Il est 6 h 50 dans ce coin de l’Essonne situé à une quarantaine de kilomètres de Paris. Sylvain (tous les témoignages sont anonymes) vient de garer sa voiture sur le parking qui jouxte l’A10 et presse le pas dans les ténèbres du petit matin. Il se rend dans un drôle d’endroit : une station en contrebas du parking qui va lui permettre de prendre un bus directement sur l’autoroute pour se rendre à la gare RER de Massy-Palaiseau.
Il n’est pas le seul. C’est même l’heure de pointe dans la gare autoroutière de Briis-sous-Forges : une file d’attente d’une vingtaine de personnes s’est formée dans le petit local. La queue va vite être résorbée. Toutes les cinq minutes, un nouveau car arrive sur la voie séparée d’autoroute qui lui permet de s’arrêter. Justement, en voici un : celui-ci est à double étage afin d’absorber encore mieux le flux de passagers qui grossit chaque minute. Les portes de la gare – verrouillées quand l’autocar n’est pas là – s’ouvrent et les passagers embarquent vers leur lieu de travail ou d’études.
Bienvenue sur la ligne 91.03 du département de l’Essonne qui part de Dourdan et effectue une trentaine de kilomètres essentiellement sur autoroute afin de rejoindre Massy. Chaque matin et chaque soir, une trentaine de départs en période de pointe (entre 6 heures et 9 heures et entre 16 heures et 19 heures) permettent à près de 1 500 personnes de faire, chaque jour, l’aller-retour. Une fréquence équivalente à celle d’un tramway. Au total, 300 autocars empruntent ce parcours quotidiennement.
Unique en Europe
L’expérience n’a rien de nouveau. La liaison existe depuis les années 1990 et la gare autoroutière a été créée en 2006. Mais elle reste extrêmement originale en France. L’accès direct à l’autoroute pour les passagers est même unique en Europe. Surtout, à l’heure où le gouvernement a décrété la priorité donnée aux transports du quotidien, à l’heure où les Assises de la mobilité battent leur plein afin de trouver des solutions pour désenclaver les territoires dans un contexte financier contraint, cette utilisation d’une infrastructure existante – l’autoroute – pour rabattre efficacement les habitants éloignés vers une grosse gare RER intéresse les décideurs.
Ce cas d’école n’a d’ailleurs pas échappé à la ministre chargée des transports, Elisabeth Borne, et à la présidente d’Ile-de-France Mobilités (ex-STIF) et présidente Les Républicains de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse. Les deux femmes inaugureront, samedi 18 novembre, une voie réservée à ces bus, qui vient d’être construite sur trois kilomètres avant la sortie vers Massy, précisément à l’endroit où l’embouteillage en direction de Paris commence à se former.
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