Jérôme Bonet, nouveau patron de la police judiciaire : l'investigation dans son ADN

Le nouveau DCPJ a gravi tous les échelons de la sûreté urbaine au Quai des Orfèvres, puis à la tête de la communication de la police. Portrait.

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Jérôme Bonet, qui succède à Mireille Ballestrazzi, devra trouver les remèdes à la crise des vocations que subit la police judiciaire ces dernières années.

Jérôme Bonet, qui succède à Mireille Ballestrazzi, devra trouver les remèdes à la crise des vocations que subit la police judiciaire ces dernières années.

© Capture d'écran BFMTV

Temps de lecture : 5 min

À 48 ans, l'actuel patron du Sicop, le service com de la police nationale, aura coiffé tout le monde au poteau. Le contrôleur général, qui devient directeur des services actifs, a effectué la majeure partie de sa carrière en police judiciaire. La PJ, c'est la Rolls de la police : lutte contre le terrorisme avec la Sdat, contre la corruption avec l'Oclciff, contre le trafic de drogue avec l'Ocrtis, contre la criminalité organisée avec l'OCLCO et sa prestigieuse brigade nationale de recherche des fugitifs. Jérôme Bonet, qui succède à Mireille Ballestrazzi, devra trouver les remèdes à la crise des vocations que subit la police judiciaire ces dernières années. Avec la sempiternelle quadrature du cercle : en PJ, c'est le magistrat qui ordonne et le policier qui exécute ; pourtant, le fonctionnaire de police rend compte des enquêtes à sa tutelle, d'où le hiatus régulier entre la Place Beauvau et la Place Vendôme.

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Mais, avant de se faire des cheveux blancs, Jérôme Bonet peut savourer son bonheur de diriger cette prestigieuse direction. Que de chemin parcouru depuis qu'il a rencontré, gamin, Pierre Folacci, un as de la BRB de Marseille connu et reconnu par ses pairs, qui a pris sa retraite il y a dix ans. C'est le Corso-marseillais qui a donné envie à ce natif du Pontet, près de Toulon, et grand amateur de Pierre Desproges, d'entrer dans la police et de devenir un « PJiste » à l'ancienne : flic H24 qui vit dehors et dans sa voiture plutôt que dans son bureau. Il ne tarit pas d'éloges sur son ancien poulain : « Il a les qualités d'un chef. Beauvau a misé sur la jeunesse et l'écoute. Cette nomination va dépoussiérer la maison PJ qui en a bien besoin », dit-il.

Lire aussi Pierre Folacci, ex-numéro 2 de la BRB à Marseille : "L'humain avant tout"

Jérôme Bonet a été décoré de la Légion d'honneur en septembre, une décoration remise par le patron de la police Éric Morvan qui l'a décrit alors en « meneur d'hommes enthousiaste et déterminé ». Un hommage auquel répondait le promu, cité par Var-Matin : « Cette vie de flic, c'est une aventure dans laquelle je me suis pleinement engagé, j'ai vécu des choses incroyables. »

À Vilnius pour l'affaire Cantat

Jérôme Bonet a l'investigation dans son ADN. D'abord, à la sûreté urbaine de Cergy-Pontoise, puis à la police de l'air et des frontières, où il a la charge de lutter contre l'immigration irrégulière. En 2000, il rejoint le 36 Quai des Orfèvres, la prestigieuse police judiciaire parisienne. C'est lui qui se rend à Vilnius lorsque Bertrand Cantat frappe et tue Marie Trintignant. Après la crim, il se retrouve Rue du Château-des-Rentiers, à la fameuse brigade financière.

En 2009, Frédéric Péchenard, le patron de la police, fait appel à ses compétences, il devient son chef de cabinet pour la politique pénale et la police judiciaire. Il supervise également la lutte contre les toxicomanies. En 2013, il devient le patron de la communication de la police. Une direction qu'il a ouverte aux journalistes, mais également aux policiers afin que tous se rendent compte du travail accompli pour mettre en avant toutes les missions de la police. Sans trop en faire : il a mis ainsi un terme à l'inflation de la coopération de la police avec les émissions « police » des chaînes de la TNT. « On n'y voit plus que les gendarmes et la police municipale », persifle un de ses collaborateurs.

L'actuel patron de la police, Éric Morvan, en a fait un temps son directeur de cabinet en remplacement de Philippe Bertrand, parti depuis dans le privé.

Entre terrorisme, criminalité organisée, notamment via Internet, et délinquance financière, la mission de Jérôme Bonet ne sera pas de tout repos.



Les autres nominations

Jean-Marie Salanova, 58 ans, actuellement patron de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône, est nommé directeur central de la sécurité publique. Parti des Yvelines à Marseille en 2016, le nouveau patron des commissariats de France peut s'enorgueillir d'un bilan plutôt satisfaisant sur la Canebière, une cité hautement sensible pour la police, en sécurité publique comme en police judiciaire. Salanova qui a effectué toute sa carrière, débutée en 1986 au sein de la police en uniforme, a un temps tâté du syndicalisme, il fut le patron du « Schtroumpf », le surnom du Syndicat des commissaires et haut-fonctionnaires de la police nationale (SCHFPN) aujourd'hui rebaptisé plus sobrement syndicat des commissaires de la police nationale. Il aura fort à faire à Paris avec la grogne montante des policiers de terrain, notamment du maintien de l'ordre, et il devra tenter également de mener une politique volontariste contre les suicides qui touchent particulièrement les gardiens et gradés exposés aux violences et à la misère sociale.

Brigitte Julien, 60 ans, est nommée directrice de l'Inspection générale de la police nationale. Elle succède à Marie-France Monéger qui a fait valoir ses droits à la retraite il y a deux mois. Avant de revenir à Paris qu'elle a quitté en 2003, l'Inspecteur général Brigitte Julien dirigeait la sécurité publique en Gironde et coordonnait la sécurité sur tout le Sud-Ouest. Elle fait l'unanimité parmi ses pairs. Originaire d'Avignon et titulaire d'une maîtrise de droit, elle est aussi très impliquée dans les activités sportives de la police. Brigitte Julien a commencé sa carrière à Montreuil (93) en 1983. Elle a un temps travaillé à l'IGS, l'Inspection générale des services, l'équivalent de l'IGPN pour Paris et la région parisienne. La police des polices est régulièrement critiquée de l'extérieur de la police pour sa complaisance supposée avec les fonctionnaires en délicatesse avec la loi, alors qu'au sein des forces de l'ordre les « bœufs-carottes » sont extrêmement redoutés. Ce service qui recrute principalement des commissaires et des officiers est souvent mis en cause par la base en raison de sa mansuétude à l'égard de la hiérarchie policière qui fait rarement l'objet de poursuite administrative. « Les loups ne se mangent pas entre eux », ont coutume de dire les gardiens de la paix et les gradés.

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Commentaires (3)

  • Cygnus

    Il faudrait que les policiers judiciaires obéissent au Parquet et ne jouent pas aux voleurs !

  • TrekBreizh13

    Espérons qu’il y aura un vrai effet bénéfique pour la police et les Français !
    Particularité : tous les nommés sont nés ou proviennent de PACA ! Comme Castaner... Et Nunez lui aussi en PACA récemment encore. Il faut dire que c’est... « à bonne école » !

  • Athena974

    Mme Julien n’a pas commencé sa carrière à Montreuil mais à Noisy le Grand où j’ai eu le grand plaisir de travailler sous ses ordres. C’était déjà une « patronne » exceptionnelle.