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Pourquoi Sarkozy va au Vatican

Après la polémique sur les Roms, le Président sera reçu en audience vendredi par le pape Benoît XVI.

Bruno Jeudy , Mis à jour le
Nicolas Sarkozy à la basilique de Vézelay (Yonne), jeudi dernier.
Nicolas Sarkozy à la basilique de Vézelay (Yonne), jeudi dernier. © Reuters

C'est sans Carla que Nicolas Sarkozy se rendra vendredi prochain au Vatican. La première dame n’a pas prévu, selon l’Elysée, d’accompagner son mari lors de son audience chez Benoît XVI. "Carla Bruni-Sarkozy avait été présentée au pape en septembre 2008 lors de sa dernière visite à Paris", dédramatise un conseiller du chef de l’Etat. C’est pourtant une nouvelle petite entorse à la tradition de la Ve République qui veut que les premières dames soient présentes à ce déplacement diplomatique hautement symbolique. Seule une petite délégation en cours de composition accompagnera le Président. Une chose est certaine, l’humoriste Jean-Marie Bigard ne sera pas, cette fois, du voyage.

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Pour Nicolas Sarkozy, ce second déplacement au Vatican est capital. A l’Elysée, on n’est pas mécontent d’avoir obtenu si vite cette audience après les critiques sur les renvois groupés de Roms. En appelant à "accueillir les légitimes diversités humaines", le pape avait suscité diverses interprétations sur lesquelles Nicolas Sarkozy et Benoît XVI s’expliqueront en tête à tête. Avant même de se rendre à Rome, le Président a lancé une offensive de charme en direction des catholiques. Pas question de négliger cet électorat traditionnellement classé à droite mais plutôt déçu par le bilan du Président. Pour Frédéric Dabi, directeur des études à l’Ifop, il n’y a pas eu de "décrochage" cet été. "La cote de popularité du Président a certes fortement reculé depuis un an auprès de cet électorat mais n’a pas pâti de la polémique estivale", affirme le sondeur.

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Les affaires Frédéric Mitterrand et Jean Sarkozy ont pesé

En fait, le décrochage est antérieur. Elu avec le soutien de 74% des catholiques pratiquants, il a vu sa cote chuter après son divorce puis son remariage, en 2008. Elle a encore dégringolé pendant l’automne 2009 avec les affaires Frédéric Mitterrand et Jean Sarkozy. Cet électorat étant globalement attentif aux questions de moeurs, de méritocratie et d’exemplarité des élites. Nicolas Sarkozy, dont la vie privée ne correspond pas aux canons du catholicisme, a pourtant fait beaucoup d’efforts pour séduire cet électorat. Il est, à ce jour, le seul homme politique à avoir signé un best-seller sur la religion (La République, les religions, l’espérance coécrit avec le père Verdin, aux éditions du Cerf). Pendant la campagne de 2007, il n’avait pas ménagé ses efforts en affirmant, à la veille du premier tour, que Jean-Paul II était "’homme [qu’il] admirait le plus". Enfin, lors de son voyage précédent au Vatican, il avait suscité un grand enthousiasme avec son discours de Latran, dans lequel il expliquait que la laïcité ne signifiait pas forcément l’absence de lien entre l’Etat et l’Eglise.

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Avec 50% de bonnes opinions chez les catholiques pratiquants, Nicolas Sarkozy reste loin de Valéry Giscard d’Estaing et de Jacques Chirac, qui ont toujours conservé au moins 70%. A l’Elysée, on minimise ce malaise. Président du groupe France-Vatican à l’Assemblée, Jacques Remiller estime qu’il est urgent de "tout mettre en oeuvre pour reconquérir" les catholiques. "Cela passe par des gestes forts. Sa visite au Vatican en fait partie", espère le député UMP de l’Isère. Présidente du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin est plus pessimiste. "Est-ce rattrapable d’ici à 2012? Ce sera difficile. Il peut bien aller chez le pape, à Vézelay ou vanter le formidable film Des hommes et des dieux [Sarkozy a assisté hier soir à une projection privée à l’Elysée en compagnie du réalisateur, Xavier Beauvois]. Les catholiques sont comme des amoureux éconduits. Ils y ont profondément cru et aujourd’hui ils sont profondément déçus."

Source: JDD papier

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