L’œil d'Ovale Masqué sur la demi-finale... Stade Toulousain - La Rochelle

En grande majorité (75%), vous avez voté pour qu'Ovale Masque revienne avec sa plume acide sur la demi-finale Stade Toulousain - La Rochelle. Comme toujours, ça envoie sec...

Stade Toulousain - Stade Rochelais via la plume d'Ovale Masqué, ça vaut son pesant de cacahuètes...
Stade Toulousain – Stade Rochelais via la plume d’Ovale Masqué, ça vaut son pesant de cacahuètes… (©Icon Sport)
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Ça y est, c’est l’heure des demi-finales du Top 14 ! Enfin, les meilleures équipes de France peuvent se lancer dans la dernière ligne droite vers le bouclier de Brennus. Pour en arriver là, elles auront dû traverser une série d’épreuves dignes des travaux d’Hercule : jouer 26 journées de championnat et 12 matches de barrage,  traverser un lac infesté de crocodiles, jongler avec des torches enflammées, écouter les jeux de mots d’Éric Bayle, serrer la main à Emmanuel Macron, et pire encore que tout ça, aller jouer à Castres.

D’aucuns affirmeront que c’est complètement con d’organiser des saisons aussi longues et éprouvantes, mais rassurez-vous, après la finale, les joueurs auront le droit à deux semaines de vacances bien méritées ! (ou 4 jours pour les malheureux élus qui iront préparer la Coupe du monde au Japon).

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Mais ne nous attardons pas sur les éternels problèmes de calendrier surchargé (de toute façon, vous vous doutez bien que je critique uniquement car ça me fait plus de boulot) et attaquons nous au vif du sujet avec le compte-rendu de la première demi-finale qui opposait Toulouse à La Rochelle samedi 8 juin. Une affiche prometteuse entre deux équipes appréciées de tous les amateurs de rugby, car elles pratiquent du beau jeu. Mais aussi et surtout parce qu’elles ont éliminé le Racing 92 en Coupe d’Europe et en Top 14, et pour ça, on leur dit encore merci.

La composition
La composition des bouffeurs de cassoulet face à La Rochelle en demi-finale.
La composition des bouffeurs de cassoulet face à La Rochelle en demi-finale. (©Ovale Masqué)

Le film du match

1ère : Les Toulousains lancent la première offensive. Les Rochelais se mettent à la faute par l’intermédiaire de Geoffrey Doumayrou, qui n’est peut-être pas totalement un All Black, puisqu’il peut être pénalisé dans le jeu au sol. Les Rouge et Noir tapent en touche, mais le ballon porté qui suit ne donne rien.

5e : On a beau être en demie, les mangeurs de cassoulet n’hésitent pas à envoyer du jeu. Après une jolie passe en pivot d’Elstadt, Kolbe se retrouve face à Orioli. La suite ne va absolument pas vous surprendre. Le Sud-Africain perce sur plusieurs mètres et trouve Dupont au soutien. Puis c’est au tour de Guitoune de prendre un trou pour se rapprocher de l’en-but. Enfin, Mauvaka est servi en bout de ligne et va marquer en force après avoir renversé Retière comme un vulgaire Playmobil. Malheureusement pour lui, il avait mis le pied en touche avant d’aller aplatir. Fausse alerte.

8e : On a cru qu’on allait voir un beau match de rugby, mais c’est avec soulagement qu’on assiste à une série de 12 mêlées pour nous rappeler qu’on est bien en Top 14. Bousculés, les Maritimes s’en sortent comme ils peuvent et Murimurivalu dégage. Mais il trouve les bras de Cheslin Kolbe et non pas la touche. Monumentale erreur, comme dirait Arnold Schwarzenegger dans Hamlet.

13e : Après la relance de l’arrière sud-africain, les premiers de la phase régulière peuvent à nouveau squatter les 22 mètres rochelais. Et quand ce n’est pas Kolbe, c’est Guitoune qui se fait plaisir en cassant des reins. Servi dans le bon timing par Ramos, le n°13 prend l’intervalle et efface Murimurivalu d’un crochet pour aller marquer le premier essai du match. 7-0 après la tentative de transformation.

16e essai de la saison toutes compétitions confondues pour Sofiane. Ça va être de plus en plus difficile pour Jacques Brunel de continuer à nier son existence.
16e essai de la saison toutes compétitions confondues pour Sofiane. Ça va être de plus en plus difficile pour Jacques Brunel de continuer à nier son existence. (©Canal +)

14e : Puisqu’on en parle, le sélectionneur (?) des Bleus apparaît sur le grand écran du stade et a le droit à quelques huées. Pauvre papy gersois qui n’avait rien demandé à personne et qui en prend plein la gueule à cause des agissements de Bernard Laporte. Encore heureux qu’il soit beaucoup trop vieux pour connaitre l’existence de Twitter, ça lui épargne quelques soucis.

Avec un peu de chance il est complètement sourd et n'a pas entendu les huées non plus.
Avec un peu de chance il est complètement sourd et n’a pas entendu les huées non plus. (©Canal +)

17e : Toulouse continue de dominer ce début de partie et une nouvelle faute rochelaise offre une pénalité dans les cordes de Thomas Ramos. Le n°10 du soir loupe la cible. Le début d’une série de bourdes pour lui, ce qui permettra à tous les experts de France de dire « RaMOS IL suPPorTe PaS lA PreSSion » (mais bien évidemment il redeviendra automatiquement le sauveur du XV de France s’il enquille tout en finale).

19e : La Rochelle se réveille enfin avec un ballon gratté dans un ruck par Retière et une contre-attaque rapide. Jean-Charles Orioli (ou JEANG-CHARLEUH comme l’appelait Jacques Delmas) se prend pour un trois-quarts avec une percée et un surnombre bien joué. Puis le ballon parvient jusqu’à Rattez, qui élimine Médard avant de se faire plaquer un peu trop haut par Elstadt. Le reste de l’action ne donne rien et l’arbitre revient à la pénalité. West passe le ballon entre les poteaux, 7-3.

On notera que Faumuina ne prend même pas de carton jaune pour ce plaquage haut sur son coéquipier.
On notera que Faumuina ne prend même pas de carton jaune pour ce plaquage haut sur son coéquipier. (©Canal +)

22e : Après le renvoi, les Rochelais relancent de leur camp et Alldritt réussit une nouvelle fois à percer avant de transmettre à Tanguy. Derrière, Retière se précipite et sa passe se fait intercepter par Ramos, qui transmet à Dupont pour un essai plus opportuniste qu’une mesure de Bernard Laporte à la tête de la FFR. Mais c’est une nouvelle fois refusé en raison d’un en-avant de passe. C’est là qu’on voit que Toulouse n’est pas encore tout à fait redevenu le Grand Toulouse, puisque ces essais étaient systématiquement validés à l’époque de Guy Novès. Il va falloir continuer à bosser, les gars. 

26e : Les Maritimes s’offrent leur première longue séquence de jeu et parviennent à rentrer dans les 22 après une feinte de passe et une prise d’intervalle de West. Elstadt se met à nouveau à la faute, et le demi d’ouverture néo-zélandais ramène son équipe à un point, 7-6.

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27e : Ramos tape le renvoi directement en touche, comme un hommage à David Skrela. C’est en fait un coup de maître stratégique : dominateurs en mêlée, les Rouge et Noir obtiennent une pénalité. À 50 mètres en face des perches, Ramos rate malheureusement la cible et fait échouer son plan machiavélique.

N'empêche, si Huget était présent pour me motiver tous les jours, je trouverais le courage de relever tous les défis qui m'effraient (genre descendre les poubelles ou aller à la laverie).
N’empêche, si Huget était présent pour me motiver tous les jours, je trouverais le courage de relever tous les défis qui m’effraient (genre descendre les poubelles ou aller à la laverie). (©Canal +)

35e : Les Jaune et Noir bénéficient d’une pénalité et tapent en touche. S’en suit une longue séquence dans les 22 toulousains, avec des pick and go, puis des tentatives de jeu au large, mais la défense toulousaine reste solide et récupère même le ballon après un en-avant.

36e : Encore un ballon chipé dans un ruck côté toulousain. Ramos a une bonne inspiration en tapant une passe au pied dans le fond du terrain, aussi désert que le Fort Boyard en plein mois de janvier. Guitoune est à deux doigts de s’emparer du ballon mais un rebond de merde et la pression de Sazy (qui défend donc sur l’aile, pourquoi pas) lui fait commettre un en-avant.

38e : Ça chauffe encore pour les Toulousains qui récupèrent le ballon sur la mêlée, puis se rapprochent dangereusement de la ligne avec une charge d’Arnold. Ensuite, on a encore le droit à une série de 12 mêlées. Les Maritimes sont en souffrance et se font pénaliser plusieurs fois, et les Rouge et Noir refusent de prendre les points et insistent dans ce secteur (ce qui donnera du grain à moudre à tous ceux qui pensent qu’ils ont récupéré leur célèbre turbo-boulard). Malheureusement pour eux ça ne paye pas, puisque les Rochelais finissent par récupérer le ballon un peu miraculeusement. Le score est donc de 7-6 à la pause, ce qui relève aussi du petit miracle.

À mi-chemin entre le sosie de Polnareff et Jeff Tuche, Thomas Jolmes semble être un inconditionnel de la filmo de Jean-Paul Rouve.
À mi-chemin entre le sosie de Polnareff et Jeff Tuche, Thomas Jolmes semble être un inconditionnel de la filmo de Jean-Paul Rouve. (©Canal +)

43e : Ramos continue sur sa lancée en ne trouvant pas une touche sur pénalité. D’un côté, c’est presque flippant de se dire que le Stade peut réussir à gagner assez facilement ce genre de match avec un 10 qui joue à l’envers.

50e : Le début de seconde période et très haché avec pas mal de maladresses de deux côtés. Ugo Mola décide alors d’injecter du sang frais avec la rentrée de Sébastien Bézy à la place de Ramos. Dupont passe en 10. Chez les Rochelais, on notera que Geoffrey Doumayrou est sorti sur blessure juste avant la mi-temps, et a été remplacé par Pierre Aguillon, ce qui est une moindre perte puisque dans le genre trois-quarts centre qui fait 18 plaquages par match, c’est pas mal non plus (pour jouer les surnombres par contre c’est plus compliqué).

56e : Top 14 oblige, entre deux en-avant, on a aussi le droit à des commotions cérébrales. D’abord avec Murimurivalu, ce qui semble indiquer que les crânes des Fidjiens ne sont pas forcément plus solides que ceux des autres êtres humains, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Il est remplacé par Andreu, qui se prend un KO quasiment sur sa première action, au grand soulagement des supporters toulousains qui paniquent toujours un peu en voyant des anciens castrais sur la pelouse.

Il y en a qui passent des journées à regarder des vidéos de chats. Moi mon truc, c'est Sofiane Guitoune qui fait des cad'deb.
Il y en a qui passent des journées à regarder des vidéos de chats. Moi mon truc, c’est Sofiane Guitoune qui fait des cad’deb. (©Canal +)

59e : Toulouse fait rentrer son armée mexicaine en garnison sur le banc de touche (Clément Castets, Richie Gray, Guillaume Marchand, Selevasio Tolofua…) et commence à accélérer sous l’impulsion d’un Bézy bien plus vif que son prédécesseur. Ça ne tarde pas à payer et après une longue séquence de siège dans les 22, c’est Bézy lui-même qui va inscrire l’essai sur un départ au ras d’un regroupement. Le demi de mêlée rate la transformation, 12-6.

61e : La maladresse des Rouge et Noir face au but permet aux Rochelais de rester dans le match. Et même de se montrer dangereux après une grosse percée de Kerr-Barlow, le All Black breton. Mais encore une fois, la défense toulousaine (qu’on ne met pas assez souvent en valeur) est excellente et Tolofua réussit même à récupérer une pénalité au grattage. Peut-être Le tournant du match ©.

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66e : On sent que ça devient pénible pour les Maritimes, qui commencent un peu à être cramés. Pour les achever, les hommes d’Ugo Mola optent pour la tactique du « donnez la balle à Guitoune et Kolbe et voyez ce qu’il se passe ». Le trois-quarts centre échappe au plaquage de Sinzelle et sert son arrière, qui réussit à se défaire de quatre joueurs et rebondit sur la tentative de plaquage de Botia (!) pour aller marquer. Bézy rate encore la transformation, parce que ce serait trop facile sinon. 17-6.

Ça a l'air facile, hein ?
Ça a l’air facile, hein ? (©Canal +)

70e : Les douze mille fois champions de France sont encore tout près de la ligne rochelaise et semblent vouloir aller chercher le bonus offensif. Ça ne donne rien, mais les Rochelais commettent une faute. Bézy prend la pénalité et cette fois, c’est réussi, 20-6. Ce sera le score final, puisqu’il ne se passera plus grand chose dans les 10 dernières minutes (à part Ramos qui revient sur le terrain pour rater une énième pénalité).

La conclusion

7 ans après la pire finale de tous les temps contre Toulon (même si celle contre Bourgoin en 1997 mérite mention), le Stade Toulousain va donc retrouver le Stade de France. Et c’est bien mérité après une saison aussi accomplie et une performance maîtrisée en demie. Si les Rochelais n’ont pas démérité et ont été valeureux © comme des Italiens, les Rouge et Noir étaient supérieurs à peu près partout (conquête, défense, efficacité offensive, profondeur de banc, coupes de cheveux…).

Samedi prochain, on aura donc droit à la fameuse « finale de rêve » entre Toulouse et Clermont. En 2008, on avait assisté à la même affiche et le spectacle était à la hauteur. L’attente va donc être longue, très longue, surtout si vous avez Twitter et que vous ne pouvez pas vous empêcher d’aller lire les discussions de haut vol entre les supporters des deux clubs. Par contre, cette année, on ne pourra pas profiter des inénarrables conférences de presse de Guy Novès, qui nous expliquait que « Montferrand est favori, on ne peut pas rivaliser, on va déjà essayer de ne pas prendre 40 points ». C’était mieux avant.

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