Beaumont-sur-Oise

Deux frères d'Adama Traoré condamnés à huit et trois mois de prison ferme

Bagui Traoré est également interdit de se rendre à Beaumont-sur-Oise pendant deux ans.

publié le 15 décembre 2016 à 10h32
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Bagui Traoré, le grand frère d'Adama, mort cet été lors de son interpellation par les gendarmes, a été condamné mercredi soir à Pontoise (Val-d'Oise) à huit mois de prison ferme pour des violences commises en novembre à Beaumont-sur-Oise contre des policiers en marge de cette affaire. Son frère Youssouf Traoré, jugé à ses côtés pour des outrages et menaces de mort à l'encontre de deux agents de police, a été condamné à six mois de prison dont trois avec sursis, comme requis par le parquet.

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Dix mois de prison ferme avaient été requis contre le jeune homme de 25 ans. Prenant en compte «le besoin de sérénité» de Beaumont-sur-Oise, théâtre d'épisodes de violence depuis le décès suspect d'Adama Traoré le 19 juillet, le tribunal correctionnel de Pontoise a également frappé Bagui Traoré d'une interdiction de séjour de deux ans dans cette petite ville de grande banlieue parisienne. Son frère Youssouf Traoré, 22 ans, jugé à ses côtés pour outrages et menaces de mort à l'encontre de deux agents de police, a été condamné à six mois de prison dont trois avec sursis, comme requis par le parquet, et est ressorti libre de l'audience.

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«Une honte pour la justice du Val-d’Oise»

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«Une honte pour la justice du Val-d'Oise», a déclaré après le jugement leur soeur Assa, à la pointe du combat pour faire traduire en justice les gendarmes que la famille considère responsables de la mort d'Adama. «Après une instruction minutieuse, le tribunal a entendu mes clients. Je souhaite que cette décision contribue à ramener la paix sociale», s'est félicitée au contraire Me Caty Richard, l'avocate des huits policiers municipaux et gendarmes.

«Il n'y pas de justice d'exception qui serait vengeresse: on applique la loi et la procédure pénale, quels que soient les victimes et les prévenus», avait affirmé le procureur dans son réquisitoire, critiquant les tentatives de la défense pour «faire dévier l'objet de ce procès». Car «c'est Bagui Traoré qui s'acharne, c'est pas la société», avait ajouté le procureur, rappelant que le prévenu avait douze condamnations à son actif, pour des vols avec violence et des extorsions.

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Les faits remontent au 17 novembre. Ce soir-là, une cinquantaine de personnes, membres de la famille Traoré et des soutiens, voulaient assister au conseil municipal pour protester contre une délibération visant à faire prendre en charge les frais de justice de la maire par la commune.

Le ton était monté, des insultes avaient fusé et des heurts éclatés quand les soutiens s'étaient vus refuser l'accès à la salle du conseil au motif qu'il n'y avait plus de place. Une policière municipale avait fait usage de gaz lacrymogène malgré la présence de «poussettes» dans la foule massée devant l'Hôtel de Ville.

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«Enquête bidon»

Une absence de perquisition, une interpellation plusieurs jours après les faits, des témoins clés que l'accusation n'a pas pris la peine de faire citer : pour Me Yassine Bouzrou, l'enquête conduite par le parquet de Pontoise est «bidon, pourrie, minable». Depuis le début de l'affaire, la famille Traoré accuse le parquet d'avoir voulu passer sous silence les véritables causes du décès d'Adama Traoré. «On n'a pas confiance en vous, c'est vrai», a lancé Me Bouzrou au procureur.

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Le jeune homme était mort dans les heures qui avaient suivi son interpellation par les gendarmes du Val-d'Oise, venus arrêter son frère Bagui. Une instruction est en cours à Paris, Me Bouzrou ayant obtenu le dépaysement de l'affaire. «Ni l'un ni l'autre n'ont commis les faits qui leur sont reprochés», a plaidé pour sa part Me Noémie Saidi-Cottier. «Ils savent que s'ils veulent que la justice soit faite ils ont intérêt à se tenir à carreau», a ajouté l'avocate, louant l'attitude «pacifique» de la famille.

Véhément et souvent maladroit dans sa défense, Bagui Traoré s'est posé en victime d'un «complot». Au sujet de la policière municipale qu'il est accusé d'avoir frappé au visage, il a ainsi affirmé : «Je lui aurais mis un coup, (...) elle aurait plus de tête». Plus tôt, dans ce procès tendu, Me Richard avait rendu hommage aux huit policiers municipaux et militaires assis sur le banc des parties civiles, impassibles. «Ils sont victimes de ces faits et de l'importance qu'on leur donne, du contexte autour de ces faits», avait estimé l'avocate, critiquant «l'instrumentalisation insupportable» de la mort d'Adama Traoré «pour faire de l'agitation».