La classe politique belge se déchire après les propos polémiques tenus par le ministre de l'Intérieur Jan Jambon. Dans un entretien publié samedi 16 avril dans le quotidien flamand De Standaard, le membre du parti nationaliste et conservateur Nouvelle alliance flamande (N-VA) affirme sans détour : "Une partie significative de la communauté musulmane a dansé à l'occasion des attentats".
Pour appuyer ses propos qui s'inscrivaient dans une critique de la politique d'intégration des étrangers en Belgique, Jan Jambon s'appuie notamment sur des faits survenus le 18 mars, jour de l'interpellation de Salah Abdeslam à Molenbeek pour son implication dans les attaques à Paris. "Ils ont jeté des pierres et des bouteilles en direction de la police et de la presse au moment de l'arrestation de Salah Abdeslam (...) Les terroristes, on peut les arrêter, les écarter de la société. Mais ils ne sont qu'une pustule. En dessous se trouve un cancer beaucoup plus difficile à traiter", affirme le ministre qui avait déjà fait polémique après le 13 novembre en parlant de "nettoyer Molenbeek".
D'après le journal Le Soir, la police bruxelloise a bien enregistré une manifestation de joie peu après les attentats du 22 mars à Bruxelles. "Un petit groupe de malins a voulu créer des tensions avec la police et a fêté l’événement", indique cette source. L'incident, qui s'est soldé par l'interpellation de deux personnes, a été confirmé par le premier ministre belge Charles Michel. "Je confirme qu'il y a eu des expression de soutien aux auteurs des attentats. Il s'agissait d'actes de personnes minoritaires", indique-t-il en refusant toutefois "de faire des généralisations".
Rudi Vervoort, le ministre-président de l'organe exécutif de la région de Bruxelles et membre du Parti socialiste belge (PS), regrette lui aussi les "amalgames" de Jan Jambon. "Je trouve qu'intellectuellement, ce n'est pas très correct. Ça ne facilite pas les choses. Nous n'avons pas besoin de cela en ce moment", déplore-t-il. Un avis partagé par le député socialiste d'opposition Ahmed Laajouej : "Alors que la population se rassemble pour dire non aux extrémismes, non au terrorisme, pour manifester sa solidarité, monsieur Jambon, ministre de l’Intérieur, lui dresse les populations les unes contre les autres".