T2 2019 : les services et l’Apple Watch qui rient, l’iPhone qui pleure

Anthony Nelzin-Santos |

Apple présente les résultats du deuxième trimestre de son année fiscale 2019. Lorsque l’iPod était encore un bestseller, ce trimestre de janvier à mars était d’une mollesse égale à la vigueur du trimestre précédent, celui des fêtes de fin d’année. Et puis la Chine est montée en puissance, et avec elle l’importance des enveloppes rouges dans les comptes d’Apple. Le deuxième trimestre fiscal est devenu un deuxième trimestre de Noël.

Mais le marché chinois s’est tassé, et la belle mécanique s’est enrayée. Pire : les ventes d’iPhone, qui représentent plus de la moitié de l’activité d’Apple, plafonnent. Voilà qui explique la relative contreperformance de ce trimestre, anticipée par les dirigeants de la firme de Cupertino. Car tous les autres signaux sont au vert : l’iPad poursuit sa remontée, l’Apple Watch et les AirPods pèsent presque aussi lourd que le Mac, et les services continuent leur folle progression.

Les bureaux d’Apple à Results Way (Cupertino). Image Apple.

En bref

En milliards de dollars.

T2 2019 T2 2018 Évolution
Chiffre d’affaires 58,015 61,137 -5,10 %
Bénéfice 11,561 13,822 -16,35 %
iPhone 31,051 37,559 -17,32 %
iPad 4,872 4,008 21,55 %
Mac 5,513 5,776 -4,55 %
Services 11,450 9,850 16,24 %
Autres produits 5,129 3,944 30,04 %

Chiffre d’affaires

Luca Maestri avait tablé sur un chiffre d’affaires compris entre 55 et 59 milliards de dollars, préparant ainsi les esprits des analystes financiers à une baisse de 3,5 à 10 %, la deuxième de rang. Le directeur financier d’Apple a finalement annoncé un chiffre d’affaires de 58,015 milliards de dollars, soit 5,10 % de moins qu’au T2 2018, mais mieux que prévu. Apple a réalisé un bénéfice de 11,561 milliards de dollars (-16,35 %), soit 2.46 dollars par action. La marge nette passe sous la barre des 20 % pour la première fois en deux ans.

Les ventes à l’international ont representé 61 % de l’activité de la société. Sans la Chine, le chiffre d’affaire n’aurait connu qu’une baisse très mineure de 0,66 %, les ventes progressant aussi bien sur le continent américain (+3,04 %) qu’au Japon (+1,17 %). Cela étant dit, la situation du marché chinois n’a pas empiré : la chute des ventes au deuxième trimestre (-21,54 %) est moins importante qu’au premier (-26,66 %). Tim Cook y voit l’effet de la récente baisse de la TVA et de la relative accalmie dans la guerre commerciale qui oppose la Chine aux États-Unis.

Apple ajuste son programme de rachat d’action et de versement d’un dividende, parvenu à son terme. La firme de Cupertino lance une nouvelle tranche de rachat d’actions de 75 milliards de dollars, et augmente le dividende — qui atteindra 0,77 dollar à partir du 16 mai prochain — pour la septième fois en sept ans. Depuis 2012, Apple a « rendu » plus de 360 milliards de dollars aux actionnaires.

Ventes d’iPhone

Apple a raté Noël, et n’a pas mieux réussi le deuxième trimestre. La faute à l’iPhone : il pousse les comptes vers le bas aussi fort qu’il les tirait vers le haut, malgré le beau succès des autres produits. Lancement d’un grand programme de reprise, baisse du prix assumée dans certains pays et déguisée ailleurs, Apple n’aura pas ménagé sa peine ces derniers mois.

Les premiers résultats semblaient encourageants : le part de marché de l’iPhone progresse fortement aux États-Unis et plus timidement en France, les derniers modèles sont rentrés dans le top 5 chinois, et l’iPhone XR fait un tabac. Mais ils ne se traduisent pas sur le bilan comptable : le chiffre d’affaires de l’iPhone subit une baisse de 17,32 %, pire encore qu’au premier trimestre, et tombe à 31,051 milliards de dollars. Conséquence : en deux ans, la part de l’iPhone dans les revenus d’Apple est passée de 66 à 53 %.

Ventes d’iPad

Avec un chiffre d’affaires de 4,872 milliards de dollars, en progression de 21,55 %, l’iPad retrouve sa place de pilier de l’activité d’Apple. Le récent rafraichissement de l’iPad mini, conçu pour répondre aux demandes insistantes d’une clientèle bien particulière, devrait prolonger ce succès au troisième trimestre. Depuis deux ans, Apple adapte son modèle à l’allongement des cycles de renouvèlement de l’iPad, en jouant beaucoup sur les effets de gamme.

L’iPad Air est une pièce maitresse dans ce dispositif : sans être beaucoup moins capable que l’iPad Pro, il est nettement moins cher, mais aussi plus rentable. Maintenant qu’Apple ne détaille plus les chiffres de vente, il sera plus difficile d’évaluer son succès. Les analystes financiers ne manqueront toutefois pas de fournir quelques éléments de réponse dans les mois qui viennent.

Ventes de Mac

Un trimestre dans le vert, un trimestre dans le rouge, les ventes de Mac continuent à jouer du yo-yo. Après avoir progressé de 8,68 % à Noël, elles ont cette fois baissé de 4,55 %, pour revenir à 5,513 milliards de dollars. Ce n’est pas tout à fait une surprise : IDC comme Gartner avaient prévenu. Apple n’échappe pas à la contraction du marché de l’ordinateur personnel, mais conserve sa troisième place sur le marché américain et sa quatrième place au niveau mondial, devant Acer et derrière Dell.

Services et autres produits

Les services continuent leur folle progression : ils ont encore gagné 16,24 % ce trimestre, pour atteindre 11,450 milliards de dollars. Alors qu’elle vient de leur consacrer un special event tout entier, et qu’elle devrait ouvrir de nouveaux services dans les prochains mois, Apple confirme sa capacité à atteindre 500 millions d’abonnés payants d’ici à 2020.

Dans la même veine, la catégorie fourre-tout des « autres produits » n’en finit plus de surprendre avec une progression de 30,04 %. Et pour cause : outre les périphériques et l’Apple TV, elle renferme aussi les AirPods (les écouteurs sans-fils les plus vendus) et l’Apple Watch (la montre connectée la plus vendue). En atteignant 5,129 milliards de dollars, ces accessoires montrent qu’ils ne le sont plus, puisqu’ils pèsent aussi lourd que le Mac ou l’iPad. Avec un intérêt majeur : ils défient les cycles saisonniers.

Pour le T3 2019

« Les résultats de notre trimestre de mars ont montré la force continue de notre base installée », qui atteint 1,4 milliards d’appareils, explique Tim Cook. *« L’iPad a connu sa plus forte croissance en six ans, et nous sommes plus enthousiastes que jamais à l’idée de nos futurs matériels, logiciels et services. Nous avons hâtes d’en dire plus aux développeurs et aux clients lors de la trentième conférence annuelle des développeurs en juin. »

Luca Maestri, le directeur financier de la société, fixe les objectifs pour le troisième trimestre, à commencer par un chiffre d’affaires compris entre 52,2 et 54,5 milliards de dollars. Une très légère baisse dans le premier cas, une très légère hausse dans le deuxième, Apple voit la lumière au bout du tunnel.

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