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Libération

La nouvelle campagne choc de Médecins du monde censurée

par Eric Favereau
publié le 13 juin 2016 à 17h31

Avec sa campagne choc sur le prix des nouveaux médicaments qui devait être lancée lundi, Médecins du monde (MDM) voulait provoquer le débat. L'ONG a été aidée par les propriétaires des panneaux publicitaires, qui ont refusé d'afficher les slogans, tels que :«Avec l'immobilier et le pétrole, quel est l'un des marchés les plus rentables ? La maladie.» Ou : «1 milliard d'euros de bénéfice, l'hépatite C on en vit très bien.»

Des affirmations qui avaient le mérite de décrire une situation inquiétante : l'emballement ahurissant du prix des médicaments innovants. «La mise sur le marché du premier des antiviraux à action directe efficace contre l'hépatite virale C a agi comme un révélateur des dysfonctionnements, explique MDM. Le traitement de douze semaines est vendu 41 000 euros par patient alors qu'il ne coûterait que 100 euros à produire.»

«Ces prix exorbitants ne pourront bientôt plus être pris en charge par la Sécurité sociale,dit la présidente de MDM, Françoise Sivignon. Demain, qui pourra payer de telles sommes pour se faire soigner ? La mainmise de l'industrie pharmaceutique sur le système de la brevetabilité doit cesser. Les autorités laissent les laboratoires dicter leurs prix et abandonnent leur mission, celle de protéger la santé des populations. Il est temps que Marisol Touraine agisse.»

Lundi, le Leem, syndicat patronal des industries pharmaceutiques, a dénoncé une«propagande mensongère». «Imaginer que les entreprises spéculent sur l'aggravation de certaines maladies n'est pas seulement injurieux pour les industriels, c'est choquant et irrespectueux pour des millions de [patients].»

Le prix du médicament n’a plus rien à voir avec le coût de la recherche, encore moins avec celui de la production. De fait, les règles de fixation des prix ne sont plus opérantes. La Ligue nationale contre le cancer a lancé une pétition pour alerter les pouvoirs publics. En mai, au Japon, François Hollande a convaincu le G7 d’intégrer dans la déclaration finale la nécessité de remédier à l’emballement des prix. Dans les faits, rien n’a évolué.

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