récit

Maternité de Dourdan : silence, un bébé meurt

L’activité obstétrique est suspendue pendant un mois. Le retard d’un anesthésiste avait été fatal.

publié le 20 octobre 2013 à 21h46
Chargement...

Fait rarissime, la suspension de l’activité d’une maternité, celle de l’hôpital de Dourdan (Essonne) a été prononcée pour un mois à partir d’aujourd’hui, par l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France. Cette décision intervient suite à la mort d’un nouveau-né quelques jours après un accouchement, le 30 juin, qui, selon nos informations, s’est particulièrement mal déroulé. Ce jour-là, une césarienne est décidée en urgence en raison d’une souffrance fœtale très forte. Mais une demi-heure va s’écouler entre la décision de la césarienne et l’extraction du bébé, du fait de l’arrivée en retard de l’anesthésiste. Pourquoi ? Il y aurait eu un dysfonctionnement dans la procédure d’appel d’urgence.

Scandale. Mais ce n'est pas tout. La maternité de Dourdan a curieusement beaucoup tardé avant de signaler ce fait très grave aux autorités sanitaires. «Le signalement est venu trois mois après, alors qu'il y a pour les établissements une obligation législative de communiquer tout événement indésirable», a indiqué à Libération Claude Evin, directeur général de l'ARS, et ancien ministre de la Santé (1988-1991).

Chargement...

Selon nos informations, la direction de l'hôpital de Dourdan aurait finalement averti l'ARS le 25 septembre, parce qu'un article de presse était en préparation sur le sujet. C'est la peur d'un scandale médiatique qui l'aurait poussée à faire la démarche. Avertie, l'ARS a demandé des explications sur cet événement grave. «Mais les réponses apportées ne nous ont pas paru très solides», souligne Claude Evin. Une inspection est décidée pour vérifier ce qu'il s'est passé lors de l'accouchement.

Personnel. Plus globalement, les inspecteurs vont se focaliser sur «l'application de la réglementation concernant l'activité de gynécologie-obstétrique». Cette inspection, menée mi-octobre, va révéler des problèmes de personnel (présence de nuit d'une seule sage-femme au lieu de deux), et des observations concernant les anesthésistes et le gynécologue-obstétricien. Ainsi que des problèmes d'équipement des salles de prétravail. La décision de suspension pour un mois est prise dans la foulée. Elle peut, si besoin, être reconduite. «A charge pour l'établissement de se mettre aux normes pour assurer la qualité et la sécurité pour les parturientes et des nouveaux-nés», a indiqué à Libération Claude Evin.