A Garges-lès-Gonesse, les parents d’élèves peuvent aussi prendre le chemin de l’école

Depuis un an, des mamans et papas peuvent suivre gratuitement des cours de français au sein même des écoles de leurs enfants. Un dispositif innovant proposé par la Maison des langues de la commune.

 Garges-lès-Gonesse, ce mardi 24 septembre. Un petit groupe de mamans d’élèves assiste à un cours de français au sein de l’école Henri-Barbusse. Une formation gratuite proposée dans le cadre de la Maison des langues de la ville.
Garges-lès-Gonesse, ce mardi 24 septembre. Un petit groupe de mamans d’élèves assiste à un cours de français au sein de l’école Henri-Barbusse. Une formation gratuite proposée dans le cadre de la Maison des langues de la ville. LP/A. C

    « Il fait des blagues, fait rire ses amis. On dit qu'il a le… », interroge la formatrice, professeure du jour. « Le sens de l'humour », répond en chœur la classe studieuse… Constituée d'élèves pas tout à fait comme les autres.

    Car ce mardi matin à Garges-lès-Gonesse, ce ne sont pas des enfants qui sont assis devant un tableau noir de l'école Henri-Barbusse. Mais des mamans d'élèves du quartier. En effet, depuis plus d'un an à raison de deux fois par semaine pendant trois heures, celles-ci suivent des cours de français dans les mêmes locaux que leurs enfants. Et avec des horaires spécialement pensés pour des parents : 8 h 30-11 h 30. « C'est très pratique car nous pouvons déposer les enfants, assister au cours et être déjà sur place quand il faut revenir les chercher », se réjouit une de ses mères de famille un cahier d'exercices devant elle.

    Une Maison des langues depuis 2012

    Un projet novateur mis en place depuis la rentrée 2018 par la ville, tout d'abord dans trois écoles pilotes et désormais dans les neuf groupes scolaires de la commune, qui s'inscrit dans un dispositif municipal plus large : la Maison des langues de Garges-lès-Gonesse. Créé en 2012, cet établissement de formation linguistique porté par la commune propose ainsi gratuitement aux habitants des cours de français et d'anglais par des formateurs agréés et menant à des formations certifiantes. Parmi elles, le B1 indispensable pour acquérir la nationalité française ou le A2 pour l'obtention d'une carte de résident de dix ans. Un dispositif unique sur le territoire.

    500 personnes suivent des formations

    « 30 % de Gargeois ne sont pas d'origine française et nombreux sont les primo-arrivants. L'idée est donc vraiment de répondre à un besoin car la maîtrise de la langue française est essentielle pour l'intégration, la participation à la vie locale et l'accès à l'emploi », explique Benoît Jimenez, adjoint au maire à la cohésion sociale de cette ville comptant 70 nationalités différentes et candidat (UDI) aux élections municipales. Et la demande est là. « 550 personnes passent les tests par an et 500 suivent les différentes formations du dispositif qui a donc été élargi pour être encore plus inclusif », précise l'élu.

    Car c'est bien dans cette optique que ces nouveaux cours à l'école ont été créés. Ils viennent s'ajouter à ceux déjà dispensés depuis des années dans les centres sociaux de la ville et au sein de la Maison des langues, installée depuis mars dernier dans de nouveaux locaux en plein centre-ville. « Ces parents d'élèves, en très grande majorité des mamans, ne seraient pas venus à la Maison des langues ou ailleurs. Elles seraient restées chez elle si ce n'étaient pas ici car elles quittent peu voire pas leur foyer et leur quartier. Cela peut paraître une petite étape mais pourtant elle permet de développer leur cercle, l'autonomie et bien sûr d'aider à lever la barrière de la langue. C'est essentiel », souligne Michel Riedel, responsable de la Maison des langues.

    « Je n'avais jamais été à l'école avant cela »

    Une réalité confirmée par Fatima, 46 ans, qui fait sa deuxième rentrée dans le dispositif. « Je ne me serais pas inscrite ailleurs car, ne sachant pas encore lire et écrire, je ne prends pas le bus seule. Et il faut être là pour s'occuper des enfants avant et après l'école, explique cette maman-élève marocaine. Mais je suis ravie car je n'avais jamais été à l'école avant cela, je me suis lancée. Et là je fais des progrès et passe de bons moments à apprendre avec les copines. »

    « Il y a plus de compréhension et de dialogue »

    Pour Nelly Louis, directrice du service enfance de la ville, aussi, pas de doutes, les premiers résultats sont bien là. « Ces parents sont également invités à assister à des études surveillées et à venir présenter leur culture aux enfants lors de la semaine des langues. Ils prennent confiance et cela crée donc un meilleur lien avec l'école. Ils se sentent plus à l'aise avec les lieux et davantage autorisé à parler aux professeurs de leurs enfants. Il y a ainsi plus de compréhension et de dialogue ».