Sarcelles : la maison de Leah rouvre le 11 mai pour les enfants autistes

Face aux risques de régression des enfants, la directrice de la structure a décidé la réouverture. Sous conditions et avec un maximum de précautions.

 Illustration. La Maison de Leah va rouvrir le 11 mai, pour prendre en charge les enfants autistes.
Illustration. La Maison de Leah va rouvrir le 11 mai, pour prendre en charge les enfants autistes. LP/C.L.

    Ces deux mois de confinement pourraient avoir de graves conséquences pour les enfants atteints d'autisme. Sans véritable prise en charge depuis des semaines, le risque de régression est énorme. « Ils vivent selon des routines. C'est ce qui leur permet de progresser. Or, elles ont toutes été arrêtées avec la crise du Covid-19, s'inquiète Stéphanie Valentini, responsable de la Maison de Leah. Le travail va devoir être repris depuis le début, pour certains. »

    La directrice n'a donc pas hésité à rouvrir, dès le 11 mai, cette structure privée de Sarcelles, spécialisée dans la prise en charge et le prédiagnostic de l'autisme. La vingtaine d'enfants, suivie par l'association, va pouvoir retrouver les spécialistes. Sous conditions, et avec un maximum de précautions. « Nous ne voulons surtout pas les mettre en danger, prévient Stéphanie Valentini. La réouverture, je l'ai décidée pour les petits. 90 % n'ont eu aucune prise en charge depuis deux mois… »

    Les éducateurs spécialisés au domicile des enfants

    Seuls l'ergothérapeute et la psychomotricienne exerceront au sein des locaux de l'avenue du 8 mai 1945. Les rendez-vous se tiendront à vingt minutes d'intervalles, « pour avoir le temps de tout désinfecter ». Le neuropsychologue et la psychologue, consulteront à la Maison de Leah à mi-temps, le samedi et le dimanche. « Quant aux éducateurs spécialisés, ils se déplaceront au domicile des familles, ajoute la directrice. Nous essayons d'éviter que les enfants se déplacent jusqu'aux locaux. »

    Fabienne Sroussi et son fils, Yossef. LP/V.T.
    Fabienne Sroussi et son fils, Yossef. LP/V.T. LP/C.L.

    Fabienne Sroussi avait déjà pris les devants. Voilà deux semaines qu'elle fait venir, chaque jour, un éducateur spécialisé pour aider son fils de 10 ans, Yossef. « Cela devenait très difficile, même ingérable, souffle-t-elle. Ses crises se multipliaient, je devais faire classe à mes autres enfants… Il ne tenait plus en place. » Le 11 mai sonne comme un soulagement pour la mère de famille.

    «Pour quelques semaines seulement, ça ne vaut pas la peine»

    Elle a déjà pris un rendez-vous chez l'orthophoniste et sa neuropsychologue de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Quant à l'école, Yossef n'y retournera pas. « Je ne veux pas. Redémarrer une routine, prendre le risque qu'il ne se sente pas bien avec ses camarades… Tout cela pour quelques semaines seulement, ça n'en vaut pas la peine, estime Fabienne. Nous verrons en septembre. »

    Stéphanie Valentini, elle aussi, a conseillé aux familles de ne pas scolariser leurs enfants dès lundi. « Les maladies décuplent les troubles qu'ils ont. S'ils attrapent le Coronavirus, cela pourrait être terrible, alerte la directrice de la Maison de Leah. Et puis, s'ils contaminent leurs parents et grands-parents, qui sera là pour les prendre en charge? Personne. Ils ne peuvent être livrés à eux-mêmes. »