EXCLUSIFFrancis Heaulme: «Si je sors un jour de prison, je me ferai tout petit»

Francis Heaulme: «Si je sors un jour de prison, je me ferai tout petit»

EXCLUSIFDepuis sa cellule de la prison d'Ensisheim (Haut-Rhin), le «routard du crime» a répondu aux questions de «20 Minutes»...
Francis Heaulme lors d'une opération de transport de justice le 3 octobre 2006 à Montigny-les-Metz (Moselle).
Francis Heaulme lors d'une opération de transport de justice le 3 octobre 2006 à Montigny-les-Metz (Moselle). - HARTMANN CHRISTIAN/SIPA
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

La dernière fois qu’on l’a entendu, c’était dans l’enceinte d’une cour d’assises. «Mon style, c’est l’Opinel. Et j’étrangle à mains nues. Montigny, c’est pas moi!» avait-il lâché. Ce jour-là, Francis Heaulme était un simple témoin. Dans le box, c’est Patrick Dils qui était l’accusé. Dix ans plus tard, Dils est libre. Heaulme est, lui, de nouveau renvoyé aux assises pour répondre du meurtre des deux enfants commis à Montigny-lès-Metz en 1986. Ce sera en mars 2014. Par l’entremise de son nouvel avocat, Pierre Gonzalez de Gaspard, 20 Minutes a fait passer en prison une série de questions au «routard du crime». Les réponses nous ont été restituées le 17 septembre.

Comment vous portez-vous?

Ça va. J’ai une cellule pour moi tout seul. Elle fait environ six mètres sur trois. Peut-être un peu moins. Les sanitaires sont propres. Je fais le ménage moi-même.

Quels rapports entretenez-vous avec les autres détenus d’Ensisheim?

Je suis en contact avec deux détenus. Le premier a 32 ans et a été condamné à vingt ans de prison. Il vient me voir l’après-midi. On parle, on regarde la télé et parfois on joue à la console. L’autre détenu a 49 ans, et il est condamné à une peine de quinze ans. Cette situation me satisfait.

Recevez-vous beaucoup de visites au parloir?

Ma sœur, Christine, vient me voir souvent. La semaine dernière, elle m’a rapporté des photos de ses enfants. Ils ont 8 et 10 ans. Je les aime bien. Sinon, je reçois des courriers d’anciens codétenus, de ma sœur et de mon avocat.

Travaillez-vous? Suivez-vous une formation particulière?

Non, je ne travaille pas. Je touche une petite pension de la Caisse des allocations familiales à cause de mon handicap. Cela fait 232,95 euros par mois.

En mars 2014, vous serez jugé pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz. Comprenez-vous pourquoi vous êtes renvoyé devant une cour d’assises?

Vingt-huit ans après les faits, non, je ne comprends pas. Surtout que j’ai déjà dit que ce n’était pas moi. Pour moi, c’est une erreur judiciaire aussi lourde que celle de Patrick Dils.

Vous avez été reconnu coupable de neuf meurtres dans huit affaires et condamné à perpétuité. Pensez-vous sortir de prison un jour?

Je ne sais pas. On verra. Je verrai ce que je ferai à ce moment-là. Cela dépendra de mon âge. Je pense que j’irai vivre chez ma sœur si je sors un jour.

Si vous sortez, quel accueil les Français vous réserveront-ils, d’après vous?

J’ai eu des pépins. J’ai commis des erreurs. Mais je paye pour tout ça. Je continue à payer. Je pense que les gens comprendront. Après, je ne crierai pas sur la place publique ‘Eh! Je suis Francis Heaulme!’ Si je sors un jour de prison, c’est sûr, je me ferai tout petit.

Une affaire qui dure depuis vingt-sept ans

28 septembre 1986 Les corps de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, 8 ans, sont découverts à Montigny-lès-Metz, le crâne fracassé à coups de pierre.

27 janvier 1989 Patrick Dils est condamné à la perpétuité.

7 janvier 1992 Francis Heaulme est arrêté pour un meurtre commis à Brest. 1993 Interrogé en prison, il évoque spontanément l’affaire de Montigny.

24 avril 2002 Patrick Dils est acquitté après quinze ans de détention.

31 mars 2014 Francis Heaulme sera jugé aux assises de Moselle pour ce double meurtre. Il encourt la réclusion à perpétuité.