Manque d'effectifs au commissariat de Vernon : le syndicat Alliance tire la sonnette d'alarme

Pour le syndicat Alliance police nationale, les effectifs de police de proximité au commissariat de Vernon (Eure) « sont très insuffisants ».

Pour le syndicat Alliance police nationale, les effectifs de police de proximité au commissariat de Vernon « sont très insuffisants ».
Pour le syndicat Alliance police nationale, les effectifs de police de proximité au commissariat de Vernon « sont très insuffisants ». (©Archives/ Le Démocrate vernonnais)
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« Je tire la sonnette d’alarme. Comme d’autres confrères de l’Eure, à Vernon aussi, on manque d’effectifs*. » Fabrice Gion est policier au commissariat de Vernon (Eure) et délégué syndicat Alliance Police nationale, section Vernon.

Selon lui, la police du quotidien manque de moyens :

L’Unité de police secours tourne à quatre brigades par jour, en roulement, avec un seul véhicule. Cela veut dire qu’on peut être à La Chapelle-Réanville et être appelés pour intervenir à Saint-Marcel et qu’il n’y a qu’un seul équipage de disponible ».

Plus de bac depuis 2012

Le représentant syndical dénonce « la disparition de la Bac (brigade anticriminalité) depuis 2012. Depuis 2018, on n’a plus non plus de groupe de sécurité de proximité (un groupe effectivement intermédiaire entre la Bac et la police secours). Résultat, à chaque intervention périlleuse, on est obligé d’appeler du renfort extérieur au commissariat ».

Le policier cite en exemple la nuit de dimanche 3 au lundi 4 mai 2020 où ses collègues ont essuyé des tirs de mortiers dans les quartiers des Boutardes et des Valmeux : « On a dû appeler des unités mobiles du département en renfort ».

Des départs non remplacés

Au 1er septembre 2020, la circonscription enregistrera six départs au sein du commissariat : « Parmi ces départs, on compte deux officiers de police judiciaire. On dénombre une seule arrivée ».

Le commissariat se retrouve avec des postes non pourvus car directement en concurrence avec l’Ile-de-France toute proche ou Rouen. Le syndicaliste insiste :

« Nous sommes pourtant dans une zone de sécurité prioritaire. Mais le département n’est pas attractif car contrairement à nos voisins d’île-de-France, de Seine-Maritime ou d’Eure-et-Loire, nous n’avons pas de prime de fidélisation. Cette prime permettrait de fixer les effectifs sur le département de l’Eure. Celle-ci est d’environ 900 € versée deux fois par an en Île-de-France, de 300 euros, versées deux fois également, sur Rouen et Dreux ».

Avec ces départs non remplacés, « on doit de nouveau changer notre organisation. Les vacations sont plus longues et c’est donc aussi plus de fatigue pour les collègues », ajoute Fabrice Gion.

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Moyens matériels

Enfin, le syndicaliste pointe des problèmes de matériel obsolète ou défectueux qui handicapent le travail des policiers au quotidien :

« Notre radio ne fonctionne pas, on est obligés de communiquer par téléphone portable. Au commissariat, la station directrice du poste ne fonctionne plus. Quant aux véhicules, ils ont tous des forts kilométrages, entre 150 et 200 000 kilomètres au compteur. Donc ils vont souvent au garage. Sans compter les gyrophares qui ne fonctionnent plus et les sirènes hors d’usage ».

Fabrice Gion enfin, salue le travail de ses collègues : « Ils sont motivés, ils ont la niaque et l’envie de travailler. À la brigade de sûreté urbaine, celle qui mène les enquêtes, les 8 officiers de police judiciaire font un travail remarquable. Il faut que ce service perdure ainsi. Mais ils ont aussi besoin d’être épaulés par des effectifs plus importants sur le terrain ».

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Pour le policier vernonnais, « des moyens supplémentaires sont indispensables. Si on continue comme ça, on devra faire valoir notre droit de retrait pour notre propre sécurité ».

Les réponses du préfetLa circonscription de Vernon-Saint-Marcel se situe en zone de sécurité prioritaire, dans ce contexte, pourquoi la Brigade anticriminalité ainsi que le groupe de sécurité de proximité ont-ils été supprimés ?
Les effectifs de ces unités ont été redéployés vers les unités de patrouille qui pouvaient être en sous-effectifs.
Pourquoi l’Eure ne bénéficie pas d’une prime de fidélisation comme dans les départements voisins ?
La prime de fidélisation est accordée par le ministère de l’Intérieur aux fonctionnaires des unités opérationnelles travaillant dans des départements où l’exercice du métier de policier est considéré comme plus difficile qu’ailleurs. En dehors des 8 départements de l’Ile-de-France, cela concerne uniquement 14 circonscriptions de sécurité publique en France.
Lorsque la police de proximité de Vernon a besoin de renforts, elle doit faire appel à d’autres unités du département. Cette procédure rallonge le temps d’intervention et rend la police moins réactive. Estimez-vous que les effectifs de Vernon soient suffisants ?
Le renfort des unités des deux autres circonscriptions de sécurité publique du département permet un appui entre les services en fonction de l’activité de chacun tout en mutualisant les moyens et les compétences.
Le recours à des unités de force mobiles (CRS / Gendarmerie mobile) s’inscrit dans le cadre de la doctrine d’emploi de ces unités, fondée sur le maintien de l’ordre public et non sur les missions de sécurité du quotidien. Elles sont employées, à cette fin, à la demande du préfet de l’Eure, lorsque la situation le justifie sur le territoire départemental.

*Le commissariat de Vernon compte 8 officiers de police judiciaire et 7 adjoints pour la brigade de sûreté urbaine et 35 policiers constituent le service Police secours.

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