Menu
Libération

Paludisme : un vaccin, mais pas de miracle

par Christian Losson
publié le 24 juillet 2015 à 19h56

Bientôt la fin du plus grand tueur en série d'Afrique, qui provoque la mort d'un enfant chaque minute ? On n'en est pas là, loin s'en faut. Le parasite «plasmodium», qui provoque le paludisme, fait 584 000 morts par an, dont 90 % en Afrique. L'avis positif donné par l'Agence européenne du médicament, ce vendredi, pour l'utilisation en dehors de l'Europe du vaccin encore expérimental Mosquirix, développé par le laboratoire GlaxoSmithKline, traduit une réelle mobilisation contre la pandémie.

L'Agence européenne du médicament estime que le vaccin est efficace, un an après son injection, à 56 % pour les enfants de 5 à 17 mois et à 31 % pour les bébés âgés de 6 à 12 semaines. Bien que son efficacité décroisse après un an, et qu'il soit sans effet sur les paludismes sévères, l'agence estime que «le rapport bénéfices-risques du Mosquirix est favorable dans les deux groupes d'âge étudiés». GSK s'est engagé à produire le Mosquirix à prix coûtant.

Le vaccin doit encore être homologué par l’Organisation mondiale de la santé, ce qui devrait être le cas en novembre. Ce serait une première : il n’existe actuellement aucun vaccin homologué contre le paludisme. Les pays qui le souhaitent pourront ensuite l’autoriser dans leur législation sanitaire.

Pour autant, pour beaucoup de spécialistes, le Mosquirix n'a rien d'une solution magique. «Une moustiquaire est plus efficace que ce vaccin», assure ainsi Adrian Hill, du Jenner Institute, à Oxford. «Ce sont des résultats limités, mais il n'y a rien d'autre, cela fait partie d'une palette d'outils qu'il ne faut pas rejeter pour autant», confie Jean-Hervé Bradol, de Médecins sans frontières (MSF). La revue médicale The Lancet ne dit pas autre chose : «Ce vaccin a le potentiel pour être une contribution substantielle dans la lutte contre le paludisme s'il est utilisé en combinaison avec d'autres mesures de contrôle, spécialement dans les lieux de haute transmission.»

D'autres traitements, comme des combinaisons médicamenteuses à base d'artémisinine, une plante chinoise, seraient plus efficaces que la quinine. Selon MSF, l'artésunate réduit la mortalité de cas de malaria sévère de 39 % chez les adultes et 24 % chez les enfants. «L'artésunate est aujourd'hui trois fois plus chère que la quinine, mais la différence de 31 millions de dollars par an est peu significative face au nombre de vies (estimé à 200 000) qui pourraient être sauvées grâce à une transition à l'échelle mondiale», rappelait l'ONG en 2011.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique