L'opération, conduite dans 81 pays, a aboutit en France à la saisie de 109 000 médicaments de contrebande et à la fermeture de 46 sites internet.

L'opération, conduite dans 81 pays, a aboutit en France à la saisie de 109 000 médicaments de contrebande et à la fermeture de 46 sites internet.

L'Express

En 2017, l'affaire avait eu l'effet d'un cataclysme aux Douanes, et principalement à la DNRED, la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières, un service de renseignement appartenant à la communauté du renseignement au même titre que la DGSI, la DGSE ou encore Tracfin. De hauts responsables, qui recouraient depuis des années aux services d'un indic serbe sulfureux, Zoran P., pour faire tomber des filières de fraude, avaient été mis en cause et mutés, voire suspendus.

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C'est depuis 2015 que la justice cherche à éclaircir les conditions dans lesquelles cet indicateur montait des "coups d'achat" avec ses officiers traitants douaniers, que ce soit pour faire tomber des trafics de drogue, des importations de café contrefait ou encore des filières d'armement clandestines. Des containers importés en France par Zoran P. étaient par contre miraculeusement épargnés, et la justice soupçonne que l'indic a pu se faire des petites fortunes en toute tranquillité, que ce soit avec les produits éventuels de ses trafics qu'avec les rémunérations conséquentes des tuyaux balancés aux Douanes.

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Des juges ont donc mis en examen une série de cadres des Douanes ainsi que l'indic (poursuivi pour corruption active, escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, ainsi qu'importation, détention et transport de marchandises contrefaites), sans oublier sa compagne. Un dossier ulultrasensible Bercy, et qui fait écho à l'affaire qui a mené à l'explosion de l'office des Stups de la police judiciaire, dont l'ancien patron François Thierry est lui aussi mis en examen pour avoir géré de manière un peu aléatoire un indic de son service. Les deux dossiers judiciaires, instruits séparément, se rejoignent d'ailleurs sur bien des points.

Le compte bancaire d'un avocat suisse

Selon nos informations, la compagne de Zoran P., qui est loin d'être un personnage central de l'affaire, a demandé au juge, au début de 2019, une sorte de "plaider coupable", officiellement dénommée "comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité". Les juges d'instruction ont retenu contre elle des incriminations de "blanchiment à titre habituel de fraude fiscale" et de "blanchiment à titre habituel de tous crimes et délits" - notamment à cause de la remise d'argent d'origine indéterminée. Elle recevait "régulièrement", selon une ordonnance judiciaire datée du 22 février 2019 et consultée par L'Express, des fonds en espèces de son compagnon, et a même un jour réceptionné 40 000 euros en provenance d'un compte suisse chez UBS appartenant à un avocat de Genève.

Au cours de l'enquête, elle a affirmé ne pas savoir d'où venaient les sommes et ignorer qu'il fallait en tout cas les déclarer aux Impôts. La CRPC a été acceptée par les juges d'instruction et par le parquet de Paris, et a été homologuée par le tribunal de grande instance. Elle vaut donc condamnation. L'avocat de l'intéressée, Francis Szpiner, n'a pas répondu à la demande de commentaires de L'Express. L'enquête continue pour l'ensemble des 11 autres personnes mises en examen à ce stade.

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