JUSTICE«Je ne savais pas que c'était le RIB de Sarkozy»

«Je ne savais pas que c'était le RIB de Sarkozy»

JUSTICEHuit personnes comparaissent pour avoir piraté le compte bancaire du chef de l'Etat...
Nicolas Sarkozy le 21 avril 2009
Nicolas Sarkozy le 21 avril 2009 - BEBERT BRUNO/SIPA
David Thomson

David Thomson

«Comme vous dites, c'est la scoumoune, raille la présidente. M. Sarkozy a été débité. Vous pensiez que ça ne pouvait pas arriver, vous?». «Non», bredouille Ama qui comparait depuis hier devant le tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine). Avec sept co-prévenus âgés de 23 à 40 ans, ce Sénégalais de 31 ans est soupçonné d'avoir piraté plusieurs comptes bancaires dont celui d'une «partie civile spéciale»: le président de la République.


Vrais comptes mais faux noms


L'astuce était simple. Un complice lui transmettait des coordonnées bancaires piochées dans les fichiers des abonnés de Canal+. Facile, «la police a découvert que tous les employés de la Société Générale pouvaient consulter le compte de Nicolas Sarkozy», indique la juge. Avec ces données, Ama se présentait régulièrement dans des agences SFR et Orange avec des cartes de séjour falsifiées pour ouvrir frauduleusement des lignes de téléphones portables. Intérêt de la manœuvre: revendre les combinés dans des magasins du 18e arrondissement parisien.


C'est une ligne ouverte en août 2008 à Mantes-la-Jolie (Yvelines) qui le trahit. Le président constate un débit inexpliqué de 176 euros sur son compte. Sa banque indique qu'un homme muni d'une carte de séjour a ouvert une ligne avec son RIB au nom de «Nicolas Mendy». Le président ainsi que deux de ses proches également victimes de l'escroquerie, portent plainte et les puces sont rapidement identifiées.


«Nicolas Mendy, Nicolas Sarkozy, on a quand même une conjonction de prénoms. Ça fait beaucoup. On peut y voir un esprit facétieux», interroge la juge. «C'est le pur hasard, répond Ama en détention depuis octobre 2008. Je ne savais pas que c'était le RIB de Nicolas Sarkozy». Dans le box, deux «amis» qui l'ont remplacé pour «assurer la continuité de trafic» durant ses séjours au Sénégal, comparaissent également. Ainsi que quatre vendeurs de Mantes-la-Jolie et Rouen (Seine-Maritime) «qui ne procédaient à aucune vérification» selon la justice pour toucher des primes de vente. Leur procès se poursuit aujourd'hui. Ils encourent dix ans de prison et un million d'euros d'amende.


«Ami du Président»


Les avocats de la défense a demandé la nullité de l'ordonnance de renvoi qualifiée de «copie conforme et servile du réquisitoire» du procureur de la République, Philippe Courroye accusé de «liens d'amitiés avec Nicolas Sarkozy». «C'est un ami du président qui vous demande de juger ma cliente. Ça me choque», a déclaré Me Pierre Degoul qui dénonce également un «excès de zèle» et «une instruction menée au pas de charge pour un banal dossier d'escroquerie». Le tribunal étudiera la requête demain, au terme des deux jours de procès.

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