Une écotaxe de 1,50 à 18 euros sur les billets d’avion dès 2020

Le montant de la taxe variera selon la destination du vol et la catégorie de billet. Pour quelles conséquences sur le passager ?

 Par cette mesure, le gouvernement veut répondre aux Gilets jaunes.
Par cette mesure, le gouvernement veut répondre aux Gilets jaunes. LP/Olivier Boitet

    Les Gilets jaunes l'avaient réclamé au nom de l'équité fiscale, Emmanuel Macron l'a fait. Une écotaxe va être instaurée sur les billets d'avion à partir du 1er janvier 2020, a annoncé ce mardi la ministre des Transports, Élisabeth Borne. Cette taxe concernera uniquement les vols au départ de la France, sauf vers la Corse et l'Outre-mer et sauf pour les vols en correspondance.

    Cette mesure, annoncée ce mardi lors du deuxième Conseil de défense écologique présidé par Emmanuel Macron, s'appliquera à toutes les compagnies aussi bien Air France, qu'EasyJet ou encore Ryanair, Emirates ou British Airlines. « Car il n'est pas question que notre pavillon national s'en trouve désavantagé », a insisté la ministre.

    Cette écotaxe aérienne sera intégrée au projet de loi de finances 2020. Son montant variera selon la destination et la catégorie de billet : sur les vols intérieurs et intra-européens il sera de 1,50 euro en classe économique et 9 euros en classe affaires, sur les vols hors Union européenne il sera de 3 euros pour la classe éco et 18 euros pour la classe affaires.

    «Un sentiment d'injustice»

    Cette taxe devrait rapporter 182 millions d'euros par an à partir de 2020. Ils seront consacrés à des investissements pour des infrastructures de transports, notamment le ferroviaire. « Super, on va financer nos concurrents », confie un cadre d'une compagnie aérienne, profondément agacé.

    Car c'est peu dire que l'annonce a fait l'effet d'une douche froide sur l'ensemble du secteur aérien, prévenu au dernier moment. « Il y a quelques mois, le gouvernement organise les assises de l'aérien pour booster l'avion, rappelle ce même cadre. On obtient quelques allègements de charges et il reprend de la main droite ce qu'il a donné de la gauche. »

    Chez Air France, très en colère, on a fait ses comptes : « Cela va entraîner un surcoût de 60 millions d'euros par an. » Un coup dur quand on sait que l'année dernière l'entreprise tricolore a perdu 180 millions d'euros sur son seul réseau domestique. Vent debout, la Fédération nationale de l'aviation marchande (FNAM) qui regroupe 95 % des compagnies installées en France s'interroge : « Le gouvernent veut-il la mort du transport aérien français ? »

    Et la FNAM de dénoncer « une écologie punitive qui tend à réserver le transport aérien aux plus riches ». En effet, le voyageur français va-t-il payer plus cher son billet d'avion ? Interrogée, Air France botte en touche. « Est-ce que la taxe sera absorbée ou répercutée partiellement ou totalement, c'est encore trop tôt pour le dire », confie la compagnie.

    «On a compris avec les Gilets jaunes»

    Du côté du gouvernement, on assume… voire plus. « Surprise! » se félicite, l'entourage du Premier ministre, très fier de son coup. L'objectif, selon Matignon, était de résoudre le problème de financement de la loi LOM sur les transports, mais surtout « d'envoyer un signal » écolo. « On a compris avec les Gilets jaunes qu'il fallait, et baisser les impôts, et faire la transition écologique. »

    Un virage vert sous forme de revirement. Car lors du débat sur la LOM à l'Assemblée nationale, la majorité présidentielle avait retoqué des amendements déposés par l'opposition pour taxer l'aérien. Mais depuis, un mouvement né en Suède, appelant au boycott de l'avion pour les courtes distances, s'est développé sur les réseaux sociaux.

    Et, surtout, les élections européennes sont passées par là. À Matignon, on le reconnaît volontiers, cette taxe doit aussi répondre à l'électorat macroniste, en attente de mesures vertes et qui s'est pour partie porté sur le bulletin Yannick Jadot (EELV) aux européennes. « Notre électorat nous attend au tournant. »