Tribune

Avec Marine Le Pen, les droits des femmes en danger

Une femme qui ose parler d’«avortement de confort», «à répétition, remplaçant la contraception», ne défend pas la cause féminine.

publié le 20 juin 2014 à 13h12
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Le Front national est présidé par Marine Le Pen, fille du fondateur. Avec son langage simple et direct, elle attire des personnes rebutées par les éructations racistes et sexistes de son père. Marine Le Pen est une femme : et alors ? Avec elle, les droits des femmes sont en danger. Quand elle défend les «hommes blancs hétérosexuels» qui seraient les «victimes» d’une société féminisée, c’est une aubaine pour les machos.

Une femme qui ose parler d’«avortement de confort», «à répétition, remplaçant la contraception», une femme qui propose de cesser son remboursement et d’instaurer l’«adoption prénatale», ne défend pas les droits des femmes.

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Une femme qui considère comme sans objet la lutte contre les violences masculines infligées aux femmes, puisque celles-ci ne seraient pas une «espèce à protéger», ne défend pas les droits des femmes.

Une femme qui juge «stupide» de pénaliser les clients des prostituées, puisque la prostitution serait «hélas le plus vieux métier du monde», défend plutôt le plus vieux privilège masculin, la plus archaïque des violences exercées contre les femmes.

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Marine Le Pen, qui siège au Parlement européen depuis 2009, pourra continuer à s’y opposer aux avancées des droits des femmes comme elle l’a fait en votant contre deux textes sur l’égalité femmes-hommes, le rapport Estrela (décembre 2013) et le rapport Zuber (mars 2014). Elle pourra continuer à expliquer que le progrès pour les femmes est de «rester à la maison» avec un salaire parental.

Les maires élus avec le Front national en mars 2014 pourront, comme leurs prédécesseurs en 1995, réduire les subventions au Planning familial ou les aides sociales.

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Il reste trois ans avant l’élection présidentielle. Les femmes représentent 53 % de l’électorat ; l’égalité est l’une des valeurs fondatrices de notre République. Qu’attendent les partis et mouvements politiques, responsables pour se ressaisir et s’affirmer sur ce sujet ?

Nous, féministes, les interpellons. Nous demandons que l’avortement, droit fondamental des femmes, soit inscrit comme tel dans la Constitution européenne. Nous demandons une loi-cadre contre les violences infligées aux femmes. Nous soutenons la proposition de loi contre le système prostitutionnel votée par l’Assemblée nationale et à l’étude au Sénat. Il y a urgence. Le triomphe du Front national n’est pas une fatalité. Ensemble, agissons pour l’égalité!