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High-tech

Comprendre l'affaire Huawei en trois minutes

Le torchon brûle entre Google et l’entreprise chinoise Huawei, et plus généralement, entre les États-Unis et la Chine, qui semblent être officiellement entrés dans une guerre commerciale de grande ampleur. Retour point par point sur cet épisode sous haute-tension.

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Un processeur de l'entreprise Huawei.

© Da qing/Imaginechina
  • Ce qu’il se passe

Google, fournisseur du système d'exploitation mobile Android qui équipe la plupart des téléphones mobiles dans le monde (si vous n’avez pas un iPhone, vous utilisez forcément Android), a annoncé lundi 20 mai 2019 qu'il se conformerait à un décret signé par le président américain Donald Trump cinq jours plus tôt. Celui-ci place directement Huawei Technologies, mastodonte chinois des télécoms et deuxième fabricant mondial de smartphones, sur une liste noire d’organisations "à risque" avec lesquelles les entreprises américaines ont interdiction d’établir des relations commerciales. Motif de cette décision très lourde de conséquences : des soupçons d’espionnage à grande échelle de la part du gouvernement chinois, que l’on dit trop proche de Huawei. Pourtant, jusqu’ici, le gouvernement Trump n’a pas réellement fourni de preuves concrètes de ses accusations.

  • Pourquoi c’est avant tout une guerre commerciale

Le cœur des charges porte sur les équipements permettant de déployer aux Etats-Unis le réseau de données sans fil 5G. D’après les services de renseignement américains, ils pourraient constituer des outils de surveillance industrielle et politique à grande échelle, tout comme les smartphones de la marque. De son côté, Huawei nie en bloc et estime que les accusations et mesures prises par les Américains ne sont destinées qu’à stopper son irrésistible ascension commerciale. Il semble qu'il y a là du vrai car les deux pays s’affrontent directement pour la place de leader technologique, notamment dans le domaine des puces et des équipements de télécommunication, à l'heure où la 5G s’apprête à être déployée un peu partout dans le monde.

 

  • Pourquoi cette interdiction américaine a des conséquences en Europe

Parce qu’Android, produit américain, équipe aujourd’hui près de 9 mobiles sur 10 dans le monde ! En France, le système d’exploitation de Google représente 79,8 % des parts de marché, selon des chiffres de Kantar World Panel. C’est dire si l’on est concerné. Au nom de la "sécurité nationale" américaine, les appareils Huawei, où qu’ils aient été achetés, ne seront donc plus en mesure de fournir à leurs utilisateurs la version grand public d’Android tout comme les services Gmail, YouTube ou encore le navigateur Chrome. Et ce d’ici 90 jours, un petit répit finalement accordé par le Département du Commerce.

Paradoxalement, c’est probablement les utilisateurs européens, principaux acheteurs de la firme hors de Chine (30 % des ventes de Huawei se font en Europe), qui seront les plus nombreux à pâtir de cette décision américaine. Et Huawei doit s’y attendre, elle qui a investi gros pour se faire une place sur le marché européen du smartphone ces dernières années : les consommateurs ne seront probablement pas prêts à tirer une croix sur les services de Google sur leur smartphone, et ce même si le fabricant chinois, réputé pour la qualité de ses appareils, leur propose un système d’exploitation efficace basé sur la version open source d’Android.

  • Pourquoi c’est un vrai coup dur pour Huawei

Google n’est pas la seule entreprise américaine à avoir suspendu sa collaboration avec Huawei : Intel et Qualcomm, fournisseurs de composants électroniques, ou encore Microsoft, partenaire logiciel, ont également annoncé avoir coupé les ponts avec la firme. Mais si Huawei est littéralement à terre aux États-Unis, le coup de grâce lui a sans doute été porté sur le Vieux Continent : parce qu’elles tirent profit de technologies américaines, des firmes européennes ont à leur tour été contraintes de retirer leurs licences au géant chinois.

C’est le cas d’ARM, filiale britannique du japonais SoftBank, dont l’architecture des puces était jusqu’ici utilisées par Huawei pour produire… ses processeurs maison. De quoi compliquer encore plus la tâche de Huawei, qui devra, en plus de bâtir son propre OS, trouver là aussi une alternative. Enfin, on apprenait jeudi 23 mai que des opérateurs britanniques et japonais renonçaient à proposer les modèles du fabricant chinois à leurs clients. En somme, Huawei vit probablement là les heures les plus sombres de son histoire...

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