À Giverny, le musée des Impressionnismes réunit Claude Monet et Mark Rothko dans une exposition singulière
À Giverny, le musée des Impressionnismes rassemblent les œuvres de Claude Monet et Mark Rothko, illustre représentant de l’expressionnisme abstrait américain.
Les amoureux de peinture s’y rendent comme les pèlerins à Lourdes. À 80 kilomètres de Paris, le village de Giverny (Eure) est le berceau de l’impressionnisme, incarné par la figure emblématique du mouvement pictural : Claude Monet (1840-1926). À quelques pas de sa maison, dont les jardins éblouissent par leurs parterres de fleurs aux couleurs printanières, le musée a choisi de confronter le maître à un de ses suiveurs les plus inattendus, Mark Rothko (1903-1970), illustre représentant de l’expressionnisme abstrait américain qui vouait un culte à l’auteur des Nymphéas.
Un parti pris culotté pour le directeur de l’établissement, Cyrille Sciamma, qui préfère organiser ce type de rapprochement inédit (et pertinent) plutôt qu’arranger une énième monographie. « Cette idée trotte dans ma tête depuis une trentaine d’années, quand j’ai découvert, alors jeune étudiant en histoire de l’art, un parallèle entre Monet et Rothko à la Tate Modern de Londres. J’ai imaginé un dialogue visuel silencieux, monastique et sensoriel qui se déploie autour de la thématique de la couleur, pour proposer une expérience unique. On a réduit l’espace pour davantage d’intimité, on a installé de la moquette bleu marine qui atténue les sons et on a plongé les trois salles dans la pénombre. Si bien que les tableaux, rétroéclairés, ont l’air en lévitation. »
Un choc des titans
Dans cette scénographie élégante, on assiste à un choc des titans : 6 Rothko contre 7 Monet tardifs dans un parcours élégant et fluide, où on se laisse guider par ses émotions. L’ouverture donne le ton : le sublime Saule pleureur (1920-1922) de Monet, exécuté dans des tons jaunes, orange, violets et verts, face à Light Red over Black (1957) de Rothko, où le fond rouge sert d’écrin à un rectangle de noir scindé en deux.
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L’arbre a été montré au Museum of Modern Art de New York, on sait que Rothko l’a alors contemplé avec admiration, parvenant ensuite à la conclusion que son aîné était « l’inventeur de la modernité ». « Il a beaucoup regardé Monet dans les années 1950 et 1960, il a visité l’Orangerie et il a milité auprès des musées américains pour qu’ils acquièrent des œuvres, raconte Cyrille Sciamma. La filiation me paraît évidente. Cette exposition est un pari coûteux car il fallait obtenir les prêts des Rothko des États-Unis, en particulier de la National Gallery de Washington, qui détient le plus de toiles de lui au monde. »
Au crépuscule de sa vie, Monet se plaignait d’une vue défaillante mais il conservait son énergie, comme en témoignent ses ponts japonais, ses nymphéas, ses panoramas de Londres (du Parlement et de Charing Cross) et de la Seine, qui sidèrent par leur puissance évocatrice. « Ces paysages d’eau et de reflets sont devenus une obsession », déclarait le vieillard, qui a créé une interaction extraordinaire avec le visiteur, acteur de sa peinture.
Courbes contre lignes
« Plus on l’observe et plus elle semble vivante, grâce au glacis successif des couches qui permet à l’œil de voir en transparence, explique Cyrille Sciamma. Rothko a retenu cet enseignement, comme la déduction des formes qui amène la disparition du sujet au profit de grandes plages polychromes. Tous les deux avaient coutume de s’arrêter pour réfléchir en plein travail. Leur exigence se traduit dans l’architecture de leurs compositions. Quand Monet joue sur les courbes, Rothko préfère les motifs géométriques et les lignes. »
Net avantage pour le second concernant les formats, souvent monumentaux (2 mètres de haut). Mais la manière dont le premier bouscule les perspectives, et parfois les supprime, foudroie par son audace.
« Monet/Rothko », musée des Impressionnismes à Giverny (Eure). Jusqu’au 3 juillet. mdig.fr
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