La France livre en catimini des navires de guerre à l’Arabie saoudite

Photo du navire patrouilleur hauturier de type Gowind "L'Adroit" prise, le 21 Octobre 2011 à Lorient. (Photo d’illustration) FRANK PERRY / AFP

Lors d’une cérémonie privée, un patrouilleur commandé aux Constructions mécaniques de Normandie a été présenté puis mis à l’eau ce mercredi devant les autorités militaires saoudiennes sur le chantier naval de Cherbourg.

Par L'Obs

Publié le 25 juillet 2019 à 9h57, mis à jour le 25 juillet 2019 à 10h03

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Une cérémonie a eu lieu, en toute discrétion, mercredi 24 juillet, sur le chantier naval de Cherbourg, pour la livraison des premiers des 39 intercepteurs commandés par l’Arabie saoudite aux Constructions mécaniques de Normandie (CMN). A l’abri des regards, certains élus locaux, dont le maire Benoît Arrivé, l’état-major renforcé de la marine saoudienne et l’actionnaire principal des CMN, l’homme d’affaires franco-libanais, Iskandar Safa, ont vanté le dynamisme économique de la région grâce à la vente de ces patrouilleurs de guerre conçus pour intercepter des cibles évoluant très vite pour un montant avoisinant les 600 millions de dollars, indique « le Parisien », qui rapporte l’information.

Le sujet de la vente d’armement à l’Arabie saoudite, qui mène une guerre féroce au Yémen qui a fait des milliers de victimes civiles, est tellement polémique que la presse n’a pas été conviée aux réjouissances. Le maire justifie auprès du quotidien : « Ce contrat a été validé dans les règles. Ce n’est pas à moi d’en juger. Je ne suis pas ministre des Affaires étrangères. »

La vente de ces patrouilleurs est une aubaine pour l’entreprise et Cherbourg avec « trois à quatre ans de plan de charge garanties » et des perspectives d’emplois intéressantes, indique l’ancien patron Pierre Balmer à France 3 régions.

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Sonia Krimi, pas la bienvenue

Le premier navire rapide de 32 mètres a été présenté puis mis à l’eau ce mercredi devant les autorités militaires saoudiennes, arrivées en fin de matinée en avion privé aux côtés d’Iskandar Safa, rapporte France 3 régions. Un tapis rouge et des écrans géants avaient été déployés pour un public soigneusement trié sur le volet.

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Selon « le Parisien », la députée de la circonscription, Sonia Krimi, ne figurait pas sur la liste des invités. « C’est soit un oubli, soit une punition », dit-elle. L’élue est pourtant vice-présidente du groupe d’amitié France - Arabie saoudite à l’Assemblée nationale et membre de la commission de la Défense de l’Assemblée parlementaire de l’Otan. Mais ses prises de positions virulentes pour dénoncer le conflit au Yémen mené par l’Arabie saoudite lui ont peut-être valu d’être écartée de la cérémonie.

Cette nouvelle livraison, si elle est confirmée, relance le débat sur les ventes d’armes françaises à l’Arabie saoudite, à la tête d’une coalition qui intervient depuis 2015 au Yémen contre les rebelles houthis soutenus par l’Iran. Cette « sale guerre », selon la formule même des autorités françaises, a fait depuis 2015 des dizaines de milliers de morts et a entraîné l’une des pires crises humanitaires au monde, selon l’ONU.

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