Tribune

"Nos élèves ont besoin de nos lumières, pas de nos égards pour leur susceptibilité de croyants"

ParDelphine Girard, professeure agrégée de Lettres classiques en banlieue isienne et co-fondatrice du réseau Vigilance Collèges Lycées.

"Combien de jeunes Paty verrons-nous arriver dans nos rangs dans les années à venir ? Voilà bien une question qui inquiète fort les laïques de plus de quarante ans !", s'exclame Delphine Girard.

afp.com/Thomas COEX

La professeure de lettres Delphine Girard livre un plaidoyer en faveur de la laïcité "à la française" qui permet aux élèves de se construire à l'écart de leurs déterminismes.

Si le problème de la laïcité se pose, aujourd'hui comme il y a un siècle, de façon si particulièrement clivante à l'école, c'est sans doute parce que la laïcité a d'abord été imposée à l'école et par l'école, et ce de très haute lutte et après d'âpres conflits. La question primordiale que pose donc la laïcité, et qui lui vaut à juste titre de cristalliser tant de tensions, est celle de l'éducation : c'est celle qui consiste à savoir dans quel cadre philosophique et politique nous souhaitons voir l'esprit de nos enfants se former et s'épanouir. Voilà qui en effet a de quoi susciter de vigoureuses controverses ! Car ce n'est pas du tout la même chose de construire son imaginaire et son jugement dans un environnement où l'on peut tout dire qui n'attaque personne, s'intéresser à tous types de savoirs et de modes d'expression, ou dans un environnement où certains savoirs (tels le darwinisme, la reproduction sexuée, l'argumentation sur tous types de sujets...), ou certains modes d'expression (comme la caricature), seraient proscrits ou édulcorés au prétexte qu'ils peuvent choquer des croyants.