Narbonne : « ce service de la Polyclinique me permet de réaliser que je suis vivante »

À la Polyclinique Le Languedoc de Narbonne, les patients en oncologie ou en soin palliatifs peuvent participer à un programme inspiré des pays anglo-saxons, qui met à l’honneur l’échange et la convivialité.

Une ambiance gaie et chaleureuse, des murs colorés, quelques éclats de rire… rien ne laisse supposer quel est l’endroit où se situe la scène. Il s’agit pourtant d’une partie de la Polyclinique, réaménagée pour accueillir le Programme d’Accueil en Soin de Support Pass’Temps. Dans ce local ouvert depuis le mois de mars, une équipe de soignants, d’animateurs et de bénévoles reçoit des patients traités en oncologie ou en soins palliatifs et qui souhaitent améliorer leur qualité de vie.

C’est le docteur Claire Fourcade qui a eu l’idée de créer un tel service, inspiré par ce qui se fait en Angleterre ou aux États-Unis. Avec le soutien de sa direction, elle a rapidement pu mettre sur pied le Pass’Temps, qui est ouvert depuis le mois de mars dernier tous les jeudis.

• Un lieu et une ambiance à part

Autour de la table, elles sont une dizaine à se serrer pour partager le dessert. Au premier abord, il est impossible de distinguer les patientes du personnel soignant, et c’est tout sauf un hasard. « Dans la mesure du possible, les professionnels évitent de porter les blouses blanches, explique Cécile Moulin, la coordinatrice du projet. Cela aide à mettre en place une atmosphère particulière, qui bénéficie largement aux patients. Nous nous efforçons également de nous appeler par nos prénoms et de nous tutoyer, pour une ambiance plus cordiale ».

Tous les jeudis, de 10 heures à 17 heures, des petits groupes profitent des services des différents animateurs, pour des ateliers de sophrologie, de yoga, de méditation, mais aussi pour des séances de musicothérapie, d’aromathérapie ou autres. Les soins du corps sont aussi très appréciés (pédicure, esthéticienne, coiffeuse, etc.) par les patients. Une aide administrative et sociale est également proposée. Le principe est simple : rien n’est imposé, et chaque participant choisit l’atelier qu’il désire suivre.

• « Contente qu’une telle structure puisse enfin exister »

La structure bénéficie également de bénévoles de plus en plus nombreux, qui échangent avec les patients ou participent aux repas. Ces derniers sont pris en commun, et revêtent une importance particulière. « Souvent quand ils arrivent le matin, les patients nous annoncent qu’ils ne mangeront pas, qu’ils n’ont pas d’appétit… », ajoute Brigitte De-Herdt, cadre de santé qui fait le lien entre les différents services. « Et puis finalement, portés par la dynamique du groupe - qui participe à l’élaboration du déjeuner - tout le monde mange avec appétit ! C’est très important ».

• « Venir un jour me permet d’aller mieux toute la semaine »

« Je suis très contente qu’une telle structure puisse enfin exister », témoigne Michèle*. Le simple fait de pouvoir nous retrouver entre personnes qui vivent les mêmes choses est très important », un constat unanimement partagé parmi les patientes.

Pour celles et ceux qui fréquentent le Pass’Temps, la dimension collective est primordiale. « Fréquenter ce lieu m’a fait sortir de ma coquille, confie Léïla. Lorsque j’ai été diagnostiquée, je n’avais plus aucune envie, je ne me maquillais plus, je ne prenais plus soin de moi… J’étais comme enfermée. Ce service me permet de réaliser que je ne suis pas la seule dans mon cas, et surtout que je suis vivante ! Le simple fait de venir un seul jour me permet d’aller mieux toute la semaine ».

Pour mieux accompagner Léïla, Nicole, Michèle, ou toute autre personne qui voudrait en bénéficier, le dispositif Pass’Temps devrait être développé dans les mois et les années à venir.

* Les prénoms des patientes ont été changés. Pour plus d’informations sur le Pass’Temps vous pouvez joindre le 04 68 65 33 60.