Réforme de la police : le patron du 36 transféré à la tête de la nouvelle Direction nationale de la PJ

INFO LE PARISIEN. À la tête de la police judiciaire parisienne depuis 2015, le commissaire Christian Sainte succède à Jérôme Bonet, lui même nommé préfet du Gard, à la tête de la nouvelle direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) à un moment crucial sur son avenir.

Christian Sainte, ici photographié en octobre 2017, va être nommé en conseil des ministres, nouveau directeur national de la police judiciaire.
Christian Sainte, ici photographié en octobre 2017, va être nommé en conseil des ministres, nouveau directeur national de la police judiciaire.

    Grande valse de hauts fonctionnaires dans la police, sur fond de réforme controversée. Selon nos informations, Christian Sainte, l’actuel patron du « 36 », la police judiciaire parisienne rattachée à la préfecture de police de Paris, va être nommé en Conseil des ministres, ce jeudi, nouveau directeur national de la police judiciaire (DNPJ, ex-DCPJ), forte de plus 5 000 fonctionnaires sur l’ensemble du territoire français, du moins avant la réforme qui va réorganiser la police et l’investigation.

    En poste depuis 2015 à la PJ de Paris, où il a eu a gérer la vague d’attentats des années noires Daech mais également des dossiers sensibles tels que l’affaire Benalla, réputé compatible avec l’exécutif, le commissaire Sainte succède à Jérôme Bonet. Ce dernier est nommé quant à lui préfet du Gard, un gros mais complexe département. Une promotion alors qu’il avait dû essuyer la fronde de ses troupes, toujours vivace, des fonctionnaires de la police judiciaire, lesquels craignent que la réforme dilue leur expertise au profit des missions de sécurité publique, et que la lutte contre la grande criminalité organisée en pâtisse.

    Pur produit de la PJ

    Des rumeurs avaient indiqué que Jérôme Bonet avait envisagé de quitter ses fonctions pour protester contre une réforme à laquelle il n’était pas non plus particulièrement favorable, mais aussi contre le limogeage du directeur de la PJ marseillaise, coupable, aux yeux du ministre de l’Intérieur, d’avoir laissé ses troupes accueillir le directeur de la police nationale, Frédéric Veaux, et grand défenseur de la réforme, d’une haie de déshonneur.

    La réforme prévoit une réorganisation dans la police pour décloisonner un système qui fonctionnait jusqu’ici en tuyaux d’orgues. Désormais, les services de police judiciaire seront sous la coupe d’un haut fonctionnaire territorial qui aura également sous sa responsabilité les services de sécurité publique, et non plus à la Direction centrale de la police judiciaire. Les « Pjistes » craignent ainsi d’être réorientés sur des missions de délinquance du quotidien, plus porteuses en terme politique, au détriment des missions de lutte contre la grande criminalité, organisée ou financière.

    Avant d’être patron de la PJ de Paris, Christian Sainte, 63 ans, a effectué l’essentiel de sa carrière dans la police judiciaire, notamment à Marseille, en Corse, à Lille. Un pur produit de la PJ qui devrait rassurer en partie ses futures troupes. Mais l’homme est en même temps réputé proche de Frédéric Veaux, artisan de la réforme, et un homme de confiance de Laurent Nunez, le préfet de police de Paris. Sa succession au 36 n’est pas encore actée mais elle se jouera entre deux commissaires, un homme et une femme, également réputés proches de Gérald Darmanin et de Laurent Nunez.

    Pour les autres postes de directions, c’est Philippe Lutz, l’actuel directeur central du recrutement et de la formation qui prend la tête de la fameuse Académie de police, chère au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Cette nouvelle institution, sorte d’équivalent de l’« école de guerre » dans l’armée, sera basée à Montpellier (Hérault) et entend améliorer la formation des policiers. Le préfet Stanislas Cazelles, directeur des ressources et des compétences de la police nationale devient DNRHFS. Côté renseignements territoriaux, Bertrand Chamoulaud demeure en place en prenant la tête de la Direction nationale des renseignements territoriaux (DNRT), tout comme Virginie Brunner, fraîchement nommée à la Direction à la sécurité publique qui prend la DNSP. Quant à la police de l’Air et des Frontières, elle reste entre les mains de Fabrice Gardon, l’ex conseiller police de la place Beauvau, rédacteur du projet de la réforme de la PJ.