Claude Monet et ses voyages à Londres

Claude Monet, Le Pont de Waterloo, 1903, musée d’art de Denver.

En 1870, en pleine guerre franco-prusienne, le peintre Claude Monet (1840-1926) fuit la France et va s’installer à Londres pour quelques temps. La ville plaît vraiment à l’artiste, il faut dire que le « fog » de la capitale anglaise – ou brouillard dû aux fumées des usines qui fonctionnent alors au charbon – permet des jeux de lumières incroyables pour Monet. Il se promet alors de revenir dans la ville pour continuer de travailler sur la lumière propre à cette capitale.

Monet a déjà illustré les jeux de réflexion de la lumière sur l’eau avant de se rendre sur Londres, il avait en effet réalisées quelques œuvres à la Grenouillière à quelques kilomètres de Paris avec l’autre peintre impressionniste Pierre-Auguste Renoir. Mais sur Londres, où la météo est changeante passant d’averses au beau temps en un clin œil, les couleurs de l’atmosphère changent et évoluent rapidement, aussi en partie en raison de cette impression de fumée ou de brouillard constante causée par la pollution des usines à la fin du 19ème siècle.

Claude Monet, Londres, Le Parlement, Reflets sur la Tamise, 1905. Musée Marmottan Monet.

Pendant cet exil à Londres, Claude Monet en profite pour visiter la National Gallery ou la Royal Academy et découvrir les artistes anglais comme Joseph Mallord William Turner ou encore John Constable qui travaillaient en partie en extérieur pour leurs oeuvres. Mais c’est leur travail de la lumière qui touche le plus Monet, il va donc analyser les œuvres accessibles pour mieux comprendre la technique de ces artistes. Dans une lettre de Pissarro, nous apprenons que Monet était inspiré par les parc anglais et étudiait les variations du fog au cours de la journée ainsi que les effets de la neige en hiver et de la renaissance de la nature une fois le printemps venu, suivant aussi l’étude de la nature commencée par les peintres anglais.

Claude Monet, La Tamise à Charing-Cross, 1903, Musée des Beaux-Arts de Lyon.

Savez-vous que c’est au cours de cet exil que Claude Monet est présenté au célèbre marchand d’art Paul Durand-Ruel? C’est le peintre Charles-François Daubigny lui aussi réfugié à Londres qui organise la rencontre suite aux difficultés financières de Monet. Daubigny a alors réalisé de nombreuses vues de la Tamise qui sont un succès pour lui, peut-être inspire-t-il Monet à en faire de même? Une chose est certaine cette rencontre entre Claude Monet et Paul Durand-Ruel se transforme au fur et à mesure en amitié et en immense succès financier pour les deux hommes.

Claude Monet, Le Parlement, soleil couchant, 1902, Collection privée.

Pratiquement 30 ans après son exil, Monet se rend de nouveau à Londres trois fois entre 1899 et 1901. Son fils Michel se trouve alors sur place et cela permet au peintre de revoir cette ville qui lui tient à coeur. Cette fois-ci les soucis financiers sont derrière l’artiste qui se loue une chambre à l’hôtel Savoy (un des palaces de la ville) probablement avec une vue sur la Tamise. Il réalise alors des séries mettant en scène l’architecture londonienne et ses évolutions lumineuses suivants les différents moments de la journée ou suivants les variations météorologiques.

Claude Monet, Pont de Waterloo, au crépuscule, 1904, Collection particulière.

Trois sujets sont particulièrement mis en avant: le Parlement, le pont de Waterloo et le pont de Charing Cross. On pense que les séries peintes avec comme sujet les ponts ont été réalisées depuis sa chambre au Savoy à cause de la prise de vue en hauteur des tableaux. Au total Claude Monet a peint 19 tableaux représentant le Parlement, 41 tableaux avec comme sujet le pont de Waterloo et au moins 10 tableaux avec le pont de Charing Cross ! Contrairement à ce que l’on pense, ces toiles n’ont pas toutes intégralement été peintes à Londres. En effet, une partie d’entre elles furent terminées à son retour à Giverny grâce à des photographies que le peintre avait avec lui.

Claude Monet, Le Parlement, coucher de soleil, 1904, Kunsthaus de Zurich.

En 1904, c’est dans la galerie parisienne de Durand-Ruel qu’il présente ses« Vues de la Tamise à Londres ». L’exposition est un succès et les paysages urbains de Londres semblent alors plaire aux amateurs de l’art impressionniste. Les toiles sont alors achetées par des collectionneurs du monde entier. C’est pour cela que l’on retrouve de nos jours ces séries partout autour du globe dans de très nombreux musées et collections privées.

Claude Monet, Le Pont de Charing Cross à Londres, 1902, Musée national de l’Art occidental, Tokyo.

À bientôt pour de nouvelles découvertes !

Sources:
Monet and Pissarro in London, sur Visual Art cork, consulté en ligne le 6 mai 2021.
Monet le Parlement de Londres, page du MuMa consultée en ligne le 6 mai 2021.
Fiche de l’œuvre Charing Cross Bridge, la Tamise, du musée des Beaux-Arts de Lyon, consulté en ligne le 6 mai 2021.

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