La mâchoire en avant, le nez pointant vers le bas : la dynastie des Habsbourg d'Espagne, qui a régné sur l'Espagne et le Portugal pendant 200 ans de 1506 à 1700, était connue pour ses traits récurrents d'une génération à l'autre… Et une forte consanguinité. Pour la première fois, une étude, publiée dans Annals of Human Biology, montre que ces deux particularités ont un lien de cause à effet.
Les Habsbourg d'Espagne, la dynastie consanguine
Au 16e siècle, se marier avec son cousin ou un membre de sa famille proche est attrayant pour les familles les plus riches et nobles : cela permet de conserver le patrimoine dans la famille. C'est ainsi que Charles Quint épouse sa cousine germaine, et que leur fils Philippe II marie sa nièce. Leur fils Philippe III épouse alors sa cousine au second degré, et, enfin, leur fils Philippe IV s'unit à sa nièce. Nait alors Charles II, dernier de sa lignée puisque, malade et rachitique, il n'arrivera jamais à avoir d'enfant dans ses 35 années de vie. Le taux de consanguinité entre les parents de Charles II atteint alors le record de 25%, soit l'équivalent d'un frère et d'une sœur, ou d'une mère et d'un fils. "La dynastie des Habsbourg était l'une des plus influentes d'Europe, mais elle est devenue réputée pour
La mâchoire en avant, le nez pointant vers le bas : la dynastie des Habsbourg d'Espagne, qui a régné sur l'Espagne et le Portugal pendant 200 ans de 1506 à 1700, était connue pour ses traits récurrents d'une génération à l'autre… Et une forte consanguinité. Pour la première fois, une étude, publiée dans Annals of Human Biology, montre que ces deux particularités ont un lien de cause à effet.
Les Habsbourg d'Espagne, la dynastie consanguine
Au 16e siècle, se marier avec son cousin ou un membre de sa famille proche est attrayant pour les familles les plus riches et nobles : cela permet de conserver le patrimoine dans la famille. C'est ainsi que Charles Quint épouse sa cousine germaine, et que leur fils Philippe II marie sa nièce. Leur fils Philippe III épouse alors sa cousine au second degré, et, enfin, leur fils Philippe IV s'unit à sa nièce. Nait alors Charles II, dernier de sa lignée puisque, malade et rachitique, il n'arrivera jamais à avoir d'enfant dans ses 35 années de vie. Le taux de consanguinité entre les parents de Charles II atteint alors le record de 25%, soit l'équivalent d'un frère et d'une sœur, ou d'une mère et d'un fils. "La dynastie des Habsbourg était l'une des plus influentes d'Europe, mais elle est devenue réputée pour la consanguinité, qui a finalement été son échec", relate dans un communiqué le premier auteur Roman Vilas, chercheur à l’Université de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Charles Quint, ou Charles 1er des Habsbourg d'Espagne
La mâchoire, le nez et la lèvre des Habsbourg
La fameuse "mâchoire des Habsbourg" est principalement caractérisée par un fort prognathisme (menton en avant). Ajoutée à un nez pointé vers le bas et une lèvre supérieure proéminente, signes d'une particularité médicale appelée "déficience maxillaire", elle caractérise la plupart des membres de la puissante famille. Bien que ces traits aient été depuis longtemps observés sur les portraits de la dynastie, jusqu'à présent, aucune étude n'a confirmé qu'elle était le résultat d'une consanguinité.
Pour débrouiller ce mystère, les chercheurs ont recruté 10 chirurgiens maxillo-faciaux pour diagnostiquer la déformation faciale dans 66 portraits réalistes de 15 membres de la dynastie des Habsbourg. Les chirurgiens ont relevé 11 caractéristiques de la "mâchoire de Habsbourg", ainsi que sept caractéristiques de la déficience maxillaire - dont la lèvre inférieure proéminente et la pointe nasale en surplomb.
Philippe 1er d'Espagne, de la dynastie des Habsbourg.
Une corrélation claire entre consanguinité et traits des Habsbourg
Les chirurgiens ont alors observé que c'était chez Philippe IV - roi d'Espagne et du Portugal de 1621 à 1640 – que la mâchoire des Habsbourg était la plus prononcée. Quant à la déficience maxillaire, elle était diagnostiquée au plus haut degré chez cinq membres de la famille : Maximilien Ier (régent de 1493), sa fille Marguerite d'Autriche, son neveu Charles Ier d'Espagne, son arrière-petit-fils Philippe IV (à nouveau lui) et le dernier de la lignée des Habsbourg, Charles II.
En étudiant l'arbre généalogique de la lignée sur 20 générations et calculant un facteur de consanguinité, les auteurs ont mis en évidence une base génétique commune entre la "mâchoire des Habsbourg" et la déficience maxillaire. Ils ont ainsi montré une forte relation entre le degré de consanguinité et d'une part le degré de prognathisme de la mâchoire, et d'autre part deux des sept critères de la déficience maxillaire (l'œil rond et la proéminence de la lèvre supérieure). "Nous montrons pour la première fois qu'il existe une relation positive claire entre la consanguinité et l'apparence de la mâchoire des Habsbourg", conclut Roman Vilas.
Philippe IV d'Espagne, père de Charles II. Malade et rachitique, ce dernier mourut sans enfants.
Le facteur hasard ne peut pas être exclu
D'après les auteurs, si la cause génétique de ces traits physiques n'est pas encore connue, elle serait en tout cas due au fait que l'accouplement entre parents a pour effet principal d'augmenter les chances que la progéniture hérite de formes identiques d'un gène des deux parents. De plus, "il est probable que plusieurs facteurs impliqués dans la mâchoire des Habsbourg, tels que certains défauts anatomiques congénitaux et troubles endocriniens", soient liés à la réapparition de ces traits, ajoutent les auteurs dans la publication.
Malgré tout, il existe une petite chance, au vu du faible nombre de membres de la famille, que la réapparition de ces traits soit seulement due au hasard, autrement appelée "dérive génétique". Bien qu'improbable, cette possibilité ne peut pas encore être exclue, et nécessitera des études sur d'autres familles possédant, eux aussi, la mâchoire des Habsbourg.