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A Glasgow, l’eau libre tricolore veut confirmer son nouveau statut

Désormais attendus après la moisson historique aux Mondiaux en 2017, les nageurs français, emmenés par Marc-Antoine Olivier et Axel Reymond, veulent réitérer leurs performances aux championnats d’Europe de natation.

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Publié le 08 août 2018 à 07h00, modifié le 08 août 2018 à 11h27

Temps de Lecture 4 min.

Marc-Antoine Olivier dans les eaux du lac Balaton en Hongrie, en juillet 2017.

En 2008, aux championnats d’Europe d’eau libre Ă  Dubrovnik (Croatie), la France ramenait une seule mĂ©daille (l’argent sur 25 km) dans une discipline encore confidentielle. Dix ans plus tard, elle se prĂ©sente Ă  Glasgow avec l’étiquette de favorite depuis sa razzia l’étĂ© dernier aux Mondiaux de Budapest – six mĂ©dailles en sept Ă©preuves, dont quatre titres.

Ces rĂ©sultats historiques avaient attĂ©nuĂ© la dĂ©sillusion en bassin, avec un bilan maigrichon (deux mĂ©dailles). Le constat Ă©tait irrĂ©fragable : orphelins des Laure Manaudou, Alain Bernard, Yannick Agnel, Camille Muffat, Amaury Leveaux et consorts, les nageurs français, après une dizaine d’annĂ©es au sommet, ne faisaient plus partie du gratin mondial. Au moment oĂą la natation course s’attelait au chantier de sa reconstruction, l’eau libre, au contraire, connaissait les prĂ©mices de son âge d’or.

Au point qu’aujourd’hui, la discipline est devenue une valeur sûre en termes de médailles pour le clan tricolore. Les quatre nageurs engagés en Ecosse (David Aubry, Logan Fontaine, Marc-Antoine Olivier et Axel Reymond) peuvent tous viser la victoire – malgré une préparation sévèrement perturbée par une blessure au biceps à la suite d’un contrôle antidopage mal exécuté pour Olivier. En l’absence d’Aurélie Muller, qui a décidé cette année de donner la priorité à ses études, Océane Cassignol, Adeline Furst, Lara Grangeon et Lisa Pou se présentent, elles, davantage en position d’outsider.

Première au classement des nations

Derrière cette rĂ©ussite, deux hommes : StĂ©phane Lecat et Philippe Lucas, l’ex-mentor de Laure Manaudou. Le premier, patron de l’équipe de France depuis 2013, a multipliĂ© depuis son arrivĂ©e les stages et les participations Ă  des coupes du monde et coupes d’Europe. Le second entraĂ®ne le plus gros contingent de nageurs d’eau libre Ă  Montpellier. Dans son groupe, AurĂ©lie Muller, Marc-Antoine Olivier, OcĂ©ane Cassignol, David Aubry, Joris Bouchaut et Lara Grangeon enquillent autour de 80 kilomètres par semaine. Pour Axel Reymond, champion du monde et d’Europe en titre sur 25 km (AAS Sarcelles Natation 95), le curseur dĂ©passe les 100 kilomètres hebdomadaires. Et peut grimper jusqu’à 140 km.

Longtemps, la Russie, l’Allemagne ou encore l’Italie ont compté parmi les nations les plus denses en eau libre, quand la France balbutiait encore dans la discipline. Les résultats des nageurs français dans les eaux du lac Balaton il y a un an leur ont valu la première place du classement mondial. Ils sont désormais surveillés de très près par la concurrence.

Ce qui n’inquiète pas plus que ça StĂ©phane Lecat, directeur de la discipline Ă  la FĂ©dĂ©ration française de natation (FFN) : « En fait, on ne parle pas de ça, ils ne se disent pas : “On est très attendu, les gens vont vouloir qu’on fasse la mĂŞme chose qu’à Budapest, etc”. Je n’ai pas beaucoup d’efforts Ă  faire pour les maintenir dans leur bulle, ils sont vraiment très concentrĂ©s et professionnels, balaie l’ex-spĂ©cialiste du 25 km, triple mĂ©daillĂ© europĂ©en. A Glasgow, ils sont dans un Ă©tat d’esprit conquĂ©rant. La moyenne d’âge est de 22 ans mais ils ont dĂ©jĂ  pas mal d’expĂ©rience et dĂ©gagent beaucoup de sĂ©rĂ©nitĂ©. Â»

Marc-Antoine Olivier, Logan Fontaine, Aurélie Muller and Océane Cassignol, après leur victoire sur le 5 km par équipes en juillet 2017 en Hongrie.

Dans l’imaginaire collectif, la discipline requiert Ă  la fois expĂ©rience et maturitĂ©. Mais force est de constater que la jeunesse n’est plus une faiblesse pour briller au plus haut niveau : Marc-Antoine Olivier venait de fĂŞter ses 20 ans au moment de sa mĂ©daille de bronze aux Jeux de Rio. Logan Fontaine (Vikings de Rouen), mĂ©daillĂ© du 5 km par Ă©quipe aux Mondiaux en Hongrie en 2017, n’avait alors que 18 ans.

Le « business Â» des combinaisons

Comme la natation course lors de ses annĂ©es fastes, l’eau libre dispose de figures emblĂ©matiques qui tirent la discipline vers le haut. « L’image des champions comme AurĂ©lie et Marc-Antoine a donnĂ© envie Ă  des plus jeunes de rejoindre et de briller dans cette Ă©quipe, atteste StĂ©phane Lecat, qui situe le tournant Ă  2014, quand Axel Reymond s’offre son premier titre de champion d’Europe du 25 km. L’état d’esprit de ce groupe, qui ne se prend pas trop la tĂŞte, plaĂ®t bien, et c’est une discipline dans l’air du temps, dans un milieu ouvert, ça attire aussi. Â» « C’est un levier magnifique pour la natation. Dans un contexte oĂą l’écologie prend une place prĂ©gnante, l’eau libre peut porter toutes ces valeurs Â», renchĂ©rit Julien IssouliĂ©, le directeur technique national.

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Au Loch Lomond, Ă  une trentaine de kilomètres au nord de Glasgow, reste une variable que les nageurs ne maĂ®triseront pas : la tempĂ©rature de l’eau (la plus basse possible pour une compĂ©tition est de 16 degrĂ©s). Depuis le 1er janvier 2017, la FĂ©dĂ©ration internationale a Ă©tabli un nouveau règlement concernant le port des combinaisons en nĂ©oprène. Entre 16 Â°C et 17,9 Â°C, elles sont obligatoires ; optionnelles entre 18 Â°C et 19,9 Â°C – et interdites au-dessus de 20 Â°C. « Ă‡a peut ĂŞtre une vraie difficultĂ© pour nous car nos nageurs ne sont pas de grands nageurs de combis Â», relève Julien IssouliĂ©. Les Français sont plutĂ´t lĂ©gers et techniques, or les combinaisons sont censĂ©es favoriser des nageurs plus physiques et moins forts techniquement.

« C’est que du business Â», pestait Philippe Lucas auprès de France 3 Occitanie il y a quelques jours. « On part un peu dans l’inconnu avec cette règle, concède StĂ©phane Lecat. Les rares problèmes mĂ©dicaux observĂ©s en course, c’était avec des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es, avec une eau Ă  plus de 30 Â°C, donc je ne comprends pas ce choix. Quand je nageais, la tempĂ©rature minimum Ă©tait de 13 Â°C, on Ă©tait en maillot de bain et on n’avait aucun problème. Â»

Pour parer Ă  cette Ă©ventualitĂ©, l’équipe de France est partie en juillet en stage Ă  Font-Romeu (PyrĂ©nĂ©es-Orientales) s’entraĂ®ner en combinaisons dans les eaux du lac de Matemale, perchĂ© Ă  1 500 m. StĂ©phane Lecat reste prudent et prĂ©fère ne pas s’avancer sur le nombre de mĂ©dailles visĂ© par ses nageurs. Mais il sait manier la litote : « Oui, normalement on aura des Ă©motions. Â»

La dĂ©lĂ©gation française d’eau libre compte dans ses rangs quatre nageuses (OcĂ©ane Cassignol, Adeline Furst, Lara Grangeon et Lisa Pou) et quatre nageurs (David Aubry, Logan Fontaine, Marc-Antoine Olivier et Axel Reymond). Mercredi : 5 km dames (10 h 30) et messieurs (11 heures) ; jeudi : 10 km dames (10 h 30) et messieurs (11 heures) ; samedi : 5 km par Ă©quipes (midi) ; dimanche : 25 km dames et messieurs (10 heures).

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