Depuis trois semaines maintenant, le Venezuela est secoué par de violentes manifestations opposées au président Nicolas Maduro, alors que le pays vit une grave crise politique et économique. L'opposition, majoritaire au Parlement depuis fin 2015, veut obtenir le départ anticipé du président socialiste, arrivé au pouvoir en mars 2013 après la mort de Hugo Chavez, charismatique leader du pays pendant 14 ans.
Mercredi 19 avril, lors de manifestations qui ont mobilisé des centaines de milliers d'opposants à Caracas et dans de nombreuses autres villes du Venezuela, deux manifestants et un membre de la Garde nationale ont été tués, portant à huit le nombre de morts depuis trois semaines. L'opposition vénézuélienne appelle à de nouvelles manifestations contre le président Nicolas Maduro jeudi, au lendemain de vastes rassemblements.
Un adolescent de 17 ans est décédé de ses blessures après avoir été touché à la tête par les tirs d'un groupe d'inconnus à moto qui visaient un rassemblement d'opposants à San Bernardino, dans le nord-ouest de Caracas, a déclaré Amadeo Leiva, directeur de la clinique où il avait été transporté. Une jeune femme de 23 ans a elle aussi "reçu un tir dans la tête" à San Cristobal, dans l'ouest du Venezuela, a indiqué une source du parquet sous couvert d'anonymat. L'ONG Provea a précisé que sa mort était survenue "dans le cadre des manifestations". D'après des témoins, les auteurs des tirs font partie dans les deux cas des "colectivos", ces groupes de civils armés par le gouvernement selon l'opposition.
Dans la soirée, un des principaux responsables du pouvoir, Diosdado Cabello, a affirmé à la télévision qu'un militaire, membre de la Garde nationale, avait été tué par des manifestants dans la périphérie de Caracas. "Ils viennent d'assassiner un garde national à San Antonio de los Altos, les 'pacifiques'", a déclaré à la télévision Diosdado Cabello. Le parquet a confirmé à l'AFP la mort d'un militaire.
Nous voulons des élections pour que Maduro s'en aille, car il a détruit le pays
Une opposante à Nicolas Maduro
Pendant la journée, dans un climat extrêmement tendu, les accès de la capitale ont été bloqués par un important déploiement policier et militaire, qui repoussait avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc les manifestants, lesquels répliquaient avec des pierres et des cocktails Molotov.
"Il faut sortir de cette dictature. Nous sommes fatigués, nous voulons des élections pour que Maduro s'en aille du pouvoir, car il a détruit le pays", a déclaré une manifestante, Ingrid Chacon, secrétaire de 54 ans brandissant le drapeau jaune, bleu et rouge du Venezuela.