Jean-Christophe Fromantin a la décentralisation chevillée au corps. Cet ancien chef d’entreprise, maire (DVD) de Neuilly-sur-Seine (1) depuis 2008 et vice-président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, développe depuis de nombreuses années une réflexion sur une nouvelle organisation territoriale adaptée aux modes de vie des Français en plein bouleversement depuis la crise du Covid et les nombreuses révolutions technologiques. Ce travail l’a conduit à publier en 2018 l’essai « Travailler là où nous voulons vivre » (2). Indépendant et iconoclaste, aujourd’hui président du parti qu’il a créé, Territoires en mouvement, il creuse son sillon en marge des partis politiques.
Au moment où Emmanuel Macron tente de relancer une réforme de la décentralisation lors d’une réunion à huis clos avec les présidents des deux chambres du Parlement et les chefs de parti, le 30 août à Saint-Denis, « La Gazette » est allée à la rencontre de cette voix singulière dans la sphère locale. Malgré les intentions du président de la République, Jean-Christophe Fromantin, grand défenseur des territoires, se dit « un peu déçu de voir que la décentralisation ne soit jamais évoquée de manière vraiment ambitieuse et stratégique ». L’agitateur d’idées ne perd pas espoir. Il se lance dans un nouveau défi pour peser d’une autre façon : la constitution d’une liste d’élus locaux pour les élections européennes de 2024. Il est convaincu que la « polarisation dans les grandes villes montre ses limites et que le décrochage des métropoles est proche ».
Emmanuel Macron souhaite s’attaquer au millefeuille territorial. Est-ce la bonne façon de poser le débat ?
Le millefeuille territorial est le mauvais angle d’attaque. Ces débats n’ont jamais abouti parce que les représentants de telle ou telle strate de collectivités s’y opposent toujours. L’approche est trop réductrice. A l’aune du XXIe siècle, l’enjeu est de reconsidérer les échelles. Quand 85 % des Français disent rêver de vivre dans une ville moyenne ou un village, nous devons le prendre en compte. C’est à la fois le résultat des progrès technologiques qui permettent de se décentrer, mais aussi la suite du Covid et de l’équation climatique. Le peuplement va se redistribuer et ne va plus se polariser dans les grandes villes. A partir de là, il faut se demander : quelle est l’échelle de vie des gens ? C’est la ville moyenne ou le village. Quelle est l’échelle pour traiter des problèmes énergétiques ? Probablement celle de la région. Quelle est l’échelle des grands principes régaliens ? C’est bien entendu l’échelle nationale.
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Gazette des Communes