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Covid-19 : lancement d'un essai clinique en ambulatoire à Bordeaux

Piloté par le CHU et l’Université de Bordeaux, «Coverage» va convoquer 1 000 personnes testées positives et qui risquent une aggravation importante de la maladie. L'étude pourrait être étendue à d'autres régions.

publié le 16 avril 2020 à 17h32
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Tempête sanitaire, le Covid-19 suscite moult essais cliniques. Ainsi «Coverage» («couverture» en anglais), monté en quatre semaines et piloté par le CHU et l’Université de Bordeaux. Cet essai qui vise le traitement précoce du virus a débuté mercredi en Gironde. Il prévoit que pendant dix jours, quatre thérapies médicamenteuses vont être testées et comparées en ambulatoire, directement au domicile des patients, afin d’éviter l’hospitalisation. Au total, 1 000 personnes – des femmes et des hommes de plus de 65 ans – se sont portées volontaires dans la métropole bordelaise et en Gironde. Elles ont développé les premiers symptômes, ont été testées positives et risquent une importante aggravation de la maladie.

«C'est sur ces profils ''à risque'' que l'essai se concentre. Il s'agit notamment de prévenir les défaillances respiratoires. Ces complications ont saturé les services de réanimation et mis à genoux notre pays, pointe le professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux, membre du conseil scientifique Covid-19 et investigateur principal de l'essai. Le faire à domicile prend tout son sens car, pour prévenir les problèmes respiratoires, il faut agir le plus en amont et le plus rapidement possible. Et là où les malades connaissent leurs premiers symptômes, ce n'est pas à l'hôpital, mais chez eux.»

L'hydroxychloroquine, mais aussi l'imatinib ou le favipiravir

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Parmi les thérapies évaluées, quatre médicaments ont été retenus. L'hydroxychloroquine en fait partie. Hier inconnue du grand public, cette «molécule miracle» préconisée par le professeur Raoult est au cœur d'un débat médical, scientifique et éthique depuis plusieurs semaines. «Nous ne l'avons pas écartée car elle est prometteuse. Elle sera administrée seule dans un premier temps. Puis en fonction de la tolérance des patients, nous pourrions l'associer à d'autres médicaments pour renforcer son effet», détaille le professeur Malvy. Au banc d'essai également : un sartan, médicament utilisé en temps normal pour traiter l'hypertension artérielle ; l'imatinib, préconisé dans certains types de cancers ; et le favipiravir, antiviral japonais bien connu du monde médical et notamment prescrit dans les cas de grippe sévère.

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Pour un suivi régulier et strict, des équipes mobiles ont été constituées. Elles se rendront au domicile des patients cibles au moins deux fois au cours des dix jours. «Il y aura un chauffeur, une infirmière, un médecin ou un interne pour surveiller les constantes comme l'oxygène, la température… Tous sont volontaires, il y a eu un élan incroyable», se réjouit l'infectiologue à la tête de l'essai. Un suivi par téléphone va également être mis en place et, pour les initiés en informatique, un outil en ligne type tchat, permettra même un échange quotidien. Denis Malvy : «Le confinement porte ses fruits, on le voit grâce à la désaturation à l'échelle du pays. Maintenant, l'intérêt de Coverage, c'est de voir si en l'associant à un traitement médicamenteux et une prise en charge à domicile des patients, on peut protéger les personnes et préserver notre système de santé de manière plus efficace». En cas de «signaux forts et positifs» ou de «déceptions», l'équipe qui mène l'essai pourra écarter ou privilégier l'un des quatre traitements.

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Intéressés par la démarche, les pouvoirs publics ont demandé au CHU et à l'Université de Bordeaux d'envisager une extension de l'étude à d'autres métropoles et CHU français. «Plusieurs villes du Grand-Est, la principale zone épidémique, nous ont déjà contactés. On ne s'y attendait pas du tout. C'est audacieux et surréaliste, mais bien sûr ça nous motive», souligne Denis Malvy, qui décrit un «marathon au pas de course».