Les petits soldats du journalisme

par François Ruffin Ed. Les Arènes, 2003, 271 p., 15 euros.

Publié au moment de La face cachée du Monde par un petit éditeur, Les petits soldats du journalisme a eu un écho bien moins important que le livre de Pierre Péan et Philippe Cohen (voir Alternatives Economiques n°213). Et pourtant, l’ouvrage de François Ruffin mérite largement le détour. Il est d’abord une critique virulente d’une école de formation de l’" élite " journalistique, qui dévoile la réalité d’un enseignement qui tient plus du marketing que de l’information. " Nos articles ne sont plus porteurs ni d’un regard, ni d’une morale, ni de rien. Juste une production standardisée pour remplir et pour vendre ", note l’auteur pour lequel " l’école reine est nue. Son enseignement, intellectuel ou théorique, confine au néant. Son apprentissage, pratique ou technique, est infime ".

Mais cette critique porte bien au-delà du seul Centre de formation des journalistes (CFJ), aujourd’hui au bord de l’asphyxie financière. La face (à peine) cachée du livre de François Ruffin est un portrait au vitriol des pratiques des journalistes français, de la presse quotidienne régionale au journal télévisé. Contrairement à Pierre Péan et Philippe Cohen, ce qui intéresse l’auteur, ce ne sont pas les affaires ou les scandales, mais plutôt la misère du quotidien. " Ainsi condamne-t-on un certain nombre de fautes [professionnelles] plutôt que de s’attacher à la pratique routinière, admise, des médias ", note-t-il. Le tableau brossé ne fait pas dans la nuance, mais la description des enseignements du CFJ reflète bien un métier qui sacrifie trop souvent le fond sur l’autel de la rentabilité.

Voir toutes nos notes de lectures

À la une

Laisser un commentaire
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !