point de vue | jean-christophe fromantin Des vertus du cumul des mandats

À contre-courant, Jean-Christophe Fromantin, maire (divers droite) de Neuilly-sur-Seine et candidat aux législatives, défend le principe du cumul des mandats tout en souhaitant les limiter dans le temps.
Propos recueillis par Malick DIA. - 05 juin 2012 à 05:00 - Temps de lecture :
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Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine.
Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine.

Vous déclarez que si vous êtes élu député, vous déposerez une proposition de loi pour rendre le cumul des mandats obligatoire…

Depuis quatre ans, je travaille sur l’idée que la politique procède d’un engagement qui va du bas vers le haut. Pour retrouver le sens même de la politique, il faut repartir des territoires. Pour une action qui s’inspire des réalités territoriales et de toute la richesse sociale, économique, qui part des territoires. Avoir un système législatif qui se coupe en deux niveaux, un niveau national et un niveau local, est extrêmement dangereux. C’est créer une démocratie à deux vitesses. Avec une décorrélation du national et du local, on crée deux couches, avec des élus de base, de proximité, ceux en qui l’on a confiance et un niveau national avec des élus qui certes vont être des parlementaires à plein-temps mais qui, du coup, vont vivre à Paris. Quelle motivation auraient-ils de retourner le week-end sur leur territoire ? Nous aurons alors des gens totalement déconnectés des réalités territoriales.

Sauf que rien n’empêche d’être "simple" conseiller municipal, la règle du non-cumul s’appliquant à des fonctions exécutives, maires, président de conseil…

C’est totalement différent d’être maire ou conseiller municipal. Celui qui est en charge du quotidien, de la gestion, de l’impulsion, des projets, c’est celui qui a charge de l’exécutif. Ce sont ces exécutifs locaux, territoriaux, qui doivent être articulés avec les perspectives de politique nationale.. Certes, on peut aussi avoir des maires qui se mettront dans la peau du conseiller municipal mais ils auront toujours ce rôle exécutif. Parce que l’homme fort du territoire, c’est eux.

Vous ne craignez pas d’être à contre-courant d’une opinion publique qui dénonce le cumul des mandats ?

Cette défiance est due à beaucoup de parlementaires. Le problème n’est pas tant dans le cumul des mandats, il est dans le sens de l’engagement de beaucoup de politiques. Ils ont perdu le sens réel de l’engagement qu’ils prennent. Ils sont donc absents du débat politique. Ils ont fait de la politique un métier. D’autres la considèrent comme une rente de situation Ils sont alors peu présents à l’Assemblée nationale. Essayons déjà de sanctionner cet absentéisme. Des parlementaires, y compris de la région parisienne, ont des absences proprement scandaleuses. En revanche, des députés-maires du fin fond de la France, bons maires, sont présents à tous les débats auxquels il faut qu’ils soient présents. C’est donc bien une question de conscience politique et non un problème de cumul de mandats.

Est-ce pour cela que vous préconisez plutôt un non-cumul mais dans le temps ?

Oui ! Le non-cumul dans le temps a deux mérites. D’abord cela oxygène la vie politique. On n’y fait pas carrière. Il y a une vie avant et une vie après. Le débat politique est alors nourri d’expériences, de regards sur la vie… Autant de choses nécessaires pour rendre la vie politique plus ouverte et en phase avec les réalités de la vie. Ensuite, la limitation dans le temps neutralise une grande partie du clientélisme. Le monde politique souffre, aujourd’hui, du clientélisme de tous ceux qui ont fait de la politique un métier. Ils n’auront de cesse – et c’est légitime – de garantir leur réélection en entretenant leur clientélisme au détriment du bien commun.