SPECTACLE Longlaville : il parle des différences avec « amour et humour »

Laurent Savard présente son spectacle Le Bal des pompiers à l’espace Ferrat à Longlaville. L’humoriste, papa d’un enfant autiste a décidé, à travers son quotidien, d’évoquer les difficultés liées au handicap, avec humour et amour.
Propos recueillis par Valérie Imbault. - 07 juin 2017 à 12:00 | mis à jour le 24 févr. 2019 à 19:06 - Temps de lecture :
Laurent Savard, humoriste, a choisi de monter un spectacle  sur sa vie de papa d’un enfant autiste.  Photo DR/Emilie Alexandrine
Laurent Savard, humoriste, a choisi de monter un spectacle sur sa vie de papa d’un enfant autiste. Photo DR/Emilie Alexandrine

Son fils est né un 13 juillet. D’où le titre de son spectacle Le Bal des pompiers. Laurent Savard sera à l’espace culturel Jean-Ferrat à Longlaville vendredi 9 juin pour présenter ce show dans lequel il raconte, « avec amour et humour », des situations auxquelles il a été ou est confronté en tant que papa d’un enfant autiste, Gabin, âgé de 14 ans aujourd’hui.

Comment est né le spectacle Le Bal des pompiers ?

Laurent SAVARD : « C’est la conjonction de deux choses. Je suis humoriste et papa d’un enfant différent, autiste. Je ne sais pas si on peut dire qu’il existe des autismes légers mais certains sont plus sévères. C’est le cas pour mon fils. J’ai voulu utiliser mon métier pour faire voir ce qui se passe avec Gabin, utiliser mon métier pour faire vivre cette histoire. »

Quel a été le déclic pour décider d’utiliser votre quotidien dans un spectacle ?

« Un jour, je suis allé chercher Gabin à l’école en moyenne section de maternelle et la directrice m’a dit qu’elle n’avait pas choisi ce métier pour s’occuper d’enfants handicapés. Mon réflexe de survie a été de me dire qu’il valait mieux en rire, c’était tellement énorme. J’ai décidé de raconter ce qui se passe. J’en ai parlé avec mon pote Stéphane Guillon qui a trouvé l’idée sympathique. Le film Intouchables sortait. On pouvait faire rire sur des sujets qui ne s’y prêtent pas forcément. Le spectacle parle des différences et du rejet que ça occasionne. »

Avez-vous vécu toutes les situations que vous évoquez ?

« C’est la stricte réalité, même si parfois je peux forcer le trait. Mais quand on a un enfant comme Gabin, on est confrontés à des personnes qui vont dire des choses pas très cool sur lui tous les jours. Il y a énormément de matière. L’autisme est un handicap qui n’est pas visible. J’ai créé le spectacle il y a sept ans, je peux le faire évoluer avec le temps. J’ai l’impression que ça ne s’arrêtera jamais. »

On parle plus de l’autisme depuis quelques années. Est-ce que ça change le regard des autres ?

« Dans mon spectacle, je parle des combats des familles à l’école, avec les institutions, la société en général… Je veux parler de tout ce qui se passe quand on a un enfant différent. La société n’est pas très cool. J’ai voulu inverser le miroir pour faire rire… Mais il n’y a pas que des choses difficiles, il y a aussi des moments de joie et de bonheur avec Gabin. J’espère que c’est un spectacle qui donne la patate. »

Comment réagissent les spectateurs en général ?

« Ça dépend où je joue, si c’est pour un festival d’humour, une association de handicap, une entreprise… C’est varié, mais du moment qu’une personne a un cœur, le spectacle est prévu pour toucher tout le monde. J’ai rencontré des gens concernés qui se sont dit touchés par l’histoire de Gabin. Ce n’est pas un spectacle pédagogique. C’est fort en émotion, ça prend le cœur et l’âme des gens. Les spectateurs se disent "Gabin ça pourrait être mon fils, mon frère …" J’ai aussi écrit un livre, Gabin sans limites, chez Payot, qui raconte son histoire d’une autre manière. Je le dédicacerai après le spectacle. »

Vous pensez jouer ce spectacle encore longtemps ?

« Gabin évolue, le spectacle aussi. C’est un ado, il devient sportif. Il fait du roller, je le suis lamentablement en patinette ! Tant que j’ai la forme je le ferai, j’ai plein de dates. Je l’ai créée en 2010, joué en 2011… C’est une belle histoire, c’est aussi un livre, peut-être un film. Jusqu’en 2020 ? En fait, c’est difficile à dire, c’est aussi son assurance vie pour plus tard… »

Sur scène, Laurent Savard sera accompagné d’une pianiste. Parfois, un traducteur pour sourds et malentendants l’accompagne. Ce ne sera pas le cas cette fois-ci.

Le spectacle est le dernier événement du projet Mieux connaître l’autisme piloté par l’Art Grange et Philippe Spillmann.

Vendredi 9 juin à 20h30 à l’espace Jean-Ferrat à Longlaville.

Tarifs : 11 € ; réduit : 8 €.

Contact : 03 82 25 65 19.