Partager
Nature & environnement

Quand le "jet stream" s'affaiblit, le climat européen se dérègle

Le "jet stream" est constitué de vents qui soufflent d’ouest en est à haute altitude. Il s'affaiblit en raison du réchauffement de l'Arctique.
réagir
Photographie de l'Arctique le 28 août 2008 à l'ouest du Groenland
Le réchauffement de l'Arctique pourrait affecter durablement le "jet stream" polaire qui est déterminant pour le climat en Amérique du Nord et en Europe, selon des travaux américaine.
(c) Afp

AFFAIBLISSEMENT. Le réchauffement de l'Arctique pourrait affecter durablement le "jet stream" polaire qui est déterminant pour le climat en Europe, mais également en Amérique du Nord, selon des travaux américaine.

Cette étude indique que le "jet stream", des vents qui soufflent d’ouest en est à haute altitude, "s'affaiblissent et ce courant tend de ce fait à s'élargir et à dévier plus facilement de sa trajectoire", a expliqué Jennifer Francis, professeur de climatologie à l'université Rutgers dans le New Jersey.

Elle est le principal auteur de cette recherche présentée samedi 15 février 2014 à la conférence annuelle de l'Association américaine pour l'avancement de la science (AAAS) à Chicago.

"Quand le jet stream s'affaiblit - ce qui a été le cas ces deux dernières décennies -, les phénomènes météorologiques ont tendance à durer plus longtemps", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse.

"Cela semble suggérer que les caractéristiques du temps changent", a ajouté la scientifique selon qui "cela se produira plus fréquemment".

RIGOUREUX. Ainsi les États-Unis connaissent un hiver particulièrement froid et enneigé dans le Middle-West jusque dans le sud où cela est inhabituel. En revanche les régions nordiques comme l'Alaska connaissent un hiver anormalement clément cette année.

Les températures ont monté 2 à 3 plus vite dans l'Arctique que dans le reste du monde

Ce phénomène pourrait résulter du réchauffement ces dernières décennies dans l'Arctique où les températures ont grimpé de deux à trois fois plus vite que dans le reste du globe, a relevé James Overland, un scientifique de l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA) qui a participé à cette présentation.

RIVIÈRE ET COLLINE. Le changement du "jet stream" s'explique en partie par la différence de températures entre l'Arctique et les latitudes moyennes, a-t-il dit. Si cette différence est importante, la vitesse de ce courant s'accélère, un peu comme une rivière descendant une colline.

En revanche, si l'écart des températures entre les latitudes moyennes et l'Arctique, qui s'est réchauffé, est faible, le "jet stream" s'affaiblit, ont expliqué ces scientifiques.

Quels liens entre activités humaines et phénomènes climatiques extrêmes ?

Avec les phénomènes climatiques extrêmes (chaleur record ou sécheresse aux États-Unis ou en Australie), une question se pose : ces événements résultent-ils d'une simple variation naturelle du climat ou du réchauffement de la planète lié aux activités humaines ?

Pour Jennifer Francis, une telle conclusion est prématurée car "nos données portant sur ce phénomène et ses effets portent sur une période très courte ce qui rend difficile d'avoir une interprétation claire". "Mais quand nous disposerons de plus de mesures je pense que nous commencerons à discerner l'influence du changement du changement climatique", a-t-elle ajouté.

Mark Serreze, le directeur du Centre national américain d'étude de la neige et de la glace (National Snow and ice Data Center), a dit devant la conférence de l'AAAS que les changements dans l'Arctique et l'impact sur le climat dans les moyennes latitudes "était un nouveau champ de recherche controversé avec des arguments pour et contre".

"Fondamentalement, le fort réchauffement qui pourrait être responsable de ce phénomène est lié à la fonte de glace sur l'océan arctique que nous constatons depuis ces dernières années", a relevé Mark Serreze.

"La calotte glacière agit comme un couvercle séparant l'océan de l'atmosphère et si vous enlevez ce couvercle la chaleur contenue dans l'eau se retrouve dans l'atmosphère", expliquant ces dérèglements atmosphériques, a dit le scientifique.

AGRICULTURE. L'impact sur l'agriculture est l'une des principales conséquences de ce phénomène aux latitude moyennes aux Etats-Unis.

"Nous allons voir des changements dans les précipitations et dans les températures qui pourraient bien être liés à ce qui se passe loin dans le nord", a prédit Mark Serreze pour qui "les bouleversements dans l'Arctique affecte tout le climat de la planète".

Les États-Unis ne sont pas les seuls concernés, a souligné Jerry Hatfield , directeur du "National Laboratory for Agriculture and Environment" dans l'Iowa.

"Dans le monde, nous produisons la plus grande partie des récoltes à ces latitudes moyennes et les températures ont un grand impact sur les cultures comme sur le bétail et la production de viande", a-t-il relevé.

Commenter Commenter
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications