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Faujour (Illustrateur)
EAN : 9782912485496
271 pages
Les Arènes (23/01/2003)
3.99/5   45 notes
Résumé :
Le Centre de formation des journalistes se proclamait « la meilleure école de journalisme en France et même en Europe ». Tous les ténors de la presse ont fréquenté ses bancs. Pendant deux ans, François Ruffin a suivi leur exemple : élève appliqué, il a pris en notes les conseils des professeurs et les confidences des « grandes plumes ». Il s’est coulé dans le moule, pour voir. Et il a vu.
« Dans un an, vous serez journalistes, confie un intervenant. Vou... >Voir plus
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Diplômé de la promotion 2002 du Centre de Formation des Journalistes (CFJ), François Ruffin livre ici un document très instructif sur cette école réputée, dénonçant sans complaisance tout ce qui l'a choqué pendant ses deux années d'études.

D'emblée, il est tombé dans un monde où la dépêche est reine aussi bien pour la presse écrite, pour la radio que pour la télé. C'est la logique économique qui prime dans ce qu'on leur enseigne ; la vérité s'efface devant l'efficacité. Voilà donc l'audimat placé en tête des critères de réussite dans le métier, ce qui explique pourquoi le fait divers est roi. Au 35, rue du Louvre, dans le CFJ fondé en 1946 et qui accueille chaque année une promotion de 54 élèves sur plus de 600 candidats au concours, on forme « des ouvriers spécialisés au style neutre et précis. »
François Ruffin, comme la plupart de ses congénères, rêvait « d'une école où l'enquête serait reine », où « le journaliste s'informe avant d'informer ». En tout et pour tout, il mènera deux enquêtes en deux ans ! Vite, on confond information avec communication. Tout est fait dans l'urgence comme au cours de son stage dans la presse quotidienne régionale (PQR) où l'on fait creux au lieu de creuser. le ridicule des éternels micro-trottoirs est dénoncé car les résultats sont dérisoires, n'apportant rien de neuf au lecteur : « C'est vraiment le degré zéro du journalisme ». Puisqu'il faut suivre l'actualité, les fausses informations, les rumeurs font les gros titres. Lorsque le démenti arrive, sa publication est bâclée, n'ayant plus du tout la même mise en page parce que d'autres sujets ont pris la place. Il faudrait comprendre et donner à comprendre au lieu d'alimenter les bavardages.
Tout au long du livre, l'auteur est sévère à propos de cette pédagogie de la soumission car il faut plaire d'abord aux patrons des entreprises de presse, quitte à former des esprits soumis. Il constate aussi que les étudiants en journalisme ne lisent plus, que deux ans après son déménagement, le CFJ livre « des techniciens fonctionnels, efficaces, rapides et surtout pas pensants car la pensée ralentit ».
Depuis le début des années 2000, les choses ont-elles évolué ? Il faut en douter sérieusement car le traitement de l'information semble présenter les mêmes travers dénoncés par François Ruffin même si, avec "Fakir", le journal bimestriel alternatif qu'il avait lancé à Amiens, il tentait de démontrer le contraire. D'autres exemples récents prouvent que le journalisme d'investigation reste toujours vivace et permet de garder espoir mais il faudrait que les grandes écoles de journalistes s'en inspirent.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Voici un ouvrage fort instructif (sorti en 2003) dont la lecture ne vous prendra que quelques heures (ne vous laissez pas berner par l'épaisseur du volume, c'est écrit très gros). Que vous soyez journaliste ou tout simplement lecteur-auditeur-téléspectateur, ce livre vous apportera des éléments utiles à la compréhension du fonctionnement des médias. Vous trouvez que ceux-ci se ressemblent tous, jusqu'à la hiérarchisation des informations et l'occultation des mêmes événements jugés secondaires ? François Ruffin, qui a passé 2 ans au CFJ de Paris, nous explique, dans un langage limpide et non dénué de style, la teneur de la formation des journalistes (car au-delà du seul CFJ, c'est bien de toutes les écoles dont il s'agit): "Des automatismes qui tiennent lieu d'écriture, du vide à produire vite et sur commande, un lectorat (fictif) dont on devance les attentes, des réflexes qui remplacent toute réflexion, l'obéissance comme première qualité professionnelle...." Si pour la majorité des professionnels cet ouvrage fonctionne surtout à charge, force est de constater que celui-ci est bien documenté et regorge d'interrogations légitimes. Il est même agréable à lire puisque le discours élitiste en vigueur dans la profession n'y a pas sa place. L'auteur comme beaucoup d'autres avant lui pointe les incohérences du métier et choisi de s'élever contre la résignation libérale en vigueur pour chanter les louanges du journalisme d'enquête. Certes, la précarité des statuts des journalistes ne favorise pas les prises de consciences. On peut d'ailleurs s'interroger sur une certaine volonté politique d'entretenir cette précarité pour affaiblir le quatrième pouvoir qui perd chaque jour de sa fonction de contre-pouvoir. Loin d'être un discours alarmiste d'un individu crachant dans la soupe, ce soit-disant pamphlet est un discours lucide sur l'état de la presse et des médias, à mille lieux du fantasme du journaliste-reporter parcourant le globe pour éclairer les masses, tel Albert Londres en son temps.
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François Ruffin s'attaque à son ancienne école de journalisme le CFJ, prétendue "meillleur école de formation journalistique de France et d'Europe". Ce livre était ma première lecture de Ruffin et j'ai été assez surpris par l'organisation très structurée du texte divisé en 3 parties dont les noms pourraient s'apparenter à une devise de l'école : Produire, Abrutir, Obéir.

A l'heure où le sérieux de la profession journalistique est fortement remise en question et où la elle ne remplit plus son rôle démocratique de contre-pouvoir, Ruffin apporte une deuxième dimension à la critique du système médiatique en s'attaquant directement à la formation des futurs grattes papiers.

En partant de sa propre expérience, il décrit un environnement où le conformisme est roi. La formation correspond en fait à accepter de se fondre dans des cadres prédefinis pour un audimat lui aussi prédefeni. le Centre produit des journalistes obéissants qui s'intègrent parfaitement en tant que rouages dans le mécanisme du consentement de la profession, "le secret de famille" comme l'appelle un professeur.
Le rapport à la culture et à l'esprit critique y est inexistant, "Jamais autant qu'au CFJ je n'ai éprouvé la lecture comme acte de résistance.". Les étudiants acceptent ce vide uniquement dans le but d'accèder à un statut social envié.

L'auteur, malgré une grande frustration qu'il garde de ses années passées dans le centre, garde une objectivité remarquable et ne se contente pas de régler ses comptes avec celui-ci. Il apporte une critique précise et documentée. Un bon livre à lire notamment pour tous les futurs étudiants en école de journalisme (afin de prévenir toutes possibles désillusions).


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Bien sur j'ai adoré cette lecture! Comment n'aurais je pas pu aimer ce récit qui est venu me soutenir dans mes propres études de journalisme ( beaucoup moins prestigieuses que celles du CFJ). J'ai retrouvé le même modèle de fonctionnement : entre l'emploi du temps délibérément donné à la dernière minute et cette sensation d'être retenu prisonnier entre quatre murs de salle de rédac ; pour finalement ranger ses idéaux au placard et réaliser que journaliste c'est un métier où derrière un écran on copie-colle des dépêches AFP... Un ouvrage nécessaire pour tous ceux qui s'intéressent à la profession. François Ruffin, se garde d'être manichéen et observe ses propres paradoxes et manquements. Une chose est sûre, devenir ou rester journaliste aujourd'hui est un acte militant, et plus que jamais la lecture et l'écriture un acte de résistance.
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Formidable livre critique. L'auteur applique pleinement l'objectivité sur son sujet et lui-même.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L'éthique fonctionne donc bien comme un garde-fou. Non de la pratique, mais d'une pensée tenue en laisse. Elle protège le système en produisant des débats en trompe-l'oeil sur de faux problèmes, tandis que n'est jamais questionné l'essentiel : la construction des événements, l'usage du fil AFP, la dictature de l'audience, le mercantilisme des médias. Elle impose un cadre moral d'où notre réflexion sur le journalisme ne doit pas déborder, classant hors sujet les analyses sociologiques, historiques ou politiques. Trop subversives. Moins disposées aux conciliations hypocrites.
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"Dans un an, vous serez journalistes, vous entrerez dans ce que j'appelle "le complot de famille". C'est-à-dire des règles qui peuvent scandaliser les gens mais bon, c'est comme ça que la machine fonctionne."
Un intervenant, chef de service à l'AFP.
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Moi aussi, j'ai continué à lire comme on s'appuie sur une béquille, pour ne pas trop s'avachir. Jamais autant qu'au CFJ je n'ai éprouvé la lecture comme acte de résistance. Sans risques physiques, certes. Mais comme un patient refus face à une école qui programme votre asphyxie cérébrale. Ce qui me vaudra cette sentence : " Avec toi, on a tout de suite vu que quelque chose n'allait pas. Tu apportais toujours un bouquin aux réunions."
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"Votre reportage était très bien. On n'apprend rien, on aura tout oublié dans dix minutes, mais c'est bon pour Pernaut. On l'achète pour le 13 heures.»
Rédacteur en chef adjoint de LCI, lors d'une session télé.
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