Hausse des carburants : un méchant coup de pompe pour les professionnels de la route
Taxis, routiers, livreurs, vendeurs itinérants, ambulanciers ou infirmières libérales sont terriblement impactés par ces hausses. D'autant que très peu peuvent le répercuter sur leurs tarifs.
Un gasoil au-dessus de la barre record et symbolique de 1,60 €, une hausse de 30 % en un an. Voilà qui donne des maux de tête à tous les professionnels usagers de la route. Basé à Lunel-Viel (Hérault), Jean-Philippe Hollot vend des produits dérivés de l'olive et des fruits secs sur les marchés. Il rayonne de Marseille à Béziers et effectue 65 000 km par an. "On le sent vraiment passer à la pompe, soupire-t-il. Mais on ne peut pas trop le répercuter sur nos prix pour ne pas impacter les clients. Un coup de pouce gouvernemental serait bienvenu mais je ne crois pas trop au Père Noël."
Même souci pour Nicolas Beille, entrepreneur livreur dans l'Aude (Narbonne Transport Express) et qui effectue plus de 1000 km par semaine : "Je ne répercute pas trop la hausse sur mes tarifs car j'ai une petite clientèle assez fidèle. J'essaye de gagner un peu sur les grosses courses express. Après, je regarde les prix, je fais le plein à la pompe la moins chère et je prends sur moi. En ce moment, avec le covid, il y a du monde qui se serre la ceinture..."
La colère gronde chez les taxis
À commencer par les taxis. Après la vague Uber et celle des confinements qui avait vidé les villes, ils prennent ce choc pétrolier de plein fouet. "C'est dur car ça survient au moment ou l'activité repart doucement mais où le tourisme est encore au ralenti", explique Richard Wawrzyniak, président de la fédération des taxis indépendants du Gard. "Nos tarifs sont réglementés et viennent d'augmenter de seulement 2% ce qui est dérisoire."
Les taxis récupèrent déjà sous forme de remboursement de l'Etat, une partie de la taxe sur les produits pétroliers (TICPE) et les organisations syndicales ont demandé au gouvernement que cette part soit augmentée. "On nous a répondu que nous n'avions qu'à acheter des véhicules électriques", gronde Richard Waxrzyniak. "Pour travailler 10 à 15h par jour, il va me falloir une rallonge... Car beaucoup de collègues en sont là, à compenser par les heures et le volume de courses pour s'en sortir."
Des entreprises de transport en péril
La crise sanitaire a fragilisé un peu plus la profession : "Le prix des véhicules, des assurances et des pièces détachées augmente. Je n'ai plus du tout de trésorerie et beaucoup de collègues ne sont pas bien du tout, notamment ceux qui doivent rembourser des prêts garantis par l'état. La colère gronde, vraiment..."
Les transporteurs routiers sont eux aussi au bord de l'asphyxie avec un gasoil qui pèse pour 24% dans le prix de revient. Le remboursement de 15 centimes de TCIPE par litre leur permet tout juste de se mettre au niveau de leurs concurrents européens mais cette ristourne risque de sauter dans les années à venir.
"Les entreprises sont contraintes de répercuter sur leurs tarifs car les marges sont faibles, explique Françoise Gleize, déléguée régionale de la Fédération nationale des transports routiers. Elles ont le droit d'introduire une clause d'indexation sur la variation du coût de l'énergie mais certains clients ne jouent pas le jeu et veulent des prix à l'année. Cela met des entreprises sen péril alors que l'activité économique se porte bien."
Pas vraiment en odeur de sainteté sur fond de plans écologiques, tous ces consommateurs de carburants pourraient passer à l'action d'ici les élections si la courbe des prix les écrase encore plus.
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