’avoir une pluie de plombs qui tombent à côté de soi », poursuit-il.


« Alerter sur les problèmes de sécurité »


Relayé sur Facebook par Frédéric Habasque, cet incident a suscité des dizaines et des dizaines de commentaires. Ce torrent de remarques s’inscrit dans un contexte où de nombreux accidents, aux conséquences parfois dramatiques, entre randonneurs ou vététistes et chasseurs sont relayés dans la presse. Certains internautes ont ironisé, se demandant s’il allait falloir interdire aux surfeurs d’accéder à l’eau en période de chasse. Une référence à la proposition pour le moins maladroite d’un député de la République en Marche, suggérant l’interdiction du VTT en période de chasse, quelques jours après la mort d’un vététiste après un tir accidentel.

« Il y a eu des remarques haineuses envers les chasseurs, ce n’était pas mon but. Je veux juste alerter sur les problèmes de sécurité que cela pose à un endroit comme Lostmarc’h, où de nombreux surfeurs étaient à l’eau avant moi et où des familles se promenaient », exprime le Malouin.


« Les surfeurs peuvent aller à l’eau toute l’année »


« Nous sommes des utilisateurs de la nature comme les autres », se défend quant à lui Joël Le Gall. « Les surfeurs ont le droit d’aller à l’eau du 1er janvier au 31 décembre. Nous, nous ne pouvons chasser que de mi-septembre à mi-février et seulement certains jours de la semaine. Le problème de la sécurité se pose en permanence, aux chasseurs, d’être très vigilants. Est-ce qu’il faut interdire la chasse à cause d’un accident alors que pendant des années, il n’y a eu aucun problème ? », s’interroge-t-il, tout en condamnant « l’intolérance de certains donneurs de leçon ».


« Les sociétés de chasse locales sont vigilantes »


Les surfeurs ont appelé les gendarmes sur les lieux quelques minutes après l’incident, sans déposer plainte toutefois. À noter que, si de nombreuses parcelles dont le Conservatoire du littoral est propriétaire en Presqu’île (900 ha au total) sont interdites à la chasse, elle y est autorisée sur la zone où les coups de feu ont été donnés. « Les sociétés de chasse locales sont vigilantes à ce sujet », assure Didier Cadiou, responsable des espaces naturels et du patrimoine à la Ville de Crozon. Avant de rappeler tout de même que « tirer en direction d’un sentier est interdit ».

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