"Un Etat palestinien, seule garantie pour Israël": les confidences de Nicolas Sarkozy en dédicace à Cannes

Présent à Cannes jeudi 2 novembre pour dédicacer Le temps des combats (Fayard), sur ses souvenirs élyséens, Nicolas Sarkozy affiche un soutien inconditionnel à Israël, mais prône la solution à deux Etats.

Article réservé aux abonnés
Alexandre Carini Publié le 03/11/2023 à 06:30, mis à jour le 03/11/2023 à 06:30
interview
Nicolas Sarkozy, marathon-man de la dédicace à Cannes: "Merci, c’est très gentil d’être venu." Photo A. Carini

Il ne préside plus aux destinées de la France depuis 2012, mais pour les nombreux lecteurs qui l’ont attendu à l’entrée de la librairie Autour d’un livre à Cannes, ce jeudi, c’est tout comme.

Tous donnent du "Monsieur le Président". Nicolas Sarkozy est là pour dédicacer Le Temps des combats, deuxième tome de ses souvenirs élyséens. Même si la pluie au dehors faisait plutôt craindre le temps des tempêtes, comme il avait titré le premier...

Qu’importe la météo, politique comme judiciaire. Au contact des gens, "Sarko" est dans son élément. Signature à tour de bras durant deux heures, comme s’il devait encore "travailler plus pour gagner plus". À la force (de plus en plus vacillante) du poignet.

Mais en prenant toujours soin d’adresser un petit mot gentil pour chacun, tout au long d’un casting divers et varié où se mêlent enfants, comme retraités…

"Ma fille va bien oui, si je l’écoutais, elle viendrait vivre au Cap Nègre..."; "Quel âge? 79 ans? Formidable, y’a un microclimat ici!"; "Vous êtes de quelle origine? Italienne? Comme Carla..."; "Vous êtes belles toutes les deux...si on peut encore dire ça aujourd’hui..."; "A Sciences Po Paris, j’ai déjà donné des conférences, mais ils sont devenus très woke!"...

Un florilège qui ravit ses admirateurs, même si au fil du temps, Sarkozy faiblit, lui aussi: "C’est du boulot, hein? Mais en même temps, c’est une chance...", souffle-t-il avec un clin d’œil.

Et cette fois, aucun malotru pour le faire sortir de ses gonds, jusqu’au fatal "casse-toi, pauvre con!" Au contraire. Malgré la fatigue et le timing, Nicolas Sarkozy, assagi et courtois, se prête encore de bonne grâce à une interview express et exclusive pour Nice-Matin.

Parfois avec l’art de l’esquive, mais sans jamais se défausser.

Photo A. Carini.

Ce contact immédiat avec les gens, ça vous manquait?

Si j’écris c’est pour partager, parce qu’un livre qui n’a pas de lecteurs, ça n’a pas de sens. J’aime ces rencontres. Là, il y a plus de sentiments que lorsque j’étais Président. Les gens sont tellement affectueux et généreux, sans aucune agressivité, il n’y a que le plaisir de se remémorer de bons souvenirs et de me témoigner de l’amitié, c’est un privilège.

Ces mémoires, c’est un exutoire ou la nécessité de laisser une trace?

Pour moi, ce sont des souvenirs qui appartiennent autant aux lecteurs qu’à moi. J’ai voulu expliquer pourquoi j’ai pris telle ou telle décision. Il y a tellement de gens qui ne savent pas et qui en ont pourtant parlé, souffrez que celui qui les a prises explique pourquoi. Et puis j’ai été très bien élu en 2007 et quand j’ai été battu, c’était de très peu. J’ai eu beaucoup de marques d’amitié depuis, ces livres sont aussi une façon d’entretenir le lien.

Votre statut médiatique "d’omni-président", dans ce livre, vous l’assumez tout à fait?

Si vous voulez devenir Président, c’est pour travailler. Si vous n’avez pas envie de travailler, il ne faut pas être Président.

Si vous deviez définir le "quinquennat Sarko" en quelques mots?

Démarrer à fond, et accélérer chaque jour.

Est-ce que trop de réformes n’ont pas tué la réforme?

Je pense qu’au contraire, plus on fait de réformes, plus elles sont faciles à faire passer. On a rencontré deux crises financières très lourdes, mais c’est aussi une fierté de les avoir gérées. Et aujourd’hui aucun Français ne me dit: "à cause de vous, j’ai perdu mes économies", c’est beaucoup, déjà.

Votre proposition de référendums sous contrôle international sur la Crimée ou le Donbass pour régler la guerre en Ukraine a fait polémique...

Moi, je pense que quand il y a un demi-million de morts aux frontières de l’Europe, il est utile de débattre, sans préalable et sans oukase. Après, chacun a le droit d’avoir son opinion mais je crois que beaucoup de Français pensent comme moi.

Le refus de l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, vous confirmez?

C’est la position que j’ai défendue avec Madame Merkel en 2008, je n’ai pas changé d’avis. Ce n’est pas une question qui me semble illégitime…

À propos du conflit israélo-palestinien, alors que la situation était déjà tendue en 2009 vous écrivez: "Comme à l’accoutumée, les responsabilités sont partagées... Eux seuls peuvent faire la paix."

Je soutiens Israël, dont l’existence ne peut pas être mise en cause. Mais je souhaite que chacun comprenne que la garantie ultime de sécurité pour Israël, c’est qu’un jour les Palestiniens aient un État, pour vivre en paix à côté des Israéliens.

Le moment le plus douloureux de votre mandat, ce fut de recevoir les familles après le crash du Rio-Paris ou le meurtre de Marie-Christine Hodeau?

Le moment le plus difficile, ce fut sans doute au début, quand je me suis dit: "Mon Dieu, tout ce travail à accomplir, mais je vais tout faire pour ne pas les décevoir."

De quoi êtes-vous le plus fier durant votre quinquennat?

De ne jamais avoir retiré une seule réforme.

Et le regret que vous pouvez conserver?

(Sourire las). J’aurais bien aimé faire un second mandat…

Votre temps libre aujourd’hui, c’est lire Maurice Druon ou Claude Lévi-Strauss, écouter chanter Carla Bruni, ou revoir Ben-Hur au cinéma?

Dans l’ordre, c’est écouter Carla Bruni, lire Maurice Druon, Levi-Strauss, mais aussi le vélo dans le Canadel, le footing tous les jours, et rencontrer tous ces gens avec qui je partage tant de choses.

Vous restez confiant en l’avenir, malgré les procédures judiciaires vous concernant?

Je suis quelqu’un qui est déterminé. Sur ce sujet, comme sur les autres…

Photo A. Carini.

"La division, une maladie mortelle pour la droite"

David Lisnard, un bon concurrent de Gérald Darmanin pour la présidentielle?

J’ai rencontré le maire de Cannes avec beaucoup de plaisir, comme à chaque fois que je viens ici. C’est un garçon pour qui j’ai de l’amitié, de l’estime, et qui m’a reçu avec une sincérité qui m’a touché. Est-ce que vous acceptez que j’aie deux amis? (Ndlr: un peu plus tôt lors de la dédicace, il avait dit aussi: "Darmanin, il a plein de qualités, et c’est un ami. Dans trois ans, qui sera le bon, on verra...")

Vous êtes aussi ami avec Christian Estrosi et Éric Ciotti, mais vous n’avez pas pu vous imposer en juge de paix?

Non. Je les ai connus quand ils travaillaient ensemble, j’ai des liens affectueux avec les deux. Et je dirais simplement, la division est toujours une maladie mortelle pour la droite.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Nice-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.