Ports francs britanniques : les inquiétudes de Jean-Charles Larsonneur, député LREM

« Face aux ports francs britanniques, la stratégie portuaire française est-elle à la hauteur des enjeux ? », s’interroge, dans une tribune, Jean-Charles Larsonneur, député LREM de la deuxième circonscription du Finistère, soucieux de l’avenir des ports bretons dans le futur paysage maritime mondial.

Jean-Charles Larsonneur, député LREM de la circonscription de Brest-ville.
Jean-Charles Larsonneur, député LREM de la circonscription de Brest-ville. (Photo Marin du Couëdic)

« "C’est par la mer qu’il convient de commencer toute géographie", écrivait Jules Michelet, en 1861. À l’évidence, près de deux siècles après, la maritimisation du monde se poursuit. Par les mers transitent la quasi-totalité de nos échanges commerciaux, qui façonnent la carte des mégalopoles. Le projet de "Global Britain" de Boris Johnson repose ainsi sur la création d’une dizaine de ports francs, vastes espaces de stockage défiscalisés, pour positionner le Royaume-Uni comme un hub, une enclave logistique aux portes du marché européen. Sur notre flanc sud, avec les "routes de la soie", la Chine investit dans une quinzaine de ports de la Méditerranée.

Dans ce contexte, nos infrastructures portuaires, en dépit de leur localisation idéale et d’une histoire glorieuse, courent le risque d’être marginalisées. Comment peut-on comprendre que 40 % des conteneurs à destination de la France transitent encore par des ports étrangers ? Comment justifier le sous-investissement chronique constaté depuis des décennies dans l’aménagement de nos façades maritimes ? Finalement, comment renouer avec notre tradition maritime millénaire ? Avec son domaine maritime étendu (le deuxième au monde après les États-Unis), ses trois façades métropolitaines, son accès à tous les océans grâce à nos territoires ultramarins, ses 66 ports maritimes, la France a toutes les cartes en main. Dans la compétition qui s’ouvre, il est urgent de soutenir nos ports, de renforcer leur compétitivité tout en soutenant leur verdissement.

À l’issue du comité interministériel de la mer de 2021, le gouvernement a adopté une stratégie portuaire ambitieuse pour promouvoir l’intermodalité, la digitalisation et la cybersécurité, ou encore l’expérimentation d’un point de contact unique aux frontières. La création du grand port fluvio-maritime Haropa, fusionnant les ports du Havre, de Rouen et de Paris, témoigne de la vitalité des acteurs français. Les 175 millions d’euros d’investissement du plan de relance dans nos infrastructures portuaires contribuent à soutenir une communauté maritime qui a prouvé sa résilience lors de la crise de la covid. Alors que se tiennent, cette semaine, les Assises de l’économie de la Mer, il ne faut négliger aucun levier pour soutenir les ports français face à leurs compétiteurs stratégiques.

Le Sénat a adopté une proposition de loi, le 8 décembre 2020, qui vise à créer des zones de relance économique temporaires dont les ports relevant de l’État et les ports décentralisés assureraient la gestion, avec une exonération d’impôt sur les sociétés. Il faut aller plus loin. Nos littoraux méritent des solutions pérennes. Il est nécessaire d’examiner tous les leviers réglementaires et fiscaux mobilisables afin de renforcer l’attractivité des ports et d’accélérer leur transition écologique et numérique.

La création de ports francs, sous la forme de zones portuaires bénéficiant d’exonérations ou d’allègements fiscaux temporaires et dégressifs, est une mesure nécessaire, qui doit s’accompagner d’une meilleure coordination entre les différents ports maritimes et de leur raccordement aux réseaux européens de transport, essentiel pour l’avenir de régions comme la Bretagne. Seule une stratégie d’ensemble peut permettre de créer des emplois durables dans nos territoires et de répondre aux défis climatiques et géopolitiques. J’ai interrogé la ministre de la Mer, Annick Girardin, le 16 février 2021, sur le dossier des ports francs. Elle m’a informé qu’une mission sur les zones économiques spéciales portuaires était en cours. Ses conclusions sont désormais attendues. Il y a urgence à agir. Les littoraux ne doivent pas rater la reprise. À Brest, au Havre, comme à Sète, les ports doivent être mis au service de la relance des territoires ».

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