Réfugié. Aram conduit en rétention à Brest [Vidéo]

Par Roland Fily et Stéphane Guihéneuf

Il était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français. Le Géorgien hébergé à Arzano a été conduit, ce jeudi, en rétention à Brest au terme d’une après-midi tendue devant la gendarmerie de Quimperlé. Selon l’association Cent pour un toit, la prochaine étape pour Aram sera l’expulsion.

« Vous ne pouvez pas faire ça ! », s’époumone Annie Menvielle, du collectif Cent pour un toit.
« Vous ne pouvez pas faire ça ! », s’époumone Annie Menvielle, du collectif Cent pour un toit. (Le Télégramme/Stéphane Guihéneuf)

« Vous n’avez pas le droit. C’est inhumain ». En cette fin d’après-midi, rue de la Paix à Quimperlé, des cris de désespoir envahissent l’espace. Ces cris, ce sont ceux d’Annie Menvielle, membre du collectif Cent pour un toit, qui assiste impuissante au départ d’Aram, réfugié géorgien installé à Arzano, pour le centre de rétention administrative de Brest. Il est un peu plus de 17 h. Devant les locaux de la Compagnie de gendarmerie de Quimperlé, c’est la confusion. « C’est Aram. Il est là depuis quatre ans ! C’est un père de famille ! Vous ne pouvez pas faire ça ! », s’époumone Annie Menvielle. Attirés par les cris, les soutiens d’Aram qui attendaient devant une autre sortie, place Charles-de-Gaulle, accourent. Les cris redoublent, la tension est réelle, l’incompréhension aussi. « C’est dégueulasse ! », lance l’un d’eux. « Il est parti ? », s’interroge une autre.

Vous n’avez pas le droit. C’est inhumain.

Des larmes


Anne Borry, maire d’Arzano, et son premier adjoint, Jean-Luc Evennou, ont à peine eut le temps d’arriver. Arborant l’écharpe tricolore, ils s’engouffrent à la suite des gendarmes pour prendre connaissance des faits. La lourde porte de la caserne Lieutenant-Jamet se referme. Rue de la Paix, les regards sont vides, incrédules… Des larmes coulent sur les joues de quelques-uns. Car tous savent que ce départ vers le centre de rétention administrative de Brest sera suivi d’une expulsion du territoire français. Aram, qui s’était présenté à la gendarmerie en début d’après-midi dans le cadre de son assignation à résidence, était toujours sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).


La stupeur


Très vite, les soutiens ont été pris d’un doute. Car si un interprète a bien été mandaté pour lui expliquer les raisons de sa présence à la gendarmerie de Quimperlé, c’est surtout le dispositif en place qui a surpris. On craint alors qu’il s’agisse en réalité d’une expulsion. L’information est tombée un peu plus tôt. Micheline Champot, membre elle aussi du Collectif Cent pour toit, téléphone à la main, vient de communiquer les dernières informations recueillies auprès des avocats. « Aram va être conduit à Brest pour être expulsé. Il aura un avocat commis d’office ». La nouvelle sidère la petite quinzaine de personnes présentes. Passé la stupeur, chacun s’organise. On tente autant que possible de mobiliser le plus grand nombre. Pascale Douineau, adjointe au maire de Quimperlé, arrive à son tour. Le nombre des sympathisants grossit doucement. On se pose des questions. Georges Dauphin, ancien maire d’Arzano, arrive à son tour. Casquette vissée sur la tête, l’homme ne veut y croire. « Il est chez nous depuis longtemps. Ses enfants sont à l’école, c’est inhumain de faire cela ». D’ailleurs, pour Aram, il était l’heure de rejoindre l’école d’Arzano où, tous les jours, il assure la sécurité à la sortie de l’école. Devant la caserne, une voiture de gendarmerie, moteur allumé, fait grandir l’inquiétude. Tout le monde est persuadé qu’Aram va sortir par là. Il n’en sera rien.

Peu après 17 h, devant la porte de la gendarmerie située rue de la Paix, les soutiens à Aram sont sous le choc.
Peu après 17 h, devant la porte de la gendarmerie située rue de la Paix, les soutiens à Aram sont sous le choc. (Roland Fily)

Anne Borry : « De l’indignation »


La porte de caserne s’ouvre. Anne Borry, qui vient de s’entretenir avec le capitaine Bruno Le Pape, est clairement marquée par ce qui vient de se passer. Elle s’en explique. « Je ne trouve même plus mes mots. Ma réaction, c’est de l’indignation. Je ne comprends pas. C’est inhumain. On est à quinze jours de Noël. Il allait pouvoir déposer un dossier en janvier. Il est expulsé aujourd’hui par la porte arrière de la gendarmerie, quand le collectif est devant la gendarmerie. Il y avait une assignation qui avait été levée. Puis cette nouvelle assignation depuis vendredi dernier, pour arriver à cela aujourd’hui, c’est incompréhensible. Alors qu’ils avaient tous les deux enfin obtenu un rendez-vous pour déposer un dossier de demande de régularisation en préfecture autour du 15 janvier. Ce n’est pas compréhensible ». Devant la gendarmerie, on se disperse. Un groupe de personnes prévoyait de se rendre à Brest ce vendredi matin, pour continuer le soutien au réfugié.

Dans quelques semaines, si le choix de la préfecture est maintenu, la commune d’Arzano doit accueillir, dans l’ancienne gendarmerie, un centre d’accueil et d’orientation, un CAO, lieu destiné à permettre éventuellement de donner un avenir aux réfugiés sur le territoire français.

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