À la veille du Forum économique mondial de Davos, qui rassemble les plus grands décideurs économiques, l’ONG Oxfam publie son traditionnel rapport sur les inégalités mondiales. Celles-ci continuent de s’accroître mettant dans la rue des centaines de milliers de personnes à travers le monde. Désormais, les 1 % les plus riches de la planète gagnent deux fois plus que 92 % de la population mondiale.

Il a été, l’espace de quelques heures, l’homme le plus riche du monde le 16 décembre dernier. Bernard Arnault, le patron du groupe LVMH, dispose d’une fortune de 76 milliards de dollars, ce qui en fait le milliardaire le plus riche de France. L’ONG Oxfam, qui publie ce lundi 20 janvier, son rapport annuel sur les inégalités mondiales (1), a calculé que si quelqu’un avait pu économiser l’équivalent de 8 000 euros par jour depuis la prise de la Bastille – le 14 juillet 1789 – il n’arriverait aujourd’hui qu’à 1 % de la fortune du célèbre homme d’affaires.
"Les inégalités indécentes sont au cœur de fractures et de conflits sociaux partout dans le monde car personne n’est dupe : les inégalités ne sont pas une fatalité, elles sont le résultat de politiques sociales et fiscales qui réduisent la participation des plus riches à l’effort de solidarité par l’impôt, et fragilisent le financement des services publics. Transports, éducation, santé, système de retraites… sont sacrifiés alors qu’ils sont décisifs pour lutter contre la pauvreté", alerte Pauline Leclère, porte-parole d’Oxfam France.
La croissance des revenus répartie de manière trop inégale
Mais si Bernard Arnault est celui qui a engrangé le plus de richesses dans le monde en 2019, et que le versement de dividendes par le CAC 40 est à son plus haut, le taux de pauvreté gagne du terrain en France avec 400 000 personnes supplémentaires sous le seuil de pauvreté portant le nombre de pauvres à 9,8 millions. Ainsi, au niveau national les 10 % les plus riches possèdent 50 % des richesses. "Malgré les fortes attentes de justice fiscale et sociale, les plus pauvres restent les grands perdants des mesures budgétaires depuis le début du quinquennat" souligne Pauline Leclère.
Au niveau mondial, l’écart est encore plus vertigineux avec 1 % des plus riches qui détient deux fois la richesse de 92 % de la population. Selon de nouvelles statistiques de la Banque mondiale, près de la moitié de la population mondiale essaie de survivre avec moins de cinq euros par jour. "Pour de nombreuses personnes, il suffit d’une facture d’hôpital ou d’une mauvaise récolte pour basculer dans la misère", alerte Oxfam. À l’autre extrémité, les plus riches s’enrichissent presque "sans effort" : entre 2011 et 2017, les dividendes versés aux actionnaires ont crû de 31 % contre 3 % pour les salaires moyens des pays du G7.
L’économiste Thomas Piketty et son équipe ont ainsi démontré qu’entre 1980 et 2016, les 1 % les plus riches ont capté 27 % de la croissance des revenus, alors que les 50 % les plus pauvres se sont contentés de 12 % de cette croissance. "Nous ne pourrons jamais éradiquer la pauvreté si le système économique continue de répartir les fruits de la croissance de manière aussi inégale. Ce modèle de croissance injuste est aussi intenable dans les limites environnementales de notre planète", conclut Oxfam.  
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir le rapport d’Oxfam

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