Sakina M'Sa fait une entrée remarquée dans la mode

Animations, débats, spectacles jalonnent cette journée du 8 mars. Au Blanc-Mesnil, Corinne Cousin rend un bel hommage aux femmes à travers son dernier spectacle. A Bagnolet, une jeune styliste, Sakina M'Sa, dévoile son talent.

Sakina M'Sa fait une entrée remarquée dans la mode

    STYLISTE ET STYLÃ?E, Sakina M'Sa l'est assurément. Jupe noire rebrodée frôlant le genou, bottes à talons en cuir croco, arborant un poussin jaune vif sur son tee-shirt fait maison, sourire lumineux éclairant son petit visage taillé comme un diamant, Sakina M'Sa est une jeune femme heureuse. A 29 ans, cette Française née aux Comores, grandissant à Marseille et ayant choisi Bagnolet pour port d'attache, entre de pied ferme dans la famille de la couture et de la mode. Premier choc à l'adolescence quand elle découvre la littérature française qui la fait se rêver écrivain. Revêtue alors de tenues punk qu'elle composait elle-même faute de les trouver dans les boutiques, Sakina se rend compte « que l'image de soi, celle des autres et les regards partagés sont très importants »

    Son premier défilé au collège

    Elle hésite à peine quand, en 1986, le principal de son collège marseillais lui propose de faire son propre défilé au sein de l'école : « J'ai habillé mes copains après avoir dessiné et découpé dans les nappes, les serviettes et les torchons. » Surmontant sa timidité, elle invite Maryline Vigouroux, alors présidente déléguée de l'institut Mode-Méditerranée : « Elle est venue Et là a commencé une grande histoire. » Conquise par ce petit bout de femme pleine d'imagination et de talent, Maryline Vigouroux est devenue la marraine de Sakina. C'est elle qui lui a offert une bourse d'étude pour suivre les cours de stylisme ­ modélisme à l'Institut supérieur de mode à Marseille. Après trois années d'études, Sakina monte à Paris, crée des costumes pour des pièces de théâtre et des clips vidéo, tout en présentant ses propres créations, « des défilés en forme de performance allégorique », dans des lieux insolites : cabines téléphoniques, usines, bains-douches C'est une période difficile : « Je ne gagnais pas vraiment ma vie, n'avais pas de chez moi » L'année 2000 a été une année bénie. Sakina qui s'est installée à Bagnolet a notamment présenté sa collection d'été au palais de Chaillot avec le soutien de la fédération de la couture et des Galeries Lafayette qui l'accueillent depuis dans leur espace des jeunes créateurs.

    Un bureau de presse un show-room et un agent

    Elle fut lauréate du prix d'honneur aux jeunes de la Fondation de France et premier prix à la Biennale internationale du design de Saint-Etienne « Aujourd'hui, je découvre le milieu de la mode. Je viens de signer avec un fabricant portugais. J'ai un bureau de presse, un show-room dans Paris, un agent commercial, je suis diffusée. » Sakina n'a donc plus qu'à créer encore et toujours, des vêtements qu'elle fait naître de ses voyages, de ses rencontres, de ses coups de coeur et coups de gueule, de ses émotions. Ce soir, à Bagnolet, dans cette ville qui l'aime et la soutient, Sakina présente à guichets fermés un défilé baptisé « Chair territoire ». Pendant quarante-cinq minutes, mannequins ­ « des filles d'ici que j'appelle mes princesses » ­, gymnastes et vidéastes feront vivre la collection automne-hiver. Le sociologue Jean Baudriard, devenu un ami, sera une fois encore présent, à travers des textes qui composeront eux aussi la trame du défilé.