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Paradis fiscaux : le Luxembourg au cœur d’un nouveau scandale fiscal

Après l’enquête des LuxLeaks en 2014, «le Monde» et un consortium international de seize médias publient de nouvelles informations ce lundi, sur le centre financier du Luxembourg, connu pour défiscaliser ou optimiser les plus grandes fortunes mondiales.
par Pauline Achard
publié le 8 février 2021 à 21h36

Quel est le contexte de cette enquête ?

Le Monde s’est attaqué à l’opaque centre financier du Luxembourg, classé dans le top 5 mondial des paradis fiscaux par de nombreux chercheurs. Après les révélations de l’enquête LuxLeax en 2014, cette nouvelle opération visant le Grand-Duché, dite OpenLux, a été menée pendant plus d’un an par un consortium international. Pour ce faire, seize médias partenaires, dont la Süddeutsche Zeitung en Allemagne, le Soir en Belgique, McClatchy aux Etats-Unis, Woxx au Luxembourg, IrpiMedia en Italie, et le consortium de journalistes d’investigation OCCRP ont fait plume commune. De son côté, la cellule data du quotidien français, «Les Décodeurs», a pu constituer une large base de données classifiant les propriétaires des 140 000 organes immatriculés au Luxembourg, soit des sociétés, des fondations et des fonds. Les informations figurant sur ces documents, récemment rendus publics sur le site du registre du commerce luxembourgeois, dans le cadre d’une directive de l’Union européenne de 2018, ont pu être minutieusement analysées grâce à cette coopération internationale. Et malgré les avantages fiscaux bien connus de ce microscopique pays frontalier de l’Hexagone, les révélations ont de quoi surprendre.

Quels sont les faits ?

Cette longue enquête fait état d’un total de 55 000 sociétés offshore, dont les actifs représentent la monstrueuse somme de 6 500 milliards d’euros. Selon le Monde, près de 90% des 64 458 bénéficiaires de ces entités ne sont pas luxembourgeois. Le petit territoire de 2 586 km² attire les plus grandes richesses, et concentre, de fait, une importante partie de la fortune mondiale. Sans grande surprise, ces holdings qui tournent dans le vide sont créés par de grands milliardaires, des multinationales ou diverses personnalités médiatiques qui souhaitent faire fructifier un patrimoine financier ou immobilier, secrètement et sans payer d’impôts. Mais le consortium de journalistes a également constaté la présence de fonds «douteux», probablement liés à des activités criminelles, dissimulés dans le système luxembourgeois. De la mafia italienne à la pègre russe, en passant par des cagnottes de la Ligue, parti d’extrême droite italien, ou des fonds de marchés publics viciés par des proches du régime vénézuélien. L’enquête révèle que la taille de ce centre financier est telle, qu’il ne possède pas d’outil suffisant pour garantir un contrôle à la hauteur des sommes qu’il brasse.

Qui sont les principaux Français concernés ?

Parmi les 157 nationalités représentées dans ce massif répertoire de bénéficiaires, les Français ne passent pas inaperçus. Ils sont même en tête de liste, avec un total de plus de 17 000 sociétés. On y retrouve notamment 37 des 50 familles françaises les plus riches, notamment Bernard Arnault, les Guerrand-Hermès ou les Mulliez. Quelques fleurons de l’économie française, également, comme Yves Rocher, Hermès, JCDecaux ou Decathlon y sont inscrits. Même quelques pépites du patrimoine immobilier tricolore y figurent : un château francilien, par exemple, détenu par un prince saoudien, le fameux vignoble varois de l’ancien couple Angelina Jolie-Brad Pitt ou encore de nombreuses villas de la Côte d’Azur et appartements parisiens.

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