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Bourses : cette baisse "intervient après une année complètement folle", dit Lenglet

ÉDITO - La Bourse de Paris s’était écroulée à l’ouverture (-5.7%), ce lundi 9 mars, dans le sillage des autres places boursières du monde entier, aux prises avec la propagation du coronavirus et l’effondrement du marché du pétrole.

Les Bourses mondiales (illustration) Crédit : ERIC PIERMONT / AFP
François Lenglet

Ce lundi 9 mars, à Paris, c'était la chute boursière la plus forte depuis 2008, à Francfort la plus forte depuis 2001. C'est une journée qui porte malchance. Le 9 mars 2000, c'était l'éclatement de la bulle boursière d'Internet, et le 9 mars 2009, le point le plus bas des marchés, après la grande crise de 2008. Vous voyez que le 9 mars 2020 se situe dans une tradition bien établie.
 
Plus sérieusement, on dit toujours que les marchés financiers anticipent, la très forte chute d'hier signifie donc que ça va aller vraiment mal ? Il ne faut pas perdre de vue deux choses. D'abord, les boursiers exagèrent tout, comme les enfants et les journalistes. Le choc sur la croissance mondiale sera bien réel, mais la chute boursière n'en donne qu'une mesure très approximative, déformée par les moutons de Panurge que sont les investisseurs, qui sautent du bateau tous en même temps. 

Dans ces périodes, mieux vaut avoir tort avec les autres qu'avoir raison tout seul. Et ces mouvements sont encore accrus par les ordinateurs, qui déclenchent des ventes massives dès que la baisse est inhabituelle. Ensuite, même après la chute d'hier, le CAC était encore à 4.700 points. Peu ou prou la valeur qu'il avait au 1er janvier 2019. En fait, cette correction très sévère intervient après une année boursière complètement folle, où les cours ont littéralement explosé, alors que les fondamentaux n'étaient pas si bons que cela.

La Bourse fait-elle n'importe quoi ?

Disons qu'elle était montée de façon insensée, elle baisse de façon insensée, parce qu'elle est par nature insensée. Le vrai problème, c'est que le choc de l'épidémie sur la croissance intervient alors que l'économie mondiale est fragilisée par l'extraordinaire montée de l'endettement. 

Toute la croissance des dernières années a été financée par la dette. En Chine, où c'est l'orgie de crédits dans des proportions inimaginables. En Amérique, où le déficit budgétaire va dépasser les 1.000 milliards de dollars. En Europe, où les États, les entreprises et les ménages ont eux aussi forcé sur le crédit. 

Les marchés avaient oublié cela, sous l'effet euphorisant des taux d'intérêt très faibles. Au moindre accident sérieux, l'épidémie en est un très sérieux, les fondamentaux réapparaissent et se rappellent à leur bon souvenir.

Est-ce dangereux ?

Sur le fond, oui. Il est probable que dans les jours qui viennent, les banques centrales et les États jettent leurs derniers feux, sous la forme de prêts supplémentaires et de plans de relance. Ça peut tout à fait calmer les boursiers pour un moment. 

Si ce n'est pas le cas, alors là, il faudra avoir peur, car c'est la crise financière qui reviendrait, avec des difficultés pour les sociétés les plus endettées, il y en a beaucoup, des plus éminentes. Dans les krachs, c'est toujours ce qu'on appelle la deuxième jambe, c'est à dire la réplique, qui est la plus dangereuse

On va donc savoir ça dans les tous prochains jours. Il faut ici une fois encore revenir au saint patron des économistes, l'humoriste Pierre Dac, qui disait : "Il est encore trop tôt pour savoir s'il n'est pas trop tard." 

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